C. DES ATOUTS À DÉVELOPPER

Malgré ses difficultés, Mayotte a des atouts sur lesquels elle peut miser pour favoriser son développement.

1. Trois projets structurants prioritaires

Trois grands projets, parfaitement identifiés, sont de nature à accélérer de façon évidente le développement de Mayotte. Ils lui permettront d'assurer son désenclavement aérien, maritime et technologique :

a) Le prolongement de la piste de l'aéroport de Pamandzi

Décidée en décembre 2003, elle permettra d'accueillir des avions gros porteurs et donc des vols directs depuis la métropole ou de quelques autres pays du monde développé, ce qui devrait avoir un effet important pour le développement du tourisme.

En effet, il est pratiquement impossible aujourd'hui de se rendre à Mayotte sans passer par La Réunion, ce qui représente à la fois un surplus non négligeable de kilomètres et de temps et un coût élevé.

Cela contribuera aussi à diminuer le coût du fret et donc du prix de nombreux produits sur le marché local, tout en facilitant les exportations de productions locales.

b) L'extension du port de Longoni

Construit en 1993, le port de Longoni concentre 99 % de l'activité portuaire de l'île. Outre les importations et exportations, il a un rôle de transbordement, témoignant ainsi de la place de Mayotte dans les échanges régionaux.

Afin de répondre à sa saturation, il a été décidé en 1997 de procéder à son extension. Les travaux de terrassement ont été effectués en 2003 et la construction du quai de 220 mètres a démarré en 2005. La livraison du nouveau terminal à conteneurs devrait intervenir à la fin de 2006.

c) L'installation du câble à haut débit

Pour mieux assurer le raccordement « technologique » de Mayotte au reste du monde, l'arrivée du haut débit est nécessaire. Il permettra de remédier à certains aspects de son isolement et ouvrira surtout de nouvelles opportunités de développement.

2. Favoriser les investissements dans quelques domaines porteurs d'avenir

Plusieurs domaines offrent de réels potentiels de développement, qu'il s'agisse du tourisme, de l'agriculture, de la pêche ou encore de l'artisanat. Ces secteurs sont en outre susceptibles d'entraîner la création de nombreux emplois locaux. Il convient donc de faciliter et encourager les investissements dans ces domaines.

a) Le tourisme

Le tourisme est encore à l'état embryonnaire à Mayotte. Si l'Océan indien est une destination à vocation touristique affirmée grâce à la notoriété de l'Ile Maurice (plus de 700.000 touristes par an), de La Réunion (430.000 touristes annuels) et de Madagascar, Mayotte n'a pas encore trouvé sa place et doit donc afficher sa spécificité.

« L'île au lagon » a accueilli en 2004 environ 32.000 visiteurs, dont plus de la moitié en provenance de La Réunion. Sa capacité hôtelière est encore faible avec trente-quatre établissements et un total de 749 lits.

Pourtant Mayotte a de réels atouts, elle dispose d'une faune et d'une flore peu communes et du lagon le plus vaste de l'Océan indien, l'un des rares au monde à présenter une double barrière de corail.

Pour développer cette destination « originale », plusieurs obstacles devront toutefois être surmontés :

- la cherté du prix du billet d'avion notamment liée au nombre limité de dessertes aériennes ;

- les difficultés de transport à l'intérieur de l'île ;

- l'insuffisance du nombre de structures d'accueil et en particulier de structures de qualité (seule la moitié des équipements actuels répond à peu près aux normes de confort international) ;

- un rapport qualité/prix peu satisfaisant du fait de l'importance des coûts d'approvisionnement et du peu de qualification de la main-d'oeuvre disponible ;

- l'absence de maîtrise suffisante du français par une partie de la population.

