III. LE PAKISTAN D'AUJOURD'HUI : DES ATOUTS ÉCONOMIQUES ET STRATÉGIQUES, MAIS UNE FRAGILITÉ POLITIQUE PERSISTANTE

Dès son arrivée au pouvoir, le général Moucharraf s'est trouvé confronté au poids d'un lourd endettement extérieur, accentué par les sanctions financières consécutives aux essais nucléaires de 1998. La dette extérieure était estimée à la moitié de la dette totale qui avoisinait 37 milliards de dollars pour l'année 1999-2000 (20 milliards en 1990-91), et dont le service absorbait 45 % du budget de l'Etat en 2000.

Les décisions arrêtées pour réduire l'endettement ont été confortées par les appuis économiques et financiers qu'ont valu au pays son ralliement à la lutte antiterroriste à partir de l'automne 2001.

A. UNE SITUATION ÉCONOMIQUE EN NETTE AMÉLIORATION, DONT LES BÉNÉFICES NE PROFITENT GUÈRE AUX PLUS PAUVRES

1. Un pays au bord de la banqueroute en 1999

Les mesures décidées par le général Moucharraf, efficacement servi par un Premier Ministre, ancien Directeur de la City Bank à New York, ont permis au Pakistan d'opérer un redressement spectaculaire.

La nécessité de restaurer la confiance des investisseurs étrangers a conduit à réduire le déficit public. Une amnistie fut proposée aux possesseurs de créances douteuses sur le trésor public en échange d'une clarification et d'une régularisation de leur position. Passée la date limite, de nombreux hommes d'affaires ou acteurs politiques - dont des ministres ou des proches de l'ancien Premier Ministre Nawaz Sharif - accusés de corruption, furent arrêtés, ce qui inspira confiance tant à la communauté internationale qu'à l'homme de la rue.

Les rentrées fiscales très réduites -les contribuables n'étaient alors estimés qu'à environ 1,5 million de personnes sur une population de 140 millions d'habitants- furent accrues par l'instauration d'un impôt sur les revenus agricoles, et d'une taxe sur les services, comparable à la TVA.

Cependant, ces mesures n'accrurent que de 15 % les rentrées fiscales durant l'année 2000-2001 et le FMI considéra alors que le Pakistan ne serait pas en mesure de faire face durablement au poids de sa dette.

D'où les importantes aides financières accordées au pays après son retournement contre les talibans. Ces aides permirent au pays de renouer avec la croissance économique. Le Pakistan reçut 1,5 milliard de dollars de prêts du FMI, 1,8 milliard de dollars de la Banque Mondiale, 2,6 milliards de dollars de la Banque asiatique de Développement (BAD). Il bénéficia également de très importants flux de capitaux rapatriés par l'importante diaspora pakistanaise.

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