V. RADIO FRANCE

Plus encore que d'autres sociétés de l'audiovisuel public, compte tenu de la rigidité de ses charges, Radio France souffre de l'absence de marges de manoeuvres budgétaires.

Il n'est pas étonnant que M. Jean-Marie Cavada porté à la tête de Radio France en novembre 1998, estime ne pas avoir les moyens d'adapter sa société au nouveau paysage audiovisuel et parle de " phtisie " financière.

A. LA STRATÉGIE DU NOUVEAU PRÉSIDENT

La nouvelle stratégie de Radio France, engagée depuis l'arrivée du président Jean-Marie Cavada, se développe à partir du principe affirmé de la priorité aux antennes autour de trois chantiers essentiels : la numérisation de l'entreprise, le renforcement du réseau des radios locales et le développement d'internet.

1. La rénovation de la programmation

L'élaboration des grilles de programmes par leurs nouveaux directeurs s'est faite selon de nouvelles méthodes donnant leur pleine responsabilité artistique et financière aux directeurs des stations, tout en maintenant le cap d'une stratégie globale de différenciation de ces produits au sein d'une gamme de radios de service public.

France Inter a entrepris la rénovation de sa grille avec une direction unique pour les programmes et l'information pour bénéficier d'une meilleure identification et proposer à ses auditeurs une image claire face à la concurrence. Elle subit toutefois le choc de la concurrence financière des stations privées, qui ont entrepris de débaucher par des offres très supérieures certains des meilleurs de ses professionnels.

Par ailleurs, l'information sera plus largement diversifiée, notamment en élargissant la couverture de la politique étrangère, dans les éditions des journaux comme dans les chroniques spécialisées.

France Inter entend conserver son rôle de leader dans le champ culturel, en renforçant davantage encore son identité, notamment en direction du cinéma, qui draine une majorité de jeunes Français (les choix opérés en matière de partenariat iront dans ce sens).

La grille de programme de France Culture de la saison 1999-2000 - dont on sait qu'elle a donné lieu à polémiques tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la station - est marquée par un souci de lisibilité et de modernité, et offre selon l'heure et le jour, des tons, des voix, des contenus différents : chaque matin le temps de la réflexion, chaque après-midi le temps de l'évasion et chaque soir le temps de la création.

La station décline des thématiques par jour : ainsi, - le lundi sera plus particulièrement le jour de l'histoire, et de la mémoire, - le mardi sera celui de la découverte des autres, - le mercredi sera le jour des créateurs et de l'univers des formes, - le jeudi sera le temps de toutes les sciences, - le vendredi : ailleurs, sous toutes les latitudes, en France, en Europe, au coin de la rue-comme au bout du monde, le temps de l'aventure et le début du week-end.

Le week-end au contraire échappera à ce système et "accueillera toutes sortes d'émissions" en jouant sur la surprise.

Une autre dominante de la nouvelle grille, sont les rendez-vous d'information avec deux sessions de 20 minutes à 7h30 et 18h00, venant s'ajouter aux points de l'actualité (Acharne, 8h00, 9h00, 12h30 et 22h00). Les journaux de 20 minutes auront plus vocation, après un panorama de l'actualité de 5 minutes, de développer un ou deux thèmes du jour.

Avec son nouveau contenu, ses nouveaux rythmes, France Culture veut s'ouvir à l'Europe, à la mixité des cultures, au mélange des générations.

France Musiques : La séparation des activités de production musicale de Radio France doit permettre à la chaîne :

• de s'ouvrir à toutes les musiques, (d'où le pluriel du nouveau nom France Musiques),

• de fidéliser ses auditeurs - en affirmant sa vocation radiophonique à destination de tous les publics par des rendez-vous musicaux clairement identifiés,

• d'appliquer son cahier des charges "pédagogique" de façon plus légère et plus conviviale, et notamment d'assurer une meilleure maîtrise de l'équilibre parole/musique,

• de valoriser la production des formations orchestrales et chorales par un traitement plus radiophonique de leur apport,

Dans un souci d'amélioration de sa lisibilité et de fidélisation des auditeurs, la grille de rentrée affiche une nouvelle ligne éditoriale où des rendez-vous sont instaurés avec des producteurs plutôt qu'avec des concepts d'émission.

Ainsi, la semaine de France Musiques sera rythmée par 11 émissions quotidiennes, contre cinq seulement dans la grille précédente, la quasi totalité des émissions hebdomadaires étant programmée le week-end.

Cette nouvelle ligne éditoriale ne porte pas atteinte à l'exploration des différents genres musicaux - classique, jazz, musiques du monde, chansons, musiques d'aujourd'hui - bien au contraire, et permet même d'ouvrir davantage l'antenne à un plus grand nombre de formes musicales, comme le traduit le "S" de France Musiques. A titre d'exemple, les espaces consacrés au jazz passent de 6 à 10 heures pas semaine sur la nouvelle grille.

On note enfin, qu'un nouvel habillage de l'antenne sera mis en place dès le mois d'octobre.

La réorganisation au sein d'une Direction générale à l'action régionale a pour but de réinvestir la politique des programmes et d'exprimer des stratégies éditoriales coordonnées pour développer la vocation des stations en matière d'expression locale (lieu de débat et d'émergence d'une démocratie de terrain), de mémoire et de vecteurs de services.

