II. UNE ÉCONOMIE FRANÇAISE SOUS CONTRAINTES STRUCTURELLES

A. UN REBOND CONJONCTUREL QUI NOURRIT DES PRÉVISIONS FAVORABLES

1. Le rebond conjoncturel...

Le ralentissement conjoncturel observé au premier trimestre de l'année où le taux de croissance en volume s'était replié nettement pour passer d'un rythme annuel de 3 % pendant le dernier trimestre 1998 à 1,6 % a été engendré par une réduction du rythme de croissance de la consommation des ménages alors que l'investissement des entreprises accélérait.

La consommation des ménages s'est en effet inscrite sur un rythme de croissance annuel de 0,9 % contre 2,5 % lors du second semestre de 1998. Cette évolution s'est manifestée dans un contexte où, pourtant, les enquêtes de conjoncture réalisées auprès des ménages n'étaient pas marquées par le retournement de leurs opinions vers davantage de pessimisme.

Quant à l'investissement, son taux de croissance annuel s'est établi à 9,1 % au premier trimestre, l'investissement des seules entreprises atteignant 9,6 %. Sur ce point également, un certain paradoxe doit être observé puisque les opinions des chefs d'entreprise mesurées à travers les enquêtes de conjoncture avaient tendance à se dégrader ainsi que les comportements de stocks ont pu alors l'attester Ceux-ci ont en effet eu tendance à se réduire, contribuant négativement à la croissance au premier trimestre (-0,2 point de PIB).

Le deuxième trimestre de l'année s'est caractérisé par un rebond conjoncturel. Le PIB y a progressé de 2,4 % en volume sous l'effet d'un moindre destockage et d'une contribution du commerce extérieur à la croissance plus favorable.

Le rythme de croissance de la demande intérieure hors effets des stocks s'est maintenu (+ 2,5 % contre + 2,6 % en précédent trimestre). Toutefois, sa composition s'est modifiée, la consommation des ménages progressant nettement tandis que les investissements décéléraient (+ 4,1 % en rythme annuel). Les seuls investissements productifs des entreprises sont passés d'une croissance annuelle de 9,6 à 3 % d'un trimestre à l'autre.

Le rebond de l'activité est, pour une part importante, venu du commerce extérieur dans un contexte, nouveau par rapport au trimestre précédent, d'essor des échanges.

2. ... nourrit des prévisions favorables

Les prévisions pour l'année 1999 prolongent le rebond d'activité du deuxième trimestre et tablent sur une croissance de 3 % en rythme annuel au second semestre.

Equilibre ressources-emplois en volume

(aux prix de 1995, moyennes trimestrielles ou annuelles en %)

1998

1999

1998

1999

Prévisions

T1

T2

T3

T4

T1

T2

T3

T4

 
 
 

0,9

0,9

0,5

0,6

0,4

0,6

0,9

0,8

3,4

2,4

PIB (100 %)

2,7

1,2

0,6

0,9

- 1,0

2,0

0,9

1,3

9,4

2,6

Importations (23 %)

3,2

1,0

0,9

1,4

- 0,5

1,6

0,8

1,3

10,3

3,1

dont marchandises (20 %)

 

0,7

1,3

0,6

0,6

0,2

0,5

0,9

0,5

3,6

2,2

Dépenses de consommation des ménages (54 %)

0,3

0,3

0,1

0,2

0,4

0,3

0,4

0,4

1,1

1,2

Dépenses de consommation des APU

1,4

1,7

1,6

1,5

2,1

1,3

0,8

1,3

6,1

6,3

FBCF totale (20 %)

2,0

1,9

1,8

1,0

2,4

1,0

1,0

1,7

7,3

6,4

dont SNF EI (11  %)

- 0,4

1,9

0,7

2,9

2,2

2,5

0,2

0,4

3,4

7,4

Ménages (5 %)

0,9

0,7

1,4

- 1,1

- 0,9

2,6

0,4

1,3

6,9

1,6

Exportations (26 %)

1,5

0,4

1,8

- 1,3

- 0,9

2,8

0,2

1,3

7,8

1,6

dont marchandises (21 %)

1,4

1,0

0,3

1,2

0,4

0,4

1,1

0,8

3,9

2,7

Demande intérieure

Source : INSEE

Contribution à la croissance du PIB

1998

1999

1998

1999

Prévisions

T1

T2

T3

T4

T1

T2

T3

T4

 
 
 

0,6

- 0,1

- 0,4

0,5

- 0,2

- 0,2

0,2

0,2

0,4

0,0

Variations de stocks

- 0,4

- 0,1

0,2

- 0,5

0,0

0,2

- 0,1

0,0

- 0,4

- 0,2

Echanges de biens et services

0,7

1,1

0,7

0,6

0,6

0,6

0,8

0,6

3,3

2,7

Demande intérieure hors stocks

L'accélération de la croissance attendue au second semestre et qui déboucherait sur une croissance en volume de 2,4 %, supérieure de 0,1 point à la prévision du gouvernement, viendrait de la demande intérieure, le couple consommation des ménages - investissement restant dynamique et ses effets sur la demande domestique n'étant plus bridés par le déstockage.

En sens inverse, les échanges extérieurs continuerait d'exercer un effet négatif sur la croissance moyenne.

Des enchaînements proches sont privilégiés pour l'an prochain.

Croissance en 1999 et en 2000 par composante

(en valeur)

 

1999

2000

 

Volume

Valeur

Volume

Valeur

PIB

2,4

2,9

2,8

4,0

Importations

2,6

2,2

4,9

7,3

Consommation des ménages

2,2

3,1

2,7

3,8

FBCF

6,3

6,1

4,1

5,6

dont

 
 
 
 

Ménages

7,4

7,6

3,4

4,9

Entreprises non financières

6,4

6,0

5,0

6,6

Exportations

1,6

0,3

4,7

6,7

Demande intérieure

2,7

3,5

2,8

4,1

Demande intérieure hors stocks

2,8

3,7

2,6

3,8

Demande totale

2,4

2,9

3,0

4,4

La prolongation des tendances de la demande intérieure attendues avec une légère modération au second semestre de l'année en cours offrirait un soutien à l'activité que le redressement des exportations et une progression continue des importations ne viendraient plus affaiblir.

Une différence importante doit être cependant soulignée. Sans être inflationniste, une certaine accélération des prix se produirait au terme de laquelle la croissance en volume des grands agrégats se traduirait par des gains nominaux amplifiés. Cette nuance n'est pas sans intérêt pour les finances publiques puisqu'elle est susceptible de dynamiser les recettes fiscales et d'éviter l'écueil d'une progression des salaires calibrée trop largement au regard de l'évolution des prix.

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