2. Les orientations définies par le Premier ministre

Après avoir consulté le comité des finances locales, le Premier ministre a demandé aux ministres de l'intérieur et de l'économie d'élaborer un dispositif dans lequel " les communes subissant des pertes de population ne connaissent pas de baisse de leur dotation forfaitaire " et les " dotations de solidarité que sont la DSU (...) et la DSR continuent à jouer leur rôle péréquateur ". Dans ce but, il a suggéré de " lisser sur trois ans l'effet des hausses de population ".

Le projet de loi présenté par le ministre de l'intérieur reprend ces orientations et propose :

- le lissage sur trois ans de la prise en compte des hausses de population, qui permet de ramener la progression de la dotation forfaitaire à 481 millions de francs ;

- le gel pendant trois ans du montant de la dotation forfaitaire des communes dont la population a baissé, qui limiterait à 354 millions de francs l'augmentation de la dotation forfaitaire ;

Néanmoins, une augmentation de la dotation forfaitaire limitée à 354 millions de francs se traduirait quand même par une baisse de 3,3 % de la DSU et de 3,9 % de la DSR. Par conséquent, l'article 34 du PLF pour 2000 prévoit un abondement de la DGF de 200 millions de francs, qui permet de stabiliser le montant de la DSU et de la DSR entre 1999 et 2000 .

Conscient qu'une simple stabilisation en volume du montant des deux dotations de solidarité ne serait pas compatible avec les annonces du gouvernement en matière de politique de la ville, le Premier ministre a annoncé par la suite que le montant de l'abondement serait compris entre 200 et 700 millions de francs .

3. Le projet de loi conduit à s'interroger sur le mode de calcul de la DGF

Le système des enveloppes fermées est un bon instrument de régulation du niveau de la dépense publique. Ainsi, au sein de la DGF, l'augmentation du montant d'une dotation est compensé par la réduction des crédits disponibles pour les autres dotations. De même, en acceptant le principe de l'enveloppe normée, les collectivités contribuent, notamment par les baisses de DCTP qu'elles supportent (trop importantes d'ailleurs aux regard des charges qui leur sont transférées), à éviter une trop forte croissance des dépenses de l'Etat.

Compte tenu du caractère contraignant de ces mécanismes, l'heure est peut-être venue de s'interroger sur la légitimité du maintien de règles édictées avant la mise en place de l'enveloppe normée et qui pénalisent les collectivités locales : le recalage de la base de la DGF et la régularisation négative .

En 2000, l'application des règles de recalage " coûte " 906 millions de francs aux collectivités locales, tandis que la régularisation négative conduit à minorer de 679 millions de francs le montant de la DGF, soit un manque à gagner de 906 + 679 = 1,581 milliard de francs.

Par conséquent, en l'absence de recalage et de régularisation négative, la DGF de 2000 aurait pu " absorber " le coût du recensement à législation constante (1,545 milliard de francs) sans que ni la DSU, ni la DSR ni les communes dans lesquelles la population a augmenté ne soient pénalisées.

Cet exemple montre à quel point il sera nécessaire, à l'issue de l'actuel contrat de croissance et de solidarité, de revoir l'ensemble du système de financement des collectivités locales afin que les objectifs initiaux du système de l'enveloppe normée, la maîtrise des dépenses publique et la prévisibilité de l'évolution des ressources des collectivités locales, mis à mal par des mécanismes tels que le recalage et la régularisation de la DGF, soient enfin atteints.

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