La coordination en réseau devra favoriser la programmation d'émissions thématiques communes et d'éléments d'information nationaux et internationaux spécifiques, à disposition des stations locales de Radio France et enrichissant (ainsi que les prestations programmatiques d'Urgences), la banque de programme Sophia.

Le Mouv' : une réforme du programme s'est engagée avec l'arrivée de son nouveau directeur. Celle-ci doit alimenter la réflexion menée sur Le Mouv', dont le sort doit être défini à la fin de l'année 1999.

2. La restructuration et la modernisation de l'outil

Une réorganisation des moyens a été conduite au service des priorités de l'entreprise que sont les antennes, l'évolution technologique, l'action régionale, le développement de nouveaux produits.

Les antennes : l'autonomie des stations

La réorganisation au profit des antennes et des activités publiques pour la satisfaction des publics signifie que les chaînes nationales deviennent des stations disposant, dans le respect de l'unité de l'entreprise , d'une marge d'autonomie , leur permettant de développer une identité plus forte, à la fois en programmes et en image publique. Ainsi chaque station - France Inter, France Musique, France Culture, France Info - reçoit délégation de responsabilité opérationnelle et budgétaire.

France Inter et France Culture ont été dotées d'une direction unique pour les programmes et l'information.

L'autonomie donnée à France Musique a ainsi conduit au réexamen de l'organisation de la Direction de la Musique, qui reste néanmoins indéfectiblement liée à la chaîne France Musique. Celle-ci a pour mission, entre autres, de rendre compte de toute la production musicale des formations permanentes de Radio France, vocation non remise en cause.

La déconcentration du fonctionnement administratif et son accompagnement.

La déconcentration va de pair avec une forte délégation de responsabilité opérationnelle et budgétaire mais aussi avec un contrôle renforcé sur les résultats d'activité radiophonique, sociale, budgétaire des chaînes.

De nouveaux dispositifs doivent permettre aux services centraux d'être un outil performant au service des antennes.

Le contrôle s'effectue par des procédures de " reporting " et d'analyse afin de suivre au plus près la gestion économique de l'entreprise au moyen de tableaux de bord et d'instruments d'alerte garantissant le respect des règles de fonctionnement et des enveloppes budgétaires.

La gestion des moyens techniques et de production s'organise avec d'une part, la mise en place d'une articulation entre la gestion et la production (cadre coordinateur de moyens nommé au sein de chaque station) assurant l'évaluation et la coordination des moyens techniques internes, et d'autre part, la refonte du système de prévisions et de suivi de la consommation des moyens internes.

Le regroupement des services techniques et informatiques au sein d'une direction générale adjointe chargée des techniques et des technologies nouvelles permet désormais de disposer d'une vision globale et unique des choix technologiques et donc d'une vision transversale des investissements financiers en matière de technologie qu'implique la convergence des systèmes audio-numériques et informatiques

Par ailleurs a été mis en place le regroupement des antennes destinées aux publics locaux au sein d'une direction générale adjointe chargée de coordonner leur action en réseau et d'améliorer leurs contenus éditoriaux de proximité. En effet, l'action régionale à Radio France comprend non seulement les 38 radios locales, mais aussi les 9 stations FIP, les programmes Urgences à Paris et à Lille, ainsi que la Banque Sophia avec ses 83 radios associatives ou privées mais indépendantes, à qui doit être délivré un service dont la qualité peut être amélioré.

L'élargissement de l'offre radio

La création de produits nouveaux est un élément clé de la stratégie de Radio France, dans un contexte d'évolution rapide des attentes des auditeurs et des techniques.

C'est pourquoi a été créée une direction générale déléguée chargée de la stratégie et du développement des produits et des services, et, sous son autorité, une direction du développement, des produits nouveaux et du multimédia chargée de concevoir et coordonner l'action en la matière. Celleci veille à leur cohérence du point de vue de la maîtrise d'ouvrage, elle fédère l'ensemble des services en lignes ( Internet , Minitel, kiosque téléphonique, téléphone portable) et regroupe toutes les expériences entreprises dans la société.

Cette direction a déjà entrepris des actions urgentes comme la construction de bases de données numérisées autour des contenus exigeants à Radio France, la création d'un " portail " Internet permettant d'accueillir les sites des différentes stations.

L'accélération du passage au numérique implique en particulier l'extension aux rédactions de France Inter, France Culture et France Musique, les outils rédactionnels numérisés dont France Info disposera dès la fin 1999.

Couverture géographique

D'une part, Radio France a pour objectif de reprendre le développement du réseau des stations locales. Celui-ci est en effet arrêté depuis 11 ans, sa couverture est limitée à 43 départements sur 95, soit 28,5 millions d'habitants sur 60.

D'autre part, Radio France dispose de plusieurs milliers de fréquences pour accomplir sa mission, dans un souci d'égalité des citoyens devant le service public.

Parmi ces fréquences, plusieurs centaines, de valeur différente, n'ont pas été ou n'ont pas pu être mises en service.

Radio France a entrepris un réexamen de ses réseaux de diffusion FM, des potentialités et des besoins de l'entreprise, afin de concevoir et de présenter une vision d'ensemble cohérente de son dispositif.

Elle a également entrepris de restituer au CSA celles des fréquences qui n'entrent pas dans ses perspectives de développement stratégique.

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