C. L'APPRENTISSAGE DES IMAGES

Comme on peut le constater, il existe un certain décalage entre la rapidité d'évolution des techniques et l'évolution des mentalités. Ce constat a été parfaitement analysé par plusieurs membres de l'Office 133( * ) . Tous ont été convaincus de l'absolue nécessité d'accélérer les formations aux NTIC. Il ne s'agit donc pas de traiter à nouveau dans ce rapport ce qui a été excellemment traité précédemment, mais d'approfondir certaines réflexions spécifiques de l'image. A la formation, qui peut se résumer en une phrase " Apprendre à regarder comme on a appris à lire " , doit être préféré le terme d'apprentissage qui comporte deux démarches : apprendre et faire, comprendre et appliquer. En matière d'image, apprentissage et formation doivent concerner tous les consommateurs d'images, sans exclure les émetteurs et fabricants d'images !

L'apprentissage passe par trois étapes - formation, information, application- en fonction des quatre "publics" visés : les jeunes, les parents, les diffuseurs, les chercheurs.

1. Les objectifs de l'apprentissage

a) Les expériences antérieures

Contrairement à une idée répandue, y compris chez les professionnels de l'image et de la télévision, l'éducation "par" l'image et l'éducation "à" l'image existent depuis longtemps en France ; elles se sont développées au cours de trois périodes successives.

La télévision scolaire a été créée en 1951 et la France a été l'un des premiers pays à considérer la télévision comme un outil d'apprentissage.

En 1985, l'image est intégrée dans les programmes des collèges et des lycées. L'enseignement est fondé sur une trilogie écrit/oral/image. Celle-ci est -normalement- intégrée dans les méthodes d'enseignement et devient une matière enseignée 134( * ) en littérature et dans les langues et même une épreuve de concours (certains concours d'agrégation contiennent une épreuve de "sémiologie de l'image").

La création de la Cinquième en 1994 constitue la troisième étape. La Cinquième, non seulement utilise la télévision comme moyen d'enseignement, mais étudie l'image. L'étude de l'image, jusque là limitée à l'université et aux écoles, aborde le grand public. Les autres chaînes ont des émissions du même type (ex. émission Arrêt sur image ).

En outre, le ministère de l'Éducation nationale a récemment mis en place des groupes de travail chargés d'étudier les interfaces éducation/télévision.

Ces efforts et ces méthodes innovantes sont peu et mal connus. D'une part, la matière, intégrée dans les disciplines littéraires, n'est pas toujours traitée par les professeurs, en raison de l'importance des programmes scolaires 135( * ) ; d'autre part, les professionnels de l'image, trop pris par leur propre activité, prêtent peu d'attention aux activités pédagogiques qui, bien que touchant directement à leur domaine, sont traitées par d'autres. Enfin, les méthodes innovantes de l'Éducation nationale ne suffisent pas à contrebalancer un discours ambiant souvent critique sur ses carences, ses retards, et son inadaptation -supposés ou réels-.

Ces expériences méritent cependant d'être poursuivies, même si elles visent des objectifs -et des publics- qui ne correspondent pas tout à fait aux nouveaux enjeux. Le principal objectif est de moderniser les méthodes d'enseignement en utilisant les moyens de communication. Quant aux études de sémiologie, qui consistent à décrypter les référents culturels d'une image 136( * ) , et aux analyses d'images permettant de comprendre l'importance et le rôle du cadrage, du montage..., elles sont souvent plus adaptées à un public formé à l'analyse critique. Les problèmes posés par l'adaptation d'un livre à l'écran sont également intégrés dans ces études de sémiologie.

Entre l'éducation par l'image et l'analyse des images, il y a place, semble-t-il, pour une troisième voie : l'éducation à l'image.

Page mise à jour le

Partager cette page