B- Le financement du marché du logement en 2005 : le repli des transactions dans l'ancien conduit à une stagnation de la dépense

En 2005, la dépense logement pourrait se stabiliser en valeur dans un contexte de forte contraction des crédits nouveaux ; dans ces conditions, le taux d'autofinancement apparent connaîtrait un net redressement après son sensible repli en 2004.

C- Les modalités de garanties

Les banques assurant le financement d'un projet immobilier demandent une garantie pour se protéger face au risque de défaut de paiement de la part de l'emprunteur. Cette garantie est le plus souvent une hypothèque, notamment dans les pays anglo-saxons où le même terme de « mortgage » désigne le prêt immobilier et l'hypothèque. La France est plutôt tournée vers la caution.

Le crédit hypothécaire ou « mortgage » est basé sur la notion de sûreté réelle adossée au crédit. Hors de la France, le crédit immobilier est systématiquement hypothécaire, mais le crédit hypothécaire n'est pas systématiquement immobilier (via les recharges ou refinancements de crédit). Du point de vue opérationnel pour les banques, le crédit hypothécaire est différent des autres crédits. Le processus d'octroi n'étudie pas uniquement la probabilité de défaillance de l'emprunteur, mais aussi nécessite l'évaluation du bien gagé. Il est mieux perçu par la réglementation prudentielle (Bâle), et a des ratios de solvabilité requis avantageux.

1- L'hypothèque

Une garantie hypothécaire peut prendre deux formes : le privilège de prêteurs de deniers et l'hypothèque conventionnelle. Le Code civil prévoit que la personne ayant prêté les « deniers » nécessaires à l'acquisition d'un immeuble déjà existant bénéficie d'un privilège sur l'immeuble vendu. C'est le privilège du prêteur de deniers (ou hypothèque légale). Néanmoins, pour que le prêteur puisse invoquer son privilège, l'acte d'emprunt doit être passé devant notaire. Il doit également constater l'origine des fonds et leur emploi au paiement du prix d'achat de l'immeuble. S'il ne s'agit pas de l'achat d'un immeuble existant, mais du financement d'une construction neuve ou de travaux, le banquier ne peut pas se prévaloir du privilège du prêteur de deniers en tant que tel. L'emprunteur doit alors lui consentir une hypothèque sur le bien financé ; on parle alors d'hypothèque conventionnelle, qui suppose l'insertion à l'acte d'emprunt d'une convention d'hypothèque dans laquelle l'emprunteur accepte de concéder la sûreté sur son bien.

Ces deux formes de garantie attachées à un bien et non à une personne sont des « sûretés réelles » qui confèrent au créancier (ici le banquier) des avantages identiques :

- un droit de préférence sur le prix de l'immeuble hypothéqué, une fois celui-ci saisi et vendu suivant la procédure de saisie immobilière ;

- un droit de suite en cas de vente à un tiers acquéreur.

L'hypothèque, qu'elle soit légale ou conventionnelle, disparaît lorsque l'emprunteur parvient au terme du remboursement.

2- La caution

L'acte de caution est l'engagement, pris par un tiers, de payer la dette de l'emprunteur défaillant. Il peut donc être le fait d'une personne physique (par exemple un membre de la famille de l'emprunteur), bien que les établissements prêteurs se satisfassent rarement d'une caution de ce type.

Dans la pratique, seules les cautions mutuelles accordées soit par un établissement spécialisé, soit par des mutuelles de la fonction publique, constituent donc une réelle alternative à la garantie hypothécaire. Dans ce cas, l'organisme-caution s'engage à payer à la banque les sommes dues à l'emprunteur défaillant.

3- Le cas français

Seule la France a vu se développer un système de garantie alternative, avec les organismes spécialisés de caution . Elle domine le marché comme nous venons de le voir, pourtant elle n'est pas moins coûteuse que l'hypothèque. Par contre, le processus est rapide et souple administrativement. De plus, pour les banques, en cas de défaillance, elles ne sont pas en première ligne. C'est l'organisme de caution qui se charge d'effectuer les recouvrements et éventuellement de lever l'hypothèque (car in fine les biens seront saisis si nécessaire...). Enfin, les ratios de solvabilité internationaux (constitution de fonds propres en regard du risque crédit) sont favorables au crédit avec caution par rapport au crédit hypothécaire (à l'intérieur des crédits garantis).

Cela renforce la sélection des risques emprunteurs, et de fait les taux de sinistralité sont très faibles . Cette faible sinistralité couplée à une concurrence vive sur ce segment essentiel pour la capture de nouvelles clientèles, implique des taux de crédit immobiliers plus faibles qu'à l'étranger (et très peu différenciés selon les clients). Il y a donc, sans doute, la place pour une plus grande prise de risques. Enfin, en France depuis la fin des années 1980, les politiques publiques ont surtout focalisé leur action dans la lutte contre le surendettement, ce qui a eu pour effet d'abaisser encore les taux de sinistralité.

Figure 43 : Garanties utilisées par les établissements prêteurs
(2000, en %)

Les taux d'hypothèque peuvent être souscrits à taux variables et à taux fixes. Le fixe l'emporte en France - que ce soit sur la période totale d'emprunt ou sur une période déterminée.

Figure 44 : Nature des taux d'intérêt en France et en Europe (2000)

Source : European Mortgage Federation - Mercer Oliver Wyman - National Sources

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