c) Des pratiques d'abattage et de découpe désormais sécurisées

Certaines techniques d'abattages étaient susceptibles de contaminer des tissus bovins sains.

(1) La décérébration

La décérébration consistait à retirer la cervelle par ouverture du crâne : cette technique n'est plus utilisée, en raison de la suppression des cervelles de la consommation humaine.

(2) Le « matador »

L'étourdissement des animaux avec le pistolet d'abattage, dit « le matador », était susceptible d'entraîner l'embolisation de morceaux de substance nerveuse infectée dans la circulation sanguine avant la saignée, en raison de la pénétration de la tige courte propulsée par la cartouche explosive. Ces particules éventuellement infectées risquent alors de se trouver bloquées dans les poumons, premier « filtre » de la circulation de retour de la tête. Les expérimentations tentées à ce jour n'ont pas démontré ce risque.

(3) Le jonchage

Le « jonchage », ou plus exactement le jonglage, consiste à introduire une tige métallique souple (le jonc) dans le canal rachidien, par l'orifice résultant de l'utilisation du pistolet d'abattage : le bulbe rachidien et la partie supérieure de la moelle épinière sont détruits. Cette technique était utilisée dans les abattoirs jusqu'au printemps 2000 pour protéger le personnel contre les mouvements agoniques réflexes brusques des membres des animaux abattus (après étourdissement).

De l'avis de nombreux scientifiques, cette manipulation peut entraîner la dissémination de matériel infectant aussi bien pour la carcasse concernée que pour les suivantes sur la chaîne d'abattage, ce jonc ne pouvant être désinfecté de manière satisfaisante entre deux utilisations. Le 6 mars 2000, l'AFSSA a ainsi recommandé l'interdiction du « jonchage » en France, qui a fait l'objet d'un arrêté ministériel le 21 mars 2000. On notera que l'interdiction du « pithing », équivalent du jonchage, a été différée au Royaume-Uni.

Lors des déplacements de la commission, M. Georges Gruillot s'est inquiété du sort réservé à ces outils devenus obsolètes.

(4) Le sciage de la carcasse

En matière de découpe, le sciage, consistant dans les abattoirs à fendre la carcasse le long de la colonne vertébrale, pour traiter ainsi deux demi-carcasses pourrait être, en raison de l'outil utilisé, un agent de propagation de la substance nerveuse (moelle épinière) dans les tissus avoisinants. Une directive européenne laisse le choix entre l'abattoir et l'atelier de découpe pour éviter un tel risque.

M. Benoît Assemat, président du Syndicat national des vétérinaires inspecteurs de l'administration, a expliqué devant la commission : « Vous savez ce qu'est une moelle épinière qui se trouve dans le canal rachidien d'un bovin. Le fait même de fendre la carcasse à l'abattoir en passant par le canal médullaire et de retirer à la main les morceaux de moelle épinière pour les mettre dans un petit sac montre que tous les efforts sont faits pour retirer les matériels à risques spécifiés dans les meilleures conditions possible mais qu'il y a certainement encore des marges pour faire mieux. »

L'AFSSA s'est prononcée en faveur d'une modification de la fente des carcasses, dans son avis du 7 avril 2001.

Selon les informations de la commission, les modalités pratiques de cette mesure seraient actuellement en discussion avec les professionnels de la filière, et devraient se traduire par une obligation de démédullation (retrait de la moelle épinière) par aspiration, avant la fente de la carcasse.

La commission d'enquête a pu observer, lors de ses visites d'abattoirs, que les restes de moelle épinière sur les carcasses étaient éliminés au moyen de puissants aspirateurs.

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