2. DVD et Home cinéma : concurrence ou complémentarité ?

« Le DVD va tout changer. Je pense qu'il n'y aura plus de salles de cinéma. Tous les foyers auront un écran de bonne taille et pourront se projeter n'importe quel film. (...) Je pense que çà va changer la structure sociale du spectacle. Çà donnera un coup de fouet au théâtre, aux concerts de rock, parce que les gens ont besoin de sortir et de participer à un rituel. Mais le rite du cinéma lui s'efface, les jeunes font la queue pour louer des vidéos le vendredi et se retrouvent pour les regarder ensemble. Avec une bonne qualité de projection, je reconnais que ça peut être une expérience très agréable 59 ( * ) ».

Si ces remarques de Woody Allen, à l'image de la plupart de ses films, ne sont pas à prendre au premier degré, force est néanmoins de constater qu'un phénomène nouveau, la « privatisation » de la cinéphilie, se développe ces dernières années : chacun pour soi, chacun chez soi. La raison principale tient essentiellement à l'explosion de l'offre de films sur des supports autres que la traditionnelle bobine 35 mm mais aussi et surtout à l'amélioration constante de la qualité de visionnage qu'offrent ces mêmes supports.

L'exemple le plus remarquable de cette évolution est le DVD qui permet d'obtenir, chez soi, un son et une image numériques de très grande qualité . L'année 2002 restera d'ailleurs celle où, pour la première fois, les ventes de DVD auront dépassé en quantité et en valeur celles des VHS en France. Avec plus de 49,2 millions d'unités vendues en 2002 (25,5 millions en 2001), le DVD représente désormais 60% des quantités vendues (41% en 2001) et dépasse largement 70% du marché en valeur (58% en 2001).

Par ailleurs, associé à un amplificateur et à un écran 16/9ème, le lecteur de DVD permet aujourd'hui de reconstituer chez soi, à un prix de plus en plus abordable, un équipement dont la qualité se rapproche en termes d'image et de son des prestations proposées par les salles obscures. A cet égard, Serge Siritzky, lors de son audition par la mission, rappelait que, sur 4 millions de téléviseurs écoulés chaque année en France, 700 000 étaient pourvus d'écrans 16/9 e permettant avant tout, faute de programmes produits et diffusés dans ce format par les chaînes de télévision, de profiter pleinement des performances offertes par les lecteurs DVD.

Si le succès du DVD, selon les dires des études réalisées à ce sujet, ne constitue pas une menace pour la fréquentation en salles, mais plutôt une pratique culturelle complémentaire à la traditionnelle « sortie cinéma » (les acheteurs de DVD vont en moyenne 8,8 fois au cinéma par an, soit plus que la moyenne de la population française établie à 5,6 fois), nul ne peut aujourd'hui prétendre qu'il en sera de même avec le Home cinéma. Ces caractéristiques pourraient très bien en faire, non pas un produit complémentaire, mais un équipement concurrent de la salle.

Une telle perspective ne donne que plus d'importance à la nécessaire modernisation de l'ensemble du parc de salles national.

* 59 Télérama n°2731, semaine du 18 au 24 mars 2002.

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