ÉCHANGE AVEC LE PUBLIC

Animateur : Françoise LANDAIS, ministère de l'Economie, de Finances et de l'Industrie - DECAS

Jean-François VANNIERE , chargé de la communication de l'école Boule - trouve que l'on n'a pas beaucoup parlé des élèves. Son travail principal consiste à recevoir parents et élèves pour l'entrée dans les filières de l'école Boule et du lycée professionnel Nicolas Flamel très prochainement. Beaucoup de parents recherchent des établissements de formation, sans doute y a-t-il quelque chose à faire par le ministère ou les organisations en région.

Il y a également un problème de sectorisation par rapport aux CAP. Les élèves qui sont très souvent en perdition et qui ont déjà eu plusieurs échecs au cours de leur scolarité, arrivent à 15 ou 16 ans pour rentrer en CAP, et cela posera peut-être un problème si les CAP se passent en plusieurs années.

Les changements, c'est quelque chose de superbe, mais l'information passant par les enseignants qui ont les jeunes dans les classes primaires ou au collège semble aussi très importante. Parfois les filières sont prises par défaut et l'élève est en échec. On parlait tout à l'heure de remise à niveau, il faut quand même un sacré dossier scolaire pour pouvoir rentrer en mise à niveau. L'école Boule dispose de 24 places pour la section métiers d'art ou arts appliqués, alors qu'elle reçoit 250 demandes d'un côté et 600 de l'autre.

La notion de CAP est extrêmement mal vécue par les parents, pour eux, c'est une catastrophe et la « poubelle », mais c'est vrai. Il y a une information à faire du côté des parents pour qu'on ne pense pas qu'un CAP est une punition. C'est trop souvent comme ça que les familles prennent les choses et c'est très difficile à gérer.

Françoise LANDAIS rappelle les propos de M. DUTREIL, c'est-à-dire qu'il mène une action pour revaloriser l'image de l'apprentissage, et notamment vis-à-vis des parents. Elle engage M. VANNIERE à lire le livre blanc sur l'apprentissage qui est en ligne sur le site du ministère, www.pme.gouv.fr où l'on peut voir les résultats de l'enquête qui a été faite auprès des parents et auprès des élèves, et qui montre effectivement cette image un peu dévalorisante de l'apprentissage.

Jean-François VANNIERE en convient, mais le problème, c'est qu'il faut pouvoir informer les parents qui sont aux fins fonds de la province quand leur gamin leur annonce qu'il veut être luthier ou ébéniste. Ils ne savent pas non plus où se trouvent les classes de mise à niveau.

Intervenant - Il y a environ 1 300 contacts par jour et dans ces contacts, la majorité porte sur des questions liées aux filières de formation. Chaque demande reçoit une réponse personnalisée.

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François VARSIN, luthier - précise, en tant qu'ancien élève de l'école Jean-Baptiste Vuillaume, que sans une école nationale, il n'aurait jamais fait ce métier. Il y a des professions qui sont fermées à l'apprentissage ; à cette époque-là, c'était le cas, aujourd'hui, ça l'est un peu moins. A l'époque, le premier patron était aidé par des subventions d'Etat et il avait un complément d'apprentissage. François VARSIN a donc eu la chance de vivre les deux expériences.

A aucun moment, on n'a parlé de la sensibilisation des élèves à la musique, au dessin, aux travaux manuels dans l'enseignement général. Si l'on veut avoir des « clients » plus tard, il ne faudrait pas perdre de vue le rôle essentiel de l'Etat et de l'Education nationale dans ce domaine. Donner une lisibilité aux métiers d'art, encore faut-il que cela s'adresse à des gens capables de le voir.

Il semble à Jean-Claude DORLEANS et Christophe de LAVENNE que monsieur BAQUÉ a furtivement évoqué cette question ce matin.

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Michel DREANO , en sa qualité de 1 er vice-président de l'APCM, a délégation générale sur la formation professionnelle du réseau. Souvent, les parents orientent les enfants en fonction de l'ambition de carrière qu'ils ont pour eux, ambitieux de les voir gravir les différentes strates de l'enseignement général jusqu'au plus haut niveau, parce qu'ils espèrent pour eux une brillante carrière.

Il a reçu plusieurs témoignages qui ont fait surgir le fait qu'après avoir satisfait aux souhaits des parents d'avoir fait une formation générale de bon niveau, avec des Bac + quelque chose, ils allaient vers une vocation qui était la leur. Leur souhait, leur vocation de se tourner vers un métier. A l'instant, les témoignages que l'on vient d'entendre ont fait la promotion d'une offre de formation. Yvan HOUSSARD a dit également que sur Internet, on peut s'informer sur les différentes formations qui sont à disposition sur l'ensemble du territoire. On évoque aussi l'ambition de les diffuser plus largement à l'étranger, et notamment en Europe.

Le souci de Michel DREANO quand il a pris ses fonctions, c'est que la diversité des métiers s'étiolait, disparaissait dans le temps parce qu'on ne les voit plus vivre au quotidien. Toutes les activités ont été concentrées dans des zones industrielles, dans des zones artisanales, dans des quartiers où il y a des métiers, et les jeunes ne les côtoient plus au quotidien. Il y a une quinzaine d'années, quand les enfants rentraient en CM2, ils remplissaient une fiche où ils indiquaient le métier du père et de la mère, et ils savaient remplir cette fiche. Il y a 10 ans, ils disaient, « mon père travaille à tel endroit, ma mère travaille à tel endroit », mais ils n'indiquaient plus le métier ni du père ni de la père. Michel DREANO pense que l'on a laissé partir tout un fonds culturel qui était la diversité des métiers.

Dans les chambres des métiers, à peu près 500 métiers différents sont répertoriés, 250 rien que pour les métiers d'art. Qu'en connaissent les familles et les jeunes au moment du choix d'une orientation ? Nous sommes tous coupables de l'information sur les métiers. On informe sur les filières de formation, sur les parcours, sur les contenus, sur les objectifs à atteindre, sur l'insertion, mais on communique sur les métiers et les diversités qui s'offrent aux jeunes.

Nous en sommes responsables parce que, combien de fois avons-nous dénigré notre propre métier parce qu'on ne mettait en avant que les aspects négatifs. Arrêtons de nous plaindre, nous avons des métiers merveilleux, il faut savoir en parler, mais ll faut aussi savoir les présenter et les exposer, les diffuser par des moyens modernes de communication. Aujourd'hui, on a Internet, on a de la vidéo, on a du multimédia. Que l'on s'attelle tous à la tâche de montrer ce que sont les vrais métiers, la réalité des métiers, la modernité des métiers parce qu'ils ont évolué. Ils ont préservé la tradition et les savoir-faire, mais ils ont évolué avec les techniques et il faut réactualiser les supports qui présentent les métiers pour que les jeunes puissent faire un véritable choix.

Françoise LANDAIS ajoute que les Journées métiers d'art sont une formidable réponse à ce souci de communiquer, et il faut espérer que les journées de 2004 auront le même succès que les journées de 2002, et que petit à petit, elles auront le même succès que les Journées du patrimoine.

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