2. Un système " virtuel " ?

L'organisation des réserves souffrait de trois maux endémiques : le décalage quantitatif et qualitatif entre les ressources et les besoins, l'insuffisance des moyens budgétaires et enfin, l'absence de statut social du réserviste.

a) Les effectifs : une gestion très lourde

La ressource en réservistes dont l'importance était déterminée par les dispositions législatives applicables, excédait de beaucoup les besoins des armées. Ce décalage s'était encore accru pendant les quinze dernières années.

Or le poids des effectifs requérait un système de gestion à la fois coûteux et inefficace au moment même où la mobilité croissante des jeunes gens à la recherche d'un emploi compliquait encore davantage les conditions de suivi des réservistes. Témoignage de ces difficultés, l'écart entre la ressource totale par rapport d'une part, au faible nombre de réservistes affectés, et d'autre part, au nombre encore plus réduit de réservistes convoqués, empêchait que fussent vraiment sanctionnés les réservistes ne répondant pas aux convocations.

En outre, la lourdeur de la gestion interdisait d'apporter l'attention nécessaire aux réservistes spécialisés dont les compétences s'avéraient la plus utile au fonctionnement des armées.

Le système apparaissait d'autant plus inadapté que les moyens financiers dévolus aux réserves connaissaient une insuffisance chronique.

b) L'insuffisance des crédits

La faiblesse des moyens budgétaires a eu pour première conséquence d'interdire la gestion et l'instruction de l'intégralité d'une ressource pléthorique et d'empêcher le " suivi personnalisé des cadres ".

En outre, elle explique pour une large part l'obsolescence et l'insuffisance des équipements des réserves dont le renouvellement ne pouvait être en effet assuré. De ce fait, il devait être fait appel très largement à la réquisition.

c) L'absence de garanties pour les réservistes

L'accomplissement des périodes pouvait entraîner pour le réserviste des pénalisations matérielles non négligeables. Le réserviste appelé en effet à remplir ses obligations se trouvait confronté à une alternative :

- soit il acceptait d' effectuer ses périodes pendant ses congés payés -aux termes de l'article L 84 du code du service national il ne peut lui être opposé un refus par un employeur- et il se résignait alors à la réduction de son temps de vacances ;

- soit il accomplissait ses périodes en dehors des congés payés ; dans ce cas le contrat de travail se trouvait suspendu avec pour conséquence la suspension du versement de la rémunération, la modification des droits liés à l'ancienneté, ainsi que du cumul des points de retraite de l'intéressé, compte tenu de la suspension des cotisations versées, le cas échéant, aux régimes complémentaires de retraite. En revanche, l'accomplissement des périodes de réserve n'avait pas d'incidence sur les retraites du régime général, dont le montant était assis sur la rémunération moyenne des dix meilleures années.

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