2. Des applications technologiques de plus en plus poussées

La description des avantages offerts par le haut débit n'est plus à faire.

Au-delà de la rapidité d'envoi et de réception des données numériques, son principal intérêt est de permettre un accès illimité et permanent à l'Internet grâce à une tarification le plus souvent forfaitaire , alors qu'en bas débit, les prix dépendent généralement (même si la commercialisation de forfaits s'est récemment développée) de la durée de connexion.

Il offre ainsi une liberté et un confort incomparables pour consulter des pages web, échanger des courriers électroniques ou participer à des forums.

En outre, il permet de transporter des quantités de données bien plus importantes que le bas débit, autorisant ainsi non seulement le téléchargement de fichiers audio ou vidéo , mais également la mise en oeuvre d'applications interactives « en temps réel » utilisant le texte, l'image et le son. On peut ainsi recevoir en direct des flux audiovisuels diffusés par Internet ( streaming) , voir ses interlocuteurs à distance grâce à une webcam , dialoguer avec eux en les voyant ( visioconférence) , ou encore téléphoner par Internet grâce à la technique de la « voix sur Internet » (ou voix sur IP).

La téléphonie sur IP

La voix sur protocole Internet (« voice over Internet protocole » ou VOIP ) consiste à faire transiter par Internet des communications téléphoniques transformées en données numériques.

D'un point de vue technique, la téléphonie fixe classique fonctionne en « mode circuit », qui permet des communications instantanées mais utilise des ressources même lorsqu'aucune information n'est transmise.

A l'inverse, le protocole est un « mode non connecté » qui repose sur la transmission de paquets d'informations routés indépendamment les uns des autres. Ce codage et l'acheminement optimisé de ces paquets de données permettent d'économiser les ressources utilisées, notamment pour les appels sur longue distance. Toutefois, des phénomènes de saturation peuvent se produire qui affectent parfois la qualité du service rendu.

La téléphonie sur IP se développe aujourd'hui selon plusieurs modalités :

- elle peut consister en des communications gratuites, établies de PC à PC grâce à l'utilisation d'équipements particuliers (un logiciel tel que Skype et un microphone). Un tel système ne permet pas en principe de passer des appels sur le réseau téléphonique classique ;

- la téléphonie sur IP peut être commercialisée par des opérateurs spécialisés dans la fourniture de voix. Ne possédant pas leur propre réseau, ces fournisseurs achètent auprès d'autres opérateurs des volumes de communications en gros qu'ils revendent au détail. Développé notamment aux Etats-Unis et au Canada, ce système nécessite, de la part des utilisateurs, un accès au haut débit et un logiciel ou un adaptateur. La qualité de service est souvent inégale. En France, des opérateurs tels que Wengo ou PhoneSystems se sont lancés sur ce marché ;

- elle peut également être commercialisée par les fournisseurs d'accès à Internet (FAI), le plus souvent dans le cadre d'offres dites « triple play » comprenant le haut débit, la téléphonie fixe illimitée et la télévision. Dans ce modèle, le fournisseur de VoIP possède son propre réseau. Pour les clients, les appels entre abonnés du même réseau sont gratuits et le coût des appels inter-réseaux est limité au coût de l'interconnexion.

- enfin, la téléphonie sur IP peut être mise en place pour les communications à l'intérieur d'une même entreprise, grâce à l'achat de centraux téléphoniques du type IP PBX. La qualité de service obtenue sur ces réseaux internes est particulièrement satisfaisante.

La téléphonie sur Internet permet aux utilisateurs du haut débit de réaliser des économies considérables sur leurs communications téléphoniques, en particulier pour les appels internationaux. Elle est donc susceptible de bouleverser le modèle économique classique des télécommunications.

En France, la téléphonie sur IP est notamment commercialisée par Free, Neuf Cegetel, Alice (filiale de Télécom Italia), Tiscali et Wanadoo.

Parmi les autres évolutions rendues possibles par le haut débit, il convient de citer le développement de la télévision sur Internet, qui suscite un véritable engouement depuis l'année dernière. Plusieurs opérateurs de télécommunications commercialisent ainsi des abonnements à des chaînes de télévision vendues par bouquet ou à l'unité. Free les propose, par exemple, dans le cadre d'un forfait combinant l'accès illimité à l'Internet à haut débit et à la téléphonie fixe. France Télécom distribue, pour sa part, les bouquets de CanalPlus et TPS via un abonnement à « Ma Ligne TV ». Neuf Télécom (désormais Neuf Cegetel) propose également ce service dans le cadre de l'offre NeufTV.

Enfin, utilisé dans le cadre de technologies sans fil , le haut débit rend possible l'Internet mobile ou « nomade ». La technologie Wifi (Wireless fidelity) permet ainsi de se connecter à Internet dans un rayon de 50 à 100 mètres autour d'une borne, à l'intérieur d'un bâtiment ou en milieu ouvert. De même, grâce au Wireless Application Protocol (WAP), il est possible d'accéder à des services simplifiés d'Internet depuis un téléphone mobile GSM. Quant à la téléphonie mobile de troisième génération (Universal mobile telecommunications system ou UMTS), elle permet désormais de regarder la télévision, d'écouter de la musique et même de voir un interlocuteur (visiophonie), grâce à un débit (384 kbit/s) sensiblement supérieur à celui de la téléphonie classique (50 kbit/s). Force est toutefois de reconnaître que la commercialisation de l'UMTS peine pour l'heure à démarrer.

Il n'en reste pas moins que progressivement, grâce au haut débit, les innovations technologiques établissent des passerelles et permettent des transferts de données entre des supports (téléphone fixe, mobile, ordinateur, téléviseur...) qui avaient jusqu'à présent des usages bien délimités. On assiste, via le numérique, à une intégration des technologies et à une convergence des usages (le « tout numérique »), comme le soulignait M. Pierre-Antoine Badoz, directeur des relations institutionnelles de France Télécom, lors de son audition par votre rapporteur.

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