B. LES CHAÎNES D'AGGLOMÉRATION

1. Présentation

Les chaînes d'agglomération sont implantées dans les zones où la densité de population est forte. Celles-ci disposent, en plus du réseau câblé, de fréquences terrestres et sont en mesure d'offrir un programme complet, 24 heures sur 24, à une grande ville et ses environs. Le développement des chaînes d'agglomération a été jusqu'à présent très difficile en Allemagne, à cause, d'une part, de la faible signification de l'information locale pour les grandes villes et, d'autre part, de l'importance de l'offre télévisée en agglomération due à la densité des réseaux câblés et du satellite. Les chaînes sont obligées d'investir de grosses sommes dans leurs programmes afin de pouvoir concurrencer les chaînes nationales.

Beaucoup de chaînes d'agglomération ont été durement touchées par la faillite de l'empire Kirch en 2002. En effet, à la fin des années 90, Leo Kirch avait commencé à racheter des chaînes locales pour les réunir sous un même toit. Il était ainsi devenu le propriétaire de tv.münchen, TV.Berlin et Hamburg 1. Ces chaînes ont toutes les trois déposé leur bilan en même temps que KirchMedia. Elles ont cependant trouvé rapidement de nouveaux acquéreurs. TV.Berlin et tv.münchen ont ainsi été reprises par Kanal 1, alors en la possession de l'entrepreneur autrichien Hanno Soravia. Quant à Hamburg 1, elle a été reprise par l'agence de presse DFA (92,7% du capital) et la maison d'édition Axel Springer (7,3% du capital).

Les chaînes d'agglomération sont aujourd'hui au nombre de neuf : FAB - Fernsehen aus Berlin, TV.Berlin, TV Südbaden, Hamburg 1, RNFplus, tv.münchen, Franken TV, Saar TV et Sachsen Fernsehen.

Notons que suite à une décision de l'office de régulation de Bavière (BLM), la chaîne tv.münchen va perdre sa licence à compter du 30 juin 2005. Cette décision intervient suite à la revente des parts détenues par Thomas Kirch, le fils de Leo Kirch, à Kanal 1, qui est entre temps devenu la propriété d'un investisseur du Lichtenstein. Le BLM a en effet estimé que la chaîne perdait ainsi ses racines locales. Avant la vente, Thomas Kirch détenait 60 % du capital de tv.münchen.

2. Aspects économiques et financiers

Les chaînes d'agglomération sont les chaînes les moins rentables de toute l'Allemagne. En 2002, leurs charges totales se sont élevées à 78 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires total de seulement 29 millions d'euros. En 2002, elles avaient donc un taux de couverture de 37 %. Ces dernières années, elles ont également procédé à des licenciements massifs. Ainsi, entre 2000 et 2002, la moitié des 769 salariés qui travaillaient pour des chaînes d'agglomération ont perdu leur emploi. La cause principale de ces difficultés économiques sont, au-delà de la faillite de l'empire Kirch, les énormes coûts de fonctionnement. Ceux-ci sont liés au fait que les chaînes d'agglomération sont en concurrence avec les chaînes nationales et essaient d'offrir la même qualité de programme.

Les chaînes d'agglomération sont entièrement privées et se financent à 100 % par la publicité, le sponsoring et les recettes issues du télétexte. En moyenne, 80 % des espaces publicitaires sont vendus à des annonceurs régionaux et 20 % à des annonceurs nationaux.

3. L'avenir des chaînes d'agglomération

En raison de leurs fortes charges d'exploitation, les chaînes d'agglomération pourront seulement survivre si elles vendent suffisamment d'espaces publicitaires et si elles réduisent les coûts de leurs programmes. Les recettes issues de la publicité régionale ne suffisent plus. C'est pourquoi depuis 2000, pour atteindre ces objectifs, les chaînes des différentes villes s'associent entre-elles afin de se rendre attractives vis-à-vis des annonceurs publicitaires nationaux. Au sein de ces groupes, les programmes peuvent être échangés et les annonceurs publicitaires nationaux peuvent acheter des « lots » afin de diffuser la même publicité dans différentes villes. Cela implique alors une bonne coordination entre les chaînes d'agglomération, qui doivent être en mesure d'harmoniser leurs grilles de programmes et d'offrir à chaque fois des groupes-cible clairement définis.

Ce système ne pourra continuer à se développer que si les annonceurs publicitaires nationaux y trouvent un intérêt. A priori, les chaînes d'agglomération présentent certains avantages. Tout d'abord, les annonceurs publicitaires nationaux peuvent ainsi procéder à des tests qui ne sont pas possibles dans le programme national. En outre, la cible des grandes villes est très attrayante car elle est normalement plus riche, plus jeune et plus cultivée qu'à la campagne.

Cependant, les chaînes d'agglomération se sont aperçues qu'en voulant se rendre attractives auprès des annonceurs nationaux, elles remettaient en cause leur raison d'être, ce qui a conduit à des baisses d'audience notables. En effet, en harmonisant et uniformisant leurs programmes, beaucoup de chaînes d'agglomération ont perdu leur caractère local et leur authenticité. La chaîne Hamburg 1 par exemple a corrigé le tir dès 2003 en remettant l'accent sur des thématiques locales, ce qui lui a permis de gagner 13 % de téléspectateurs en un an (301.000 spectateurs par jour en 2002, 341.000 spectateurs par jour en 2003, ce qui correspond à 12,3 % de la population de Hambourg).

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