2. L'organisation des ventes à prix modéré

De novembre 2004 à juin 2005, 38.642 tonnes de céréales ont été vendues à prix modéré par le dispositif national de prévention et de gestion des crises, auxquelles il convient d'ajouter 1.277 tonnes au titre d'un programme « nourriture contre travail ». La vente à prix modéré procure au gouvernement des recettes lui permettant de reconstituer partiellement son stock et de remettre ainsi sur le marché de nouvelles quantités de vivres.

La vente sur le terrain a été assurée par les comités sous-régionaux regroupant des fonctionnaires, des responsables de collectivités locales, d'associations locales et d'organisations non gouvernementales. Les ventes ont été faites, pour un sac de 100 kilos de mil, sur la base de 10.000 francs CFA, soit moins de la moitié des prix de marché.

Les ventes à prix modéré, si elles visent à satisfaire les besoins des populations, permettent également de modérer la hausse des prix de marché. Cette modération n'a pas été constatée en 2005 car le dispositif n'a pas pu se procurer, comme il le prévoyait, les 30.000 tonnes supplémentaires qu'il souhaitait vendre à prix modéré, et qui auraient sans doute peser sur les prix.

Alors que des marchés avaient été passés en mai 2005, les commerçants sélectionnés ont préféré perdre leur caution plutôt que de livrer les céréales commandées. La frontière avec le Burkina Faso s'est trouvée au même moment fermée. Le dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires a été contraint de passer une commande en Inde 35 ( * ) (à des prix d'ailleurs plus favorables que ceux offerts par la sous-région), rallongeant très fortement les délais. Le Niger s'est ainsi trouvé en juin dans une situation difficile, sans céréales à distribuer.

C'est ce moment qu'ont choisi certaines organisations non gouvernementales pour, d'une part, donner l'alerte aux médias internationaux, sur la crise nutritionnelle que connaissait le Niger, et d'autre part, pour faire le procès des ventes à prix modérés , au motif que celles-ci restaient inaccessibles aux plus pauvres, et n'atteignaient pas les populations les plus isolées. C'est notamment cette action médiatique qui a provoqué un changement de cap, et la mise en route, à l'été 2005, par le programme alimentaire mondial et le dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires, de distributions gratuites.

Vos rapporteurs spéciaux ne souhaitent pas entrer dans une querelle entre ventes à prix modérées et distributions gratuites. Ils indiquent néanmoins avoir rencontré à Dakoro, zone pourtant considérée comme vulnérable, des organisations non gouvernementales menant, soit des opérations de « vivres contre travail » - c'était le cas d'OXFAM -, soit des ventes à prix modéré, annoncées à l'avance - c'était le cas de Vétérinaires sans frontières - sans que les populations signalent des difficultés pour se procurer les moyens financiers nécessaires.

Il convient, en effet, d'adapter le mode opératoire au calendrier de la saison agricole. Il a, en effet, été signalé à vos rapporteurs spéciaux deux moments délicats où il est effectivement difficile de se procurer des moyens financiers pour faire face aux ventes à prix modérés : après les semis, notamment parce que les hommes sont alors partis, au Nigéria ou dans d'autres régions, et juste avant les récoltes. Entre ces deux périodes, les nigériens pauvres sont fréquemment employés pour des travaux des champs de leurs voisins plus riches, trouvant ainsi des revenus limités, mais suffisants, pour faire face aux ventes à prix modéré. Ces considérations n'empêchent évidemment pas d'imaginer des distributions gratuites bien ciblées pour les populations les plus défavorisées socialement.

* 35 Qui a été livrée à la fin du mois d'août 2005.

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