2. Des avancées à prendre en compte

Les résultats scientifiques relatifs aux effets positifs d'une consommation modérée de vin sur la santé conduisent à formuler des recommandations à l'adresse tant des pouvoirs publics que de la filière vitivinicole.

a) Communiquer sur ce champ de recherche

Ces avancées de la recherche sont insuffisamment relayées auprès du grand public.

Il serait souhaitable qu'elles soient mieux diffusées . Certes, il ne s'agit pas de conseiller aux consommateurs de boire pour préserver leur santé, mais plutôt de déculpabiliser les consommateurs à l'égard d'une consommation très modérée de vin, qui est et doit rester un plaisir, et non devenir une médication.

La mise en oeuvre d'une communication sur ce thème par la filière elle-même est délicate pour les raisons que l'on devine.

En revanche, il est tout à fait souhaitable que des organismes à caractère technique et scientifique communiquent sur les acquis et les recherches en cours.

A cet égard, il convient de souligner l'intérêt des débats et des communications organisées régulièrement au sein du groupe d'experts « Vin et santé » de l'Office international de la vigne et du vin (OIV), et qui donnent lieu à la publication d'une lettre « Vin nutrition, santé ».

Le Sénat lui-même prendra part à cet objectif de communication, en organisant à l'automne prochain, sur ce thème, un colloque à l'initiative du groupe de travail.

Par ailleurs, votre rapporteur considère qu'il serait opportun d'associer cette communication à la promotion d'un modèle alimentaire particulier, combinant une consommation modérée de vin à une nourriture équilibrée.

De fait, un certain nombre d'études tendent à prouver que l'effet bienfaisant d'une consommation modérée de vin est accentué lorsqu'il est associé à un régime de type méditerranéen , c'est-à-dire riche en polyphénols et pauvre en graisses.

b) Infléchir les politiques de santé publique à l'égard du produit vin

Les analyses convergentes qui viennent d'être évoquées ne sont nullement prises en compte par les responsables des politiques de santé publique qui continuent à promouvoir un message globalisant et culpabilisant sur la consommation de vin. Certes, il ne s'agit nullement de nier les dangers inhérents à une consommation excessive d'alcool qu'il convient absolument de prévenir.

Il existe toutefois actuellement un refus d'établir une distinction entre les différentes boissons alcoolisées et, par conséquent, des modes de consommation qui leur sont associés.

Comme Mme Jeanne Etiemble, directeur du Centre d'expertise collective de l'Institut national de la Santé et de la recherche médicale l'a expliqué aux membres du groupe de travail lors de son audition au Sénat, l'élaboration de la politique contre l'alcoolisme part du double postulat qu'il existe :

- une continuité dans le développement du risque d'alcoolisme. Selon cette hypothèse, qui est schématisée sous la forme de la « pyramide de Skinner », n'importe quel individu est susceptible de passer successivement d'un stade de consommation d'alcool à un autre ;

PYRAMIDE DE SKINNER

(risques associés à la consommation d'alcool)

Alcoolo-dépendance

Consommation nocive pour la santé

Consommation à risque

Consommation modérée

Consommation faible

- une relation, dans une population donnée, entre la consommation moyenne d'alcool et la proportion de buveurs excessifs. C'est la « loi de Ledermann ».

La combinaison de ces deux hypothèses conduit à mettre en place des politiques visant une consommation « zéro » d'alcool.

Or, comme l'a fait observer Mme Etiemble, le risque de sombrer dans l'alcoolisme n'est pas le même pour tous. Il dépend de nombreux facteurs tels que le milieu social, l'éducation, le mode de vie ou encore l'hérédité.

Ce constat doit servir à fonder une autre appréhension du problème de l'alcoolisme par les politiques de santé publique. S'il apparaît nécessaire de traiter les derniers degrés de la consommation d'alcool, représentés dans la pyramide de Skinner, comme des pathologies, il serait opportun d'adapter les messages adressés aux autres types de consommation . Par ailleurs, comme l'a souligné Mme Etiemble, la consommation à risque diffère selon les sexes, les âges, la corpulence, l'environnement alimentaire, les modes de consommation et même la prédisposition génétique. Il faut adapter le contenu des campagnes aux différentes situations.

Votre rapporteur souhaite l'élaboration d'une politique de prévention contre l'alcoolisme plus nuancée, moins globalisante, qui prenne également en compte les spécificités de chaque boisson et les différents comportements sociaux qui s'y rattachent.

Ceci implique notamment :

- de cesser d'utiliser systématiquement le vin comme symbole des boissons alcoolisées dans les campagnes de communication ;

- de réaliser une expertise collective synthétisant les études relatives aux effets sur la santé de chaque type de boisson alcoolisée . Il s'agit de compléter l'expertise collective réalisée en 2001 par l'INSERM sur les effets de la consommation d'alcool sur la santé.

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