B. UNE POLITIQUE ACTIVE D'OUVERTURE

1. Des travaux de recherche en prise sur les grands débats de politique économique

a) Des travaux de recherche liés à l'actualité économique

• Les travaux de recherche scientifique publiés par le Conseil des gouverneurs apparaissent assez en prise avec l'actualité économique ou avec la conduite de la politique monétaire.

Parmi les treize FEDS papers publiés par le Conseil des gouverneurs en janvier-février 2001, six s'intéressaient ainsi respectivement à l'allocation optimale des portefeuilles dans un monde sans obligations du Trésor, à la réaction des taux d'intérêt de long terme aux décisions de politique monétaire, aux effets de richesse, à l'estimation des tendances de la productivité, aux explications du rattrapage économique de l'Allemagne et du Japon après 1945 et aux règles de politique monétaire.

• Les travaux de recherche publiés par la Fed de New York semblent encore plus étroitement liés aux débats contemporains de politique économique.

La lettre d'information Current Issues de la Fed de New York propose ainsi des synthèses sur des thèmes comme le développement des paiements électroniques, les difficultés de mesure de l'inflation ou les conséquences de la faiblesse du taux d'épargne des ménages.

Les conclusions de ces documents sont en outre parfois relativement tranchées . A titre d'exemple, le Current Issues de septembre 2000 relatif à l'épargne des ménages conclut, à contre-courant de l'opinion majoritaire, que le déclin du taux d'épargne des ménages n'est guère préoccupant, puisqu'il s'explique largement par des problèmes de mesure, ne reflète guère une dégradation de la situation financière des ménages et voit ses effets largement compensés par le redressement de l'épargne publique.

De même, L'Economic Policy Review publié par la Fed de New York contenait en l'an 2000 un numéro spécial sur le bilan des crises de change en Asie, et en 1999, des articles sur la fréquence optimale des contrôles bancaires, sur les réformes financières au Japon, sur les mécanismes de transmission de la politique monétaire ou sur le développement des commissions bancaires sur les activités de clientèle particulière. Ces articles ne comportent par ailleurs guère de développements mathématiques et leur rédaction est relativement pédagogique, de sorte qu'il peuvent effectivement nourrir un débat.

Enfin, même si certains Staff Reports de la Fed de New York comportent seulement des développements théoriques (par exemple sur l'analyse des séries temporelles), nombre d'entre eux sont susceptibles de contribuer au débat public. A titre d'exemple, on peut mentionner parmi les documents publiés en 1999 :

- en matière monétaire les Staff Reports relatifs au contenu en information des agrégats monétaires, aux dévaluations compétitives ou aux stratégies de cible d'inflation ;

- en matière d'économie générale, les Staff Reports relatifs à l'évolution mondiale des inégalités ou aux liens entre la mondialisation et les inégalités salariales ;

- enfin en matière d'économie bancaire et financière, les Staff Reports relatifs à la rémunérations des dirigeants des banques ou aux commissions prélevées par les banques sur les opérations de paiement.

• Enfin, au delà des travaux internes qu'ils publient dans leurs propres revues, le Conseil des gouverneurs et les douze banques de réserve fédérées contribuent également aux débats de politique économique au travers des publications de leurs chercheurs dans des revues scientifiques prestigieuses.

Par exemple, les seuls économistes de la Fed de New York ont publié en 1999 près de quatre-vingt articles dans des revues extérieures, ce dont la Fed s'enorgueillit : elle diffuse d'ailleurs la liste de ces articles dans ses propres publications.

Les deux tiers de ces articles présentent un contenu analytique marqué, ou s'intéressent à des thèmes très pointus (par exemple les comportements de stocks des entreprises ou les déterminants des primes de risque sur les marchés financiers).

Cependant, près d'un tiers de ces articles sont liés à des débats d'actualité (les négociations collectives, l'impact de la volatilité des taux de change sur les marchés du travail, la crise asiatique, les relations entre les pays de l'Union européenne membres de la zone euro et ceux qui ne le sont pas, les transformations du système financier, l'instabilité financière internationale, etc.). Certains de ces articles, comme ceux de Kevin Stiroh sur la nouvelle économie, ont d'ailleurs reçu un large écho bien au delà des milieux de la recherche académique.

• Les chercheurs de la Fed exercent d'ailleurs à certains égards un rôle de juge de paix des controverses entre économistes de marché. Par exemple, la Fed collecte et analyse les prévisions économiques et financières des institutions privées.

Il convient toutefois de noter que la Fed demeure extrêmement prudente dans son analyse des politiques publiques nationales : les travaux de ses chercheurs ne visent presque jamais à évaluer directement des politiques conduites par l'Etat fédéral. En particulier, il semble que les chercheurs de la Fed ne publient guère de travaux relatifs à la politique budgétaire .

Malgré cela, le Federal Reserve System contribue de manière quantitativement et qualitativement très importante aux débats académiques et aux débats publics.

• Par contraste, les travaux d'études et de recherche publiés par la Banque de France ne visent pas à être en prise avec les débats de politique économique contemporaine. En effet, ces travaux sont pour la plupart ou bien très descriptifs , ou bien très analytiques .

En effet, à quelques exceptions près, les « études » publiées dans le Bulletin de la Banque de France sont très descriptives, et consistent pour l'essentiel à commenter des statistiques financières (par exemple sur les délais de paiement interentreprises, sur l'évolution des encours de placement, sur la durée d'utilisation des équipements dans l'industrie ou sur les résultats des établissements de crédit).

Par ailleurs, les Notes d'étude et de recherche de la Banque de France (au nombre de sept en l'an 2000 et de seize en 1999), portent le plus souvent sur des sujets très « pointus ». A titre d'exemple, les quatre dernières notes publiées en français en 2000 et en 1999 étaient respectivement intitulées « Modèle à Anticipations Rationnelles de la COnjoncture Simulée : MARCOS » ; «  Quatre indicateurs d'inflation sous-jacente : application et interprétation » ; «  Modélisation et prévision des indices de prix sectoriels » et « La pente des taux contient-elle de l'information sur l'activité économique future ? ».

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page