EXAMEN EN COMMISSION

La commission a examiné le présent rapport d'information lors de sa réunion du 14 juin 2006.

Un débat a suivi l'exposé de M. Serge Vinçon, président.

Mme Hélène Luc a d'abord fait part de sa crainte que, dans la Chine actuelle, l'homme soit sacrifié à l'économie comme l'illustrent les problèmes liés aux déplacements forcés de paysans. Elle a relevé toutefois que les interlocuteurs de la délégation avaient tous exprimé leur souci d'assurer progressivement un meilleur niveau de vie pour tous les habitants du pays, singulièrement ceux qui, aujourd'hui, sont à l'écart des bénéfices de la croissance.

Rappelant qu'elle était très préoccupée par l'impact de la croissance chinoise sur les risques de délocalisation, elle a souhaité que la mondialisation ne se transforme pas en guerre économique et que chaque partie du monde puisse préserver ses industries.

Elle a indiqué que la question des libertés avait été abordée avec franchise au cours de la mission. Les Chinois apparaissaient conscients des efforts considérables à consentir dans ce domaine.

Elle a souligné enfin le nouveau rôle diplomatique de la Chine, tant dans le cadre du dossier nucléaire iranien que dans l'aide apportée aux pays en développement, même si cette aide servait aussi l'intérêt bien compris des Chinois eux-mêmes. Il convenait également de renforcer les liens de la Chine avec l'Union européenne. La France, en particulier, avait toute sa place dans ces relations.

M. Philippe Nogrix a rappelé que les « think tanks » rencontrés par la délégation avaient tous insisté sur le souci de la Chine d'oeuvrer à un environnement international fondé sur la paix, la prospérité et le partenariat. Tout ce qui, aux yeux des responsables chinois, risque d'affecter la croissance constitue leur inquiétude principale. Les inégalités considérables entre les zones prospères et les régions démunies du pays apparaissent comme un danger majeur. Il a également souligné que, parmi les pays européens, la France était considérée comme un partenaire politique privilégié.

M. André Boyer a évoqué l'image d'un « colosse démographique » qui se perçoit souvent comme encerclé et qui n'a jamais exprimé de volonté hégémonique. La Chine est, dans sa région, confrontée à deux difficultés, ses relations avec le Japon (en particulier au sujet des îles Senkaku) et avec Taïwan. La Chine entend assurer sa stabilité interne, mais aussi la protection de ses frontières terrestres et maritimes. A cet égard, l'Armée de libération populaire manque de moyens : elle est pléthorique et les équipements souvent obsolètes.

La marine chinoise compte entre 1.200 et 1.600 unités, pour un tonnage d'environ 400.000 tonnes, et environ 260.000 marins, soit 11 % de l'armée populaire de libération. Ces chiffres doivent cependant être considérés avec prudence, étant donné la vétusté de la plupart des unités. La marine bénéficie du plan de modernisation de l'armée chinoise et reçoit environ un tiers de l'augmentation des ressources financières. Sa mise à niveau s'articule en trois phases : jusqu'en 2010, augmentation des capacités pour faire face à un éventuel conflit avec Taïwan ou en mer de Chine du sud ; de 2010 à 2020, augmentation des capacités de projection pour être en mesure d'intervenir dans la chaîne insulaire proche ; de 2020 à 2050, devenir la puissance régionale de pacification et d'équilibre dans les mers du Sud et le Pacifique Ouest. L'acquisition d'un porte-avions est un objectif reconnu, sans que le terme en soit défini.

M. André Boyer a conclu que la Chine, géant économique incontestable, restait alourdie par le handicap d'une population de 700 millions de personnes en situation d'extrême pauvreté et par un développement des droits de l'homme largement en décalage par rapport à la performance économique du pays.

M. Jean-Pierre Plancade a confirmé que la Chine avait surtout besoin de paix et de stabilité. Toutefois, la pauvreté de certaines régions et les inégalités de développement qui affectent la moitié de sa population vont inévitablement conduire à des revendications sociales fortes. La doctrine économique chinoise peut se définir comme un capitalisme triomphant, mais aussi autoritaire et dictatorial, qui souffre, à cet égard, de la comparaison avec l'Inde, puissance économique majeure comme la Chine mais assise sur une réelle démocratie.

M. Jean-Guy Branger a évoqué le problème que ne manqueraient pas de poser, à terme, les populations rurales pauvres. La Chine est un pays dont le développement économique est exceptionnel et qui, sur la scène internationale, joue le jeu du multilatéralisme et de la prévention des conflits. Les gouvernants chinois estiment, non sans raison, que le temps travaille pour eux. Le pays développe aussi une politique d'influence efficace en Afrique, où les enjeux de développement sont très liés à ses propres intérêts économiques.

Il s'est enfin dit frappé par l'intérêt exprimé par les interlocuteurs chinois envers l'Europe et la France, qui pouvait trouver un prolongement fructueux à travers, par exemple, la coopération spatiale.

M. Robert Del Picchia s'est inquiété de l'émigration massive des travailleurs chinois, problème que les responsables du pays prennent en compte.

M. Serge Vinçon, président, a confirmé que l'influence économique de la Chine, en Afrique, et même en Amérique latine, entraînait un transfert des travailleurs chinois et confortait l'importance politique et économique de leurs diasporas.

M. André Rouvière s'est interrogé sur les velléités indépendantistes affectant d'autres provinces chinoises que le Tibet. Il a souhaité savoir où en était la question de l'embargo européen sur les armes et s'est enfin enquis de la transparence du système bancaire chinois.

M. Serge Vinçon, président, a confirmé qu'officiellement les mauvaises créances représentaient 30 % du produit intérieur brut chinois. Les gouvernants chinois ont tendance à banaliser ce problème en regard de la masse des flux financiers liés au développement économique du pays. S'agissant de l'embargo européen sur les armements, il a confirmé que le problème tenait, avant tout, au souci de reconnaissance de la Chine comme puissance internationale à part entière. Il a enfin indiqué que les régions de confession musulmane étaient reconnues, acceptées mais socialement peu représentatives.

M. Jacques Blanc s'est interrogé sur la politique d'accueil de la France à l'égard des étudiants chinois désireux d'y parachever leur formation supérieure.

M. Serge Vinçon, président, a indiqué que, dans ce domaine, la France était moins attractive que l'Allemagne ou la Grande-Bretagne, mais qu'il convenait néanmoins de se préoccuper du niveau de formation réelle et de la validité des diplômes présentés par les étudiants chinois.

M. Didier Boulaud a souscrit à l'inquiétude concernant l'inégale répartition des richesses en Chine. Il a rappelé que le pays était, par ailleurs, un terrain de concurrence féroce pour l'aéronautique civile, notamment entre Airbus et Boeing.

Mme Josette Durrieu a évoqué la politique de l'enfant unique -en fait du « garçon » unique-, ses conséquences démographiques ainsi que son impact sur la déstructuration des familles.

M. Serge Vinçon, président, a répondu que la Chine faisait face à un réel défi démographique, qu'elle serait dépassée par l'Inde dans ce domaine et que le problème n'était pas seulement démographique, mais également social et culturel. M. Jean-Pierre Plancade a ajouté qu'à l'heure actuelle des millions d'enfants, en Chine, n'étaient pas déclarés, à cause de cette politique de l'enfant unique.

A l'issue de ce débat, la commission a donné acte au président de sa communication, dont elle a autorisé la publication sous la forme d'un rapport d'information.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page