PLANIFICATION

L'ANTICIPATION DE LA CHARGE DE TRAVAIL : UNE PRATIQUE PEU RÉPANDUE PAR CONFORMITÉ À L'HABITUDE D'UN MÉTIER TRÈS « RÉACTIF »

Les éléments observés sur le terrain

De nombreux indicateurs peu utilisés

Les forces de sécurité disposent d'indicateurs très nombreux leur permettant de mesurer l'activité délinquante. Outre les indicateurs officiels 77 ( * ) ou disponibles grâce aux outils MCI, BB 2000 ou LRP, chaque chef de service réalise ses propres tableaux de bord pour « suivre au plus près la délinquance et le travail des troupe s ». Grâce à ces indicateurs, les chefs de service devraient pouvoir :

§ orienter le travail des unités selon les zones de délinquance,

§ planifier la charge de travail en fonction des périodes de délinquance notamment.

En fait, ces nombreux outils ne sont que très peu utilisés pour anticiper la charge de travail.

Une action quotidienne sans anticipation

L'attribution des effectifs aux unités fait l'objet d'une analyse détaillée dans ce rapport. Nous nous contenterons ici de mentionner qu'aucune étude précise de la ressource critique indispensable à chaque unité ne nous a été présentée et ne paraît avoir été réalisée. Dans ces conditions, il est difficile d'envisager quelque planification que ce soit. Aussi, une réponse revient fréquemment : « on s'adapte avec les moyens du bord au moment où survient la crise ». Parallèlement, le sentiment général que la sécurité des biens et des personnes consiste notamment à faire face à l'imprévu n'oriente pas les responsables d'unités de terrain vers une démarche prospective.

Exemple : dans les espaces touristiques, il faut faire appel à du personnel saisonnier pour pallier les absences du personnel permanent. On observe en effet que les policiers et gendarmes profitent, comme d'autres, des longs ponts offerts par les jours fériés et d'une météo clémente pour poser leurs congés. L'afflux de touristes nécessite pourtant davantage de patrouilles et de personnels pour les procédures judiciaires. Les chefs de service déplorent n'avoir aucun moyen de pression pour résoudre cette équation difficile.

En effet, et paradoxalement, les congés sont fréquemment posés et accordés en fonction des desiderata de chacun et non en fonction des impératifs de service qui peuvent être anticipés. Quelques règles prévalent cependant : ne pas dépasser plus de 30 % d'absences dans chaque unité. Ensuite, des règles locales semblent appliquées : priorité des plus anciens ou priorité des plus gradés, dépassement toléré du quota de 30 % d'absences en période estivale.

En somme, la planification actuelle du travail repose dans les faits essentiellement sur la subordination des besoins de service aux dates de congés des personnels.

En marge de cette organisation, les diverses missions de détachement ou les opérations extérieures remplies par les gendarmes ne tiennent pas compte de la charge de travail prévisible de leur unité d'appartenance.

Exemple : dans une brigade visitée, un gendarme a été retenu pour une mission à l'étranger sans que le sous-effectif chronique de sa brigade d'origine n'ait été pris en considération.

* 77 Permettant d'alimenter l'état 4001.

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