Les évolutions actuelles, tant dans le domaine de la desserte aéroportuaire que de la formation, par exemple, permettent néanmoins d'envisager un avenir prometteur pour le tourisme à Mayotte au cours des prochaines années.

b) L'agriculture

L'agriculture à Mayotte est une activité traditionnelle et familiale qui occupe une place centrale dans la société mahoraise. Elle continue en effet à faire vivre, directement ou indirectement, 55 % des ménages mahorais, pour lesquels elle représente soit un moyen d'autosuffisance alimentaire, soit un faible complément de revenus. Actuellement, 85 % de la production sont destinés au marché local, ce qui en fait une agriculture très peu valorisée sur le marché extérieur. Seul un tiers des agriculteurs vend ou échange aujourd'hui une partie de sa production.

L'île assure son autosuffisance pour les produits de base de l'alimentation (banane, coco, manioc, oeufs, etc.) à l'exception toutefois du riz. Pour le reste, la grande majorité des denrées alimentaires est importée.

Les cultures d'exportation de l'ylang-ylang, de la vanille et de la cannelle sont en net déclin.

Afin d'accroître la production et de développer les exportations, il est prévu d'appuyer la politique agricole en faveur de Mayotte selon trois axes au cours des prochaines années :

- la professionnalisation des agriculteurs, avec notamment la mise en place d'une chambre d'agriculture ;

- la mise en place de mesures spécifiques, telles que des prêts bonifiés, pour développer les investissements ;

- l'éligibilité de Mayotte en tant que région ultra-périphérique à la politique agricole commune de l'Union européenne.

c) La pêche et l'aquaculture

La pêche est essentielle à l'autosuffisance alimentaire des Mahorais. Elle revêt donc une importance majeure mais elle demeure une activité artisanale et rudimentaire.

Ainsi près de 40 % des pêcheurs pratiquent la pêche à pied. De même, la flottille des pêcheurs est constituée à 78 % de pirogues traditionnelles à balancier. Le faible équipement des pêcheurs mahorais ainsi que leur faible technicité entraînent des techniques de capture rudimentaires et peu diversifiées et un rendement moyen par sortie faible, de l'ordre de 20 kg pour les pirogues et de 51 kg pour les barques.

La faible motorisation des pêcheurs détermine leur lieu de pêche puisque seules les barques motorisées peuvent franchir la barrière de corail. La majeure partie des embarcations travaille donc à l'intérieur du lagon. En outre, en l'absence de système de conservation des captures, seuls 2 % des pêcheurs déclarent fréquenter des sites éloignés.

La pêche mahoraise est avant tout une activité d'autosubsistance, près de la moitié des ménages de pêcheurs consommant la totalité de ses captures. La commercialisation se développe mais est peu structurée, se faisant dans 60 % des cas directement sur la plage au retour des bateaux.

Quelques groupements professionnels ont été mis en place. Leurs résultats sont encore modestes mais ils représentent un embryon d'organisation et jouent un rôle structurant important au sein des communautés de pêcheurs.

L'aquaculture est une activité récente à Mayotte. Les premiers élevages ont été créés fin 1999 et la commercialisation a commencé en 2001. Aujourd'hui, les poissons de l'aquaculture, presque exclusivement de l'ombrine, constituent la première exportation de Mayotte qui est devenue le premier producteur de poissons d'aquaculture de tout l'Outre-mer français .

En raison de conditions naturelles exceptionnelles, Mayotte dispose, dans ce domaine, d'un potentiel de développement important, favorisé par l'ouverture du marché européen au mois de juillet 2001. Néanmoins, pour permettre le développement des volumes de production, il est impératif d'améliorer les circuits commerciaux, notamment à l'export, et de créer les conditions d'une desserte aérienne satisfaisante et d'un coût de transport compétitif, ce qui n'est pas encore le cas.

Parmi les quatre entreprises actuellement en activité, il faut signaler le GSMA, Groupement du service militaire adapté, qui dispense chaque année à six ou sept jeunes Mahorais une formation au métier d'aquaculteur.

Mayotte - Accueil traditionnel mahorais à l'aéroport de Pamandzi

La délégation avec Adrien Giraud et Soibahaddine Ibrahim ,
sénateurs de Mayotte

(photos : Guy Fischer)

Mamoudzou - Visite de l'opération de réhabilitation
du quartier Mandzarsoa-Mtsapere

(photos : Guy Fischer)

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