2. Des inégalités géographiques et sociales dans l'accès aux soins

Diverses enquêtes officielles récentes mettent également en évidence des inégalités croissantes dans l'accès aux soins.

Ces inégalités sont, tout d'abord, géographiques . Si les campagnes sont, dans l'ensemble, moins favorisées que les villes, certaines régions éloignées paraissent plus particulièrement pénalisées, notamment dans les montages du centre et les hauts plateaux du nord, où vivent environ 11 % de la population. On constate, en outre, de grandes disparités entre les provinces. En effet, le financement du système public de santé est, à titre principal, assuré par les budgets provinciaux. La richesse de chaque province détermine ainsi, par le biais des ressources fiscales disponibles, le montant des fonds publics pouvant être consacrés à la santé. Les provinces les plus riches sont donc celles dont le système de santé est, en règle générale, le plus développé. En outre, les crédits versés par l'Etat au titre de la santé publique sont répartis entre les provinces sur la base d'indicateurs (population, nombre de lits d'hôpitaux) qui ne contribuent guère à corriger ces inégalités.

Mais l'accès aux soins est également inégal selon les catégories sociales . Sans surprise, les enquêtes officielles établissent ainsi que le nombre de consultations, la qualité des soins et le budget sanitaire moyen varient en fonction des revenus disponibles.

Toutefois, et contrairement à ce que pourrait laisser penser le développement du secteur privé, l'accès à l'hôpital public demeure, au Viêt-nam, le véritable facteur discriminant entre les différentes catégories sociales.

En 1998, 36 % des personnes hospitalisées dans le secteur public étaient ainsi issues des 20 % les plus riches de la population, contre seulement 8 % issues des 20 % les plus pauvres (contre 10 % en 1993). Cette situation s'explique principalement par une plus forte densité d'hôpitaux publics dans les zones urbaines, l'introduction des honoraires à l'hôpital, qui dissuade les catégories les plus modestes de la population et, enfin, le fait que l'assurance maladie obligatoire « solvabilise » certaines catégories professionnelles bénéficiant déjà de revenus réguliers (fonctionnaires de l'Etat ou salariés des grandes entreprises publiques).

3. Une assurance maladie encore embryonnaire

En effet, l'assurance maladie ne bénéficie encore qu'à une fraction minoritaire de la population.

Instituée en 1992, réformée en 1998, l'assurance maladie obligatoire couvre environ 10 millions de personnes. Il s'agit principalement des travailleurs du secteur public et parapublic : fonctionnaires d'Etat, membres du Parti communiste vietnamien, salariés des entreprises publiques et invalides de guerre. Moyennant une cotisation égale à 3 % du salaire, cette assurance maladie obligatoire prend en charge les honoraires de consultation médicales et le coût des soins hospitaliers. Les dépenses fixes, constituées des salaires et de la formation des personnels médicaux, relèvent directement du budget de l'Etat.

Parallèlement, l'assurance santé volontaire concerne environ 4 millions de personnes, dont 17 % des étudiants. Elle demeure, toutefois, hors de portée de catégories entières de la population, dont la plupart des agriculteurs, les chômeurs et les personnes les plus déshéritées.

De ce fait, l'assurance maladie bénéficie davantage aux couches les plus aisées de la population vietnamienne. Ainsi, 6 % seulement des personnes ayant les revenus les plus bas bénéficient d'une couverture maladie, contre 29 % parmi les personnes ayant les revenus les plus élevés.

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