CONCLUSION

Les grands projets qui engagent l'avenir du pays au-delà de l'horizon immédiat demandent souvent du courage politique, car ils tendent à heurter les habitudes acquises. La loi « Fillon/Juppé » transformant France Télécom en société anonyme à majorité d'Etat fait vraisemblablement partie de ces textes qui, dans un premier temps, sont voués aux gémonies, puis se voient, ensuite, reconnus comme nécessaires, avant qu'hommage ne soit rendu à la lucidité et à la détermination de leurs auteurs.

Qui pourrait, en effet, aujourd'hui souhaiter que France Télécom soit encore un établissement public dépourvu de capital ? Comment l'entreprise nationale aurait-elle pu faire face à la formidable mutation de son secteur d'activité sans cet outil d'autonomie et  de compétitivité?

Au lieu d'être devenue un géant européen, elle se serait ratatinée sur son pré carré national et ne serait plus qu'un nain économique.

Et qui aurait fait cette réforme salutaire si elle n'avait pas été effectuée en 1996 ? L'actuel Gouvernement en aurait-il eu les moyens et la force, alors que celui qui le dirige annonçait, lors de la campagne législative de 1997, qu'il « renationaliserait » France Télécom ? Certains peuvent l'espérer, beaucoup en doutent !

La réforme, opérée en 1996, a indéniablement « dopé » notre champion national et lui a permis de prendre son envol international et de s'imposer dans les nouveaux métiers des télécommunications. Certes, il traverse actuellement de sérieuses turbulences. Elles ne semblent toutefois pas de nature à remettre en cause l'essentiel : sa capacité à demeurer un leader de son secteur.

Le passé paraît donc pouvoir éclairer l'avenir. Si, demain, les défis à relever par France Télécom nécessitaient un abandon de la majorité d'Etat, le caractère public de l'entreprise ne devrait pas être de nature à constituer un tabou.

Mais des conditions strictes auraient à encadrer une telle évolution : projets économique et social forts, « golden share » d'un Etat devenu minoritaire au capital, respect des principes constitutionnels relatifs au service public, négociation collective préalable et -impérativement- garantie d'Etat du maintien des droits des personnels sous statut de fonctionnaire.

En tout état de cause, aujourd'hui, une privatisation de France Télécom n'est pas d'actualité et hors sujet dans le contexte que connaît notre opérateur. Il a besoin de l'Etat. On ne peut pas sacrifier notre premier acteur de télécommunications, essentiel pour le développement économique, l'équilibre du territoire, la cohésion sociale, à des intérêts budgétaires à courte vue. Il demeure porteur d'une véritable ambition nationale.

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