C. UN MODÈLE TARIFAIRE INADAPTÉ

L'opérateur historique allemand propose actuellement des connexions Internet à haut débit pour 165 F par mois. Les propositions de l'opérateur français sont près de deux fois plus élevées.

Si cette situation devait se prolonger, il en résulterait deux conséquences :

- la poursuite du retard d'accès des utilisateurs individuels français au haut débit,

- et, corrélativement, un décalage dans la constitution d'une offre de logiciels d'application grand public.

Car les fournisseurs de services ne pourront assurer la rentabilité de leurs applications en-deçà d'une masse de clientèle suffisante et d'un tarif de raccordement assez bas pour autoriser d'autres dépenses.

Sur ce point, on doit rappeler que l'avenir du modèle économique de l'Internet à haut débit dépend de l'assiette de son marché.

Or, si l'accès aux services est trop cher, les usagers qui acquittent généralement une redevance télévision, des abonnements au câble, un abonnement téléphonique fixe et/ou mobile, n'ont pas des disponibilités financières illimitées.

Fixer à un niveau trop élevé le prix du transport, c'est retarder l'achat de services et empêcher la constitution, dans notre pays, des entreprises correspondantes.

Celles-ci iront s'installer ailleurs.

*

* *

L'ouverture à la concurrence pourrait-elle jouer un rôle moteur à la baisse des prix ?

La baisse des tarifs téléphoniques, et les échos de la guérilla qui se déroule entre l'opérateur historique et les nouveaux arrivants, d'ailleurs parfaitement arbitrée par l'ART incitent, en première analyse, à penser que oui.

Mais il semble également que, même si cet effort doit être poursuivi, il n'aura, dans un premier temps, qu'un effet limité .

Aux États-Unis, cette ouverture a été un échec partiel dans la mesure où les nouveaux opérateurs n'ont pu que très partiellement répondre à la concurrence des opérateurs en place -parce que le marché est encore trop étroit et que la rentabilité des offres nouvelles implique que les entrants assurent la migration complète de la clientèle sur tous les services de télécommunications et non pas seulement sur le marché du haut débit.

En France, les premières expériences ont conforté cette analyse, les opérateurs concurrents ne présentent que des offres sur des segments de marchés professionnels et sur des zones géographiques limitées. Actuellement, les conventions de dégroupage passées par France Telecom ne concernent que 3,5 millions de lignes et 91 salles de « cohabitation » (en région parisienne, à Lyon et à Marseille).

Dès lors, sur ce point, on ne peut manquer de souligner l'ambiguïté de la position de l'État actionnaire majoritaire, conscient de l'importance d'une adaptation du modèle tarifaire, mais qui ne l'impose pas à l'opérateur historique qui, par la force des choses, doit être l'acteur privilégié du déploiement du haut débit en France 21 ( * ) .

* 21 comme il l'est également dans les autres pays européens.

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