M. Patrick de Carolis, présentateur et producteur de l'émission « Des racines et des ailes », directeur général du Figaro Magazine

J'interviens ici en tant que producteur artistique de « Des racines et des ailes », donc en tant que fabriquant qui observe comment l'on peut réinventer des programmes ou modifier ceux qui sont en cours.

On me disait récemment que la télé-réalité ou les reality-shows n'étaient qu'une mode passagère : je ne le crois pas. Pour s'en convaincre, il suffit de constater qu'aujourd'hui aux États-Unis 15 % des programmes des networks sont consacrés à la télé-réalité, et que ces programmes représentent 85 % des meilleures performances en termes d'annonceurs. Compte tenu de l'effet retard que nous connaissons toujours en France, je pense qu'il s'agit là d'une tendance lourde à laquelle il va falloir s'habituer et surtout vis-à-vis de laquelle il va falloir se positionner.

Cette tendance ne doit cependant pas en occulter une autre, liée au fait que les gens ont besoin de « ré-enchanter » leur vie. Trois éléments me permettent de penser ceci.

La crise internationale que nous vivons implique un besoin de repères : je crois ainsi fortement au retour des émissions de connaissance. Je rappelle à ce titre une réflexion de Alain Finkielkraut, qui dit qu'il ne s'agit pas de se demander quel type de monde nous allons laisser à nos enfants, mais plutôt à quel type d'enfants nous allons laisser notre monde : cela passe par un phénomène de transmission, ce que les programmes de magazines et de documentaires font le mieux. Cela constitue une formidable opportunité pour les chaînes de télévisions, quelles qu'elles soient.

Par ailleurs, les détenteurs de savoir sont aujourd'hui prêts à travailler avec la télévision, ils ne l'envisagent plus comme le diable ! Cela aussi constitue une formidable opportunité, à condition que les fabricants que nous sommes mettent leur talent à leur service, sans craindre les mots « culture », « science » ou « histoire »...

Enfin, nous devons aussi considérer la courbe démographique de la France : c'est très bien de vouloir toucher les cibles jeunes, mais ils sont de moins en moins nombreux ! La génération du baby boom a aujourd'hui 45 ou 50 ans, presque 60... C'est cette génération qui emmène ses enfants au musée ! À nous de satisfaire les besoins de cette audience potentielle.

La télévision ne doit pas simplement être le reflet de nos douleurs ou de nos vices, elle doit être aussi une promesse de bonheur.

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