B. LA NÉCESSITÉ D'AJUSTER LA RÉPARTITION DES SIÈGES POUR LES ÉLECTIONS À L'ASSEMBLÉE DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE

La loi du 18 décembre 1985 précitée qui a porté de 30 à 41 le nombre de sièges à l'Assemblée de la Polynésie française pour tenter de traduire une évolution démographique qui n'avait pas été prise en compte depuis 1957, a accru la représentation de chacune des circonscriptions en attribuant 6 sièges supplémentaires aux Iles-du-Vent, 2 aux Iles-Sous-le-Vent, et respectivement 1 aux Iles Australes, aux Iles Tuamotu et Gambier et aux Iles Marquises, bien que ce dernier archipel ait vu sa population régresser de plus de 20 % au cours de la période. Il est alors apparu nécessaire d'assurer une représentation minimale et significative à chaque entité, les deux circonscriptions les moins peuplées, les Iles Australes et les Iles Marquises dotées d'une population équivalente, obtenant chacune 3 sièges.

Cette révision, prenant en compte les évolutions intervenues au cours d'une période de près de trente ans, n'a pu opérer qu'un rééquilibrage partiel, l'afflux des populations vers les Iles-du-Vent à compter de 1965 ne permettant pas, sauf à marginaliser la représentation des autres archipels à l'Assemblée de la Polynésie française, de rétablir un écart maximal de ratio de représentation entre les Iles-du-Vent et les Iles Australes inférieur à 2,5. S'élevant en 1985 à 2,67, cet écart maximal s'est à nouveau creusé pour atteindre aujourd'hui 3,4.

Le tableau suivant, qui retrace l'évolution des ratios de représentation (nombre d'habitants représentés par chaque conseiller) pour les différentes circonscriptions entre 1946 et 1996 permet de mesurer l'accroissement de l'écart maximum de représentation au cours des quinze dernières années :


 

Ratio moyen

Iles du Vent

Iles Sous le Vent

Iles Tuamotu et Gambier

Iles Marquises

Iles Australes

1946

2774

2944

2492

3346

1488

3915

1952

2513

2949

2612

1789

1630

1989

1957

2544

2765

2571

2095

2082

2053

1985

4067

5594

2382

2358

2182

2094

1996

5354

7394

3354

3074

2688

2187

Le constat de ces disparités et l'absence de prise en compte des résultats des deux derniers recensements de 1988 et 1996 dans la répartition des sièges mettent en évidence la nécessité d'un réajustement permettant de traduire dans la réalité institutionnelle les prescriptions de la jurisprudence en matière électorale.

A cet effet, l'article 1 er de la proposition de loi organique présentée par M. Gaston Flosse et les membres du groupe du Rassemblement pour la République tend à augmenter de 4 le nombre de sièges pour la circonscription des Iles-du-Vent, sans modifier le nombre de sièges pour les autres archipels. Ceci aurait pour conséquence de porter de 41 à 45 le nombre de conseillers à l'Assemblée de la Polynésie française et d'abaisser à 2,86 l'écart maximum de représentation qui s'établit aujourd'hui à près de 3,4.

Cet accroissement du poids de la représentation des Iles-du-Vent (26 sièges sur 45, soit une proportion de près de 58 % au lieu de 53,6 % actuellement) au sein de l'Assemblée de la Polynésie française par rapport à celui de l'ensemble des autres circonscriptions (19 sièges) ne paraît pas excessif dès lors que les Iles-du-Vent regroupent aujourd'hui près des trois quarts de la population polynésienne et que cette circonscription a connu depuis le dernier réajustement, soit en 1985, la plus forte poussée démographique (+ 32,2 %) après la circonscription des Iles-Sous-le-Vent (+40,8 %) qui ne regroupe qu'environ 12 % de la population totale.

Si la nouvelle répartition des sièges résultant de la proposition de loi organique marque un réel progrès, prenant en compte la prépondérance démographique des Iles-du-Vent tout en ménageant raisonnablement la représentation des autres archipels, l'augmentation préconisée semble pouvoir être légèrement plus forte pour une meilleure garantie de l'égalité du suffrage.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page