B. LA CAMPAGNE MILITAIRE EN AFGHANISTAN

Déclenchée le 7 octobre 2001, la campagne militaire en Afghanistan a permis d'atteindre la plupart des objectifs que s'étaient fixés les Etats-Unis, et en premier lieu le renversement du régime taliban. L'enlisement promis par certains commentateurs, qui mettaient en doute l'efficacité des frappes aériennes, a été évité grâce au relais constitué sur le terrain par les forces anti-taliban.

Pour autant, l'action militaire s'avère plus longue et plus difficile que prévue. De nombreux chefs taliban demeurent actifs et regroupent leurs forces. Les autorité américaines estiment qu'il leur faudra poursuivre l'opération jusqu'à la fin de l'année au moins pour espérer éliminer ces groupes. Les forces américaines participant à la campagne sur le terrain s'élèveraient à 5.200 hommes actuellement.

La délégation a évoqué à plusieurs reprises le déroulement de la campagne avec ses interlocuteurs.

Tout d'abord, il est important de signaler que les contributions militaires alliées, et notamment la contribution française , ont fait l'objet d'une présentation très positive aux Etats-Unis, non seulement du seul point de vue de la solidarité qu'elles expriment, mais également pour leur utilité militaire. L'opération en cours demeure néanmoins purement nationale, en grande partie parce que les Etats-Unis disposent à eux seuls de la plupart des moyens nécessaires à la riposte, mais aussi pour éviter d'avoir à subir les contraintes d'une coalition constituée.

Les responsables américains ont veillé à éviter toute interaction entre l'opération « liberté immuable » et l'action de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) mise en place à Kaboul sous la responsabilité des Nations Unies. Toutefois, la situation demeurant, sur le plan sécuritaire, extrêmement incertaine hors de Kaboul, la création d'une armée afghane entraînée et équipée par une présence internationale (notamment des forces spéciales américaines) a été réaffirmée comme une priorité pour Washington.

Enfin, la conduite des opérations elles-mêmes ne se caractérise pas par une forte implication de l'échelon politique. Si la direction stratégique des opérations relève du Pentagone, une très large latitude est laissée au commandant d'opération , le général Franks, qui centralise l'ensemble des activités militaires depuis l' US Central Command de Tampa.

Cette séparation nette entre le niveau politique et le chef d'opération , qui rend compte mais dispose en pratique d'une très large autonomie de décision, témoigne d'une différence d'approche supplémentaire entre les Etats-Unis et l'Europe. Elle joue également dans la méfiance américaine vis à vis du rôle des alliances institutionnalisées dans la conduite d'actions militaires. S'il n'est pas concevable dans le cadre national que les chefs militaires américains aient obligation de solliciter systématiquement l'accord des dirigeants politiques pour choisir les cibles et décider des frappes, cela l'est encore moins dans un cadre multinational. L'expérience du conflit du Kosovo est à cet égard régulièrement évoquée comme un exemple à ne plus rééditer.

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