Section 6
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Objectif national de dépenses d'assurance maladie

Art. 28
Objectif national de dépenses d'assurance maladie

Objet : Conformément aux dispositions de la loi organique, cet article qui n'a pas été modifié par l'Assemblée nationale fixe, pour 2000, l'objectif national de dépenses d'assurance maladie.

I - Le dispositif proposé


Cet article fixe à 658,3 milliards de francs l'objectif national de dépenses de l'assurance maladie pour 2000. Cet objectif, indique l'exposé des motifs du projet de loi, est " en progression de 2,5 % par rapport aux dépenses attendues pour 1999 ".

En fait, cet objectif progresse de 4,5 % par rapport à l'objectif fixé par la loi de financement de la sécurité sociale pour 1999, qui s'élevait à 629,9 milliards de francs.

Mais le Gouvernement a choisi, cette année, de rompre avec l'esprit de la réforme constitutionnelle et organique instituant les lois de financement de la sécurité sociale, selon lequel le vote de l'ONDAM par le Parlement, sans ouvrir des crédits limitatifs -les assurés sociaux devant continuer à être remboursés en cas de dépassement de l'ONDAM-, avait une portée normative. Selon cette logique retenue par le constituant et le législateur organique, en effet, ce vote du Parlement était ensuite traduit dans des décisions gouvernementales et des conventions entre l'assurance maladie et les professionnels de santé tendant à garantir le respect de l'ONDAM au cours de l'année.

Cette chaîne de décisions, avec les mécanismes responsabilisants qu'elles définissaient, devait assurer une maîtrise progressive de l'évolution des dépenses de l'assurance maladie.

Si votre commission avait pris ses distances avec certains des mécanismes responsabilisants définis par l'ordonnance du 24 avril 1996, elle regrette que le Gouvernement, depuis 1997, n'ait pas tiré les leçons du passé en définissant des méthodes médicalisées de régulation susceptibles d'être comprises et acceptées par tous. De fait, aucun dispositif de maîtrise -à l'exception de mesures tarifaires décidées par le Gouvernement pour certaines spécialités- n'a été mis en oeuvre depuis 1996 pour les médecins, et beaucoup de professionnels de santé se retrouvent dans une situation de vide conventionnel.

De fait, le dérapage des dépenses, en 1999, aura été important : selon la Commission des comptes, les dépenses sur le champ de l'ONDAM devraient atteindre 643 milliards de francs, soit un dépassement de l'objectif de 13,1 milliards de francs et un dérapage de 2 % par rapport au taux de progression résultant du vote du Parlement, qui s'élevait pourtant à 2,6 %.

Ce taux de progression des dépenses doit être comparé aux engagements pris en décembre 1998 par le Gouvernement dans le Programme pluriannuel de finances publiques à l'horizon 2002. Celui-ci indique en effet : " Une évolution contenue des dépenses d'assurance maladie est possible. Le programme retient une progression en volume de ces dépenses de 1,3 % en 2000, et décroissante par la suite en sorte de limiter à 3,5 % leur augmentation cumulée sur la période 2000-2002. Cela suppose de poursuivre de façon volontariste les efforts de décélération des dépenses. Comme le montre l'expérience de ceux de nos partenaires européens qui nous ont précédés dans cette démarche (les pays scandinaves, notamment, qui ont réussi à engager une diminution du coût de l'assurance maladie), cette décélération est compatible avec un progrès continu de la qualité du système de santé et avec une extension de la couverture maladie. "

En présentant le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2000, le Gouvernement a choisi de " dissimuler " la progression réelle des dépenses en calculant le taux de progression de l'ONDAM, non par rapport à l'ONDAM 1999, mais par rapport aux dépenses réalisées. Il affiche donc un taux de progression de 2,5 %, alors que le taux réel est de 4,5 %.

Votre commission ne s'oppose pas par principe à une " remise à zéro " des compteurs, et elle vous proposera donc d'adopter cet article sans modification. Mais une telle opération mériterait, d'une part, d'être accompagnée des mesures tendant à financer le déficit de l'assurance maladie de 1999 et, d'autre part, de réformes de structures.

Le Gouvernement ne fait malheureusement, ni l'un, ni l'autre. Et les propos tenus par la ministre de l'emploi et de la solidarité devant votre commission, comparant le vote de l'ONDAM au choix d'une prévision économique telle que l'indice des prix, par exemple, sont source de grande inquiétude : ils ôtent tout sens au vote du Parlement et toute crédibilité aux mécanismes de régulation qui devraient en découler.

Dans son discours devant la Commission des compte de la sécurité sociale, la ministre de l'emploi et de la solidarité a aussi indiqué qu' " il serait vain de s'en tenir à un raisonnement objectif sur objectif du fait du fort dépassement constaté en 1998 et de celui plus limité constaté en 1999. Le poids de ce dépassement d'une année ne doit pas créer artificiellement un déficit sur les années suivantes et accréditer l'idée d'une dérive inexorable du système de santé. "

Tout ceci serait bel et bon si le déficit de 12,1 milliards de francs annoncé par la Commission des comptes pour la branche maladie du régime général pouvait être qualifié d' " artificiel ".

II - La position de votre commission

Sous réserve de ces observations, votre commission vous propose d'adopter cet article sans modification.

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