d) Evolution de l'inflation

Le redressement cyclique de la productivité devrait permettre de faire diminuer légèrement le taux d'inflation. Sous l'hypothèse d'un maintien des taux de change à leurs niveaux récents, et d'un retour des prix du pétrole aux alentours de 26 dollars le baril en 2004, l'inflation hors tabac s'établirait à 1,5 % en moyenne en 2004, après 1,7 % en 2003 (prévision du Gouvernement). En incluant les prix du tabac, l'inflation s'établirait à 1,8 % en 2004, après 2 % en 2003.

Tous les instituts s'attendent, de même, à un ralentissement de l'inflation en 2004. Leur prévision moyenne est de 1,7 % en 2004, après 1,9 % en 2003. Ce ralentissement contribuerait positivement aux gains du pouvoir d'achat des ménages. Mais le maintien du chômage à un niveau élevé pèserait sur la progression des salaires.

3. La reprise espérée en 2004 doit beaucoup à des politiques économiques franchement expansionnistes, notamment aux Etats-Unis
La politique économique américaine s'est montrée fortement réactive après le retournement conjoncturel intervenu en 2000. Le Japon, enlisé pendant une dizaine d'années dans la stagnation et la déflation a aussi mobilisé les ressources de la politique monétaire et budgétaire pour tenter de retrouver le chemin de la croissance, mais avec jusqu'ici des résultats plus mitigés. Par comparaison, le policy-mix de la zone euro apparaît plus restrictif, en dépit de la dégradation des soldes publics dans les grands pays de la zone (Allemagne et France notamment).

Cette orientation expansionniste de la politique économique est, semble-t-il, en train de porter ses fruits, surtout aux Etats-Unis. Il convient toutefois de noter que les marges de manoeuvre disponibles pour un soutien supplémentaire à l'activité sont aujourd'hui limitées. De sorte qu'il serait difficile de faire face, avec la même efficacité, à une « rechute » de l'activité, ou à un choc exogène.

La politique économique américaine est, depuis trois ans, franchement expansionniste. En 2003, le déficit public aux Etats-Unis devrait être, en incluant les Etats fédérés, de l'ordre de six points de PIB, et les taux d'intérêt nominaux à court terme ont atteint le niveau historiquement bas de 1 %. Le retour de la croissance aux Etats-Unis pourrait inciter la Réserve fédérale à remonter ses taux en 2004. Le creusement des déficits rend difficilement envisageable une nouvelle impulsion budgétaire, et plaide plutôt en faveur d'une politique budgétaire plus neutre, voire restrictive. Une correction brutale est cependant peu probable en période d'année électorale, et du fait des dépenses occasionnées par l'occupation de l'Irak. La diminution du déficit serait donc modérée ; le FMI table sur un déficit ramené à 5,6 % du PIB en 2004.

Les marges de manoeuvre de la politique économique japonaise sont plus réduites qu'aux Etats-Unis. En dépit de taux d'intérêt de court terme ramenés à zéro, la Banque du Japon n'a pu mettre fin à la déflation qui affecte le pays depuis maintenant quatre ans. Le déficit des administrations publiques serait de l'ordre de 7,4 % du PIB en 2003, et viendrait alimenter un endettement public qui atteindrait 166 % du PIB à la fin de l'année, selon le FMI. La hausse de la dette publique pourrait peser sur les taux longs, qui, dans les prévisions de Rexecode, atteindraient 2 % à la fin de 2004 (contre 0,6 % à la mi-2003). Le déficit public serait ramené aux alentours de 6 % du PIB l'année prochaine.

En comparaison de ces deux premières zones, la politique économique de la zone euro apparaît sensiblement moins expansionniste ( cf. tableau infra pour une comparaison de l'évolution des soldes publics aux Etats-Unis et en Europe). Sur le front monétaire , le taux de refinancement est fixé, depuis juin, à 2 % par la Banque centrale européenne. En ce qui concerne la politique budgétaire , le solde des administrations publiques de la zone euro devrait être de - 2,7 % en 2003, si l'on se réfère à la prévision moyenne des instituts, de -2,8 % si l'on retient la prévision de la Commission, et de - 3,1 % pour le Gouvernement.

Solde des administrations publiques sur la période 2000-2003
Comparaison Etats-Unis - zone euro
(en points de PIB)

 

2000

2001

2002

2003*

2004*

Etats-Unis

1,2

- 0,7

- 3,8

- 6

- 5,6

Zone euro

0,1

- 1,7

- 2,3

- 3

- 2,8

France

- 1,4

- 1,4

- 3,1

- 4

- 3,5

* prévisions FMI.

Source : FMI


Cette orientation peut être interprétée comme une conséquence de la discipline imposée par le Pacte de stabilité et de croissance, qui interdit et peut sanctionner tout déficit supérieur à 3 % du PIB. Le Pacte fixe également aux Etats un objectif, indépendant de la situation conjoncturelle, de retour à l'équilibre, voire à l'excédent. Or, les deux plus grands pays de la zone, la France et l'Allemagne, affichent des niveaux de déficits supérieurs au plafond autorisé (4 et 3,8 points de PIB respectivement). Dès lors, l'orientation de politique économique de la zone euro en 2004 dépendra beaucoup de l'attitude qui sera suivie à l'égard des règles du Pacte de stabilité et de croissance. Une application rigoureuse du Pacte étoufferait, vraisemblablement, la modeste reprise attendue l'an prochain .

Les instituts indépendants, comme le Gouvernement, s'attendent à ce que le niveau moyen des déficits publics dans la zone euro soit, en 2004, identique à celui observé en 2003. Implicitement, l'hypothèse retenue est donc celle d'une application souple des règles du Pacte. Pour la Commission également, la consolidation budgétaire serait très limitée, puisque le déficit moyen des pays de la zone euro ne se réduirait que de 0,1 point de PIB entre 2003 et 2004 2( * ) . Néanmoins, le manque de lisibilité de la politique économique européenne représente une source d'incertitude majeure pour les agents économiques .

La Banque centrale européenne plaide en faveur d'un assainissement budgétaire en Europe, en dépit de l'impact récessif qu'une telle politique aurait à court terme. Sa politique monétaire est apparue, jusqu'ici, peu réactive, et peu soucieuse de l'évolution du taux de change de l'euro (v. supra ), ce qui conduit à s'interroger sur la détermination des autorités monétaires à compenser, par une baisse des taux, une éventuelle appréciation de l'euro.

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