C. LE DÉVELOPPEMENT DE FILIERES SPÉCIFIQUES DESTINEES AUX JEUNES PEU QUALIFIES

Au-delà de la création et de l'expérimentation d'unités de type SMA en métropole, inévitablement coûteuse en moyens humains et financiers et nécessitant une évolution de la législation, vos rapporteurs souhaitent que les armées prennent l'initiative de pérenniser, lorsqu'elles existent déjà, ou de mieux identifier des formules d'engagement ou de volontariat destinées à accueillir des jeunes peu ou pas diplômés.

Au cours des auditions vos rapporteurs ont constaté que les armées n'étaient pas spontanément volontaires pour développer des filières spécifiques de recrutement destinées aux jeunes peu qualifiés. Effectivement celles-ci présentent de nombreuses difficultés : problème de l'adéquation des jeunes aux emplois proposés (usage des armes, exemplarité...), nécessité d'un sur-encadrement coûteux et nécessitant un investissement personnel important de cadres de contact qui ne sont pas nécessairement volontaires, réticence « philosophique » à mettre en place des filières volontaristes s'apparentant à une « affirmative action » à l'américaine...

Vos rapporteurs ont également constaté que les armées étaient également beaucoup plus actives, dans l'insertion professionnelle des jeunes peu qualifiés, qu'on pouvait le croire avant une étude plus attentive. Mais souvent, à l'exception de la Marine, le recrutement de jeunes sans qualification ne correspond pas à une politique volontariste identifiée comme telle à travers une filière spécifique relevant du volontariat ou de l'engagement.

Or, il serait très souhaitable que les armées fassent l'effort d'identifier clairement les métiers ou les missions dont elles ont besoin et qui peuvent être accomplis par des jeunes sans qualification. Dès lors, ces postes préalablement identifiés pourraient être proposés et réservés de manière explicite à ces jeunes avec l'appui de partenaires spécialisés, comme les missions locales d'insertion. Ces jeunes pourraient faire l'objet d'un suivi personnalisé, par exemple sous la forme d'un tutorat et susceptible de mettre en lumière l'expérience, les savoir-faire et les formations acquises au cours du passage dans les armées. Enfin, il serait nécessaire que ces jeunes, même avant les quatre années de service, puissent, sous certaines conditions, bénéficier de l'appui des services de réinsertion.

Selon les forces armées et les postes identifiés, les jeunes pourraient être recrutés soit comme volontaires soit comme engagés de courte durée, les deux dispositifs ayant été débattus au cours des auditions. Le volontariat est la formule la moins lourde mais celle aussi qui apporte le moins de retombée au profit de l'armée qui investit, en terme de formation et d'encadrement, sur des jeunes. L'engagement offre l'avantage de s'inscrire dans un processus professionnel de plus long terme et apparaît comme plus structurant, il est également plus lourd à gérer et à mettre en place et aussi plus coûteux, les rémunérations des engagés étant plus élevées que celles des volontaires.

Par ailleurs, le développement de filières spécifiques est la démarche la moins contestée par les acteurs de la formation professionnelle ou de l'insertion des jeunes, peu enclins à voir des militaires rémunérés par le ministère des affaires sociales pour leur action de formation et d'encadrement de jeunes en difficulté. L'emploi par les armées de jeunes sans qualification pour des métiers de soutien leur apparaît en revanche plus naturelle.

La mise en place de ces dispositifs pourraient conduire les armées à prendre en charge quelques centaines de jeunes par an, qui seraient dispersés dans les unités, seraient recrutés et réinsérés localement avec le soutien des partenaires locaux .

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