ANNEXE III - LES POTENTIALITÉS D'UNE RÉGION FRANÇAISE : L'AUVERGNE

Afin de prendre la mesure des potentialités énergétiques existant en Auvergne, M. Jean-Marc Juilhard, rapporteur, a procédé, lundi 24 avril dernier, à une série d'auditions avec les différents acteurs locaux : ADEME et ADUHME pour l'énergie solaire et la valorisation énergétique des déchets, le BRGM pour la géothermie, le CRPF, la COFOR, la DRAF, UNISYLVA, l'ONF et l'ENGREF pour la biomasse agricole et forestière.

Au cours de ces rencontres, il est apparu clairement que la région Auvergne était très en retard pour le développement de ces énergies alternatives , en dépit d'un potentiel considérable.

1°) S'agissant de l'énergie solaire, il apparaît que le potentiel de développement est considérable en Auvergne compte tenu des conditions géographiques et climatiques (région ensoleillée pendant la saison froide).

On notera d'ailleurs que le crédit d'impôt pour les particuliers de 50 % a connu un vif succès en Auvergne : le nombre de chauffe-eau solaires et de systèmes solaires collectifs (chauffe-eau et chauffage) a doublé entre 2004 et 2005 et devrait poursuivre sa progression en 2006.

Dans le secteur collectif, citons quelques opérations exemplaires :

- le foyer d'accueil médicalisé du Meygal à St Hostien (Haute Loire) qui couvre les deux tiers de ses besoins en eau chaude par l'énergie solaire

- les HLM de Commentry qui couvre un tiers des besoins en eau chaude des 48 logements par l'énergie solaire.

2°) Dans le domaine de la géothermie, le BRGM a indiqué que la Région Auvergne est sans doute celle, qui, en France, dispose des ressources géothermales les plus abondantes et les plus diversifiées , même si ces gisements restent encore mal connus et les développements économiques plutôt rares. Il faut toutefois citer le chauffage de la piscine de Néry , des serres d'Aigueperse (bassin sédimentaire de Limagne) et l'alimentation en eau chaude sanitaire (ECS) de la plupart des stations thermales de la région .

Toutes les formes de géothermie pourraient être développées en Auvergne :

- la géothermie très basse énergie pour les particuliers (capteurs enterrés superficiels associés à des pompes à chaleur)

- la géothermie basse énergie aquifère : le BRGM souhaite d'ailleurs réaliser une cartographie de toutes les nappes aquifères de la région.

- la géothermie haute énergie des roches chaudes profondes fracturées : ces dernières années, des percées technologiques ont été réalisées en matière de fracturation des roches profondes, notamment sur le site européen de Soultz-sous-Forêts en Alsace. La situation est au moins aussi favorable en Auvergne , compte tenu des anomalies thermiques du manteau et de la présence de matériaux volcaniques, en particulier dans le massif du Mont Dore.

3°) Enfin, dans le domaine du bois-énergie, la région Auvergne regorge également de potentialités.

Alors que la forêt auvergnate s'étend sur 700 000 hectares, soit un peu plus du quart du territoire , on estime que seule 40 % de la croissance annuelle de la biomasse forestière auvergnate est exploitée à l'heure actuelle : déchets de scierie (sciures ou copeaux), rémanents, bois d'élagage...

Si la filière tente progressivement de s'organiser, son décollage est toutefois retardé par certaines difficultés : multiplicité des acteurs présents, absence de réelle coordination, de schéma directeur, difficultés réglementaires ou fiscales. Un obstacle de taille semble être l'extrême morcellement de la propriété forestière : 590.000 des 700.000 hectares de la forêt d'Auvergne (soit 85 %) sont privés, répartis entre 240.000 propriétaires qui possèdent en moyenne 2,3 hectares. Le reste est constitué par la forêt publique, elle aussi très fragmentée puisque répartie entre forêts domaniales de l'Etat et forêts appartenant aux communes ou sections de communes.

L'enjeu à l'avenir est d'agir à la fois sur l'offre et la demande : il s'agira donc d'une part de structurer la filière d'approvisionnement en bois-énergie, de mettre en oeuvre les plans de développement de massif 51 ( * ) , d'autre part, et parallèlement, de favoriser la construction de réseaux de chaleur d'origine renouvelable.

Actuellement, l'Auvergne ne compte que 35 chaufferies industrielles et 19 chaufferies collectives. Les chaufferies collectives, dont la puissance installée totale est de 14 mégawatts (soit 4.200 équivalents logements ), permettent l'économie de 15.000 tonnes d'équivalents pétrole par an sur la région Auvergne.

Citons à titre d'exemple la chaufferie au bois d'Ambert, alimentée par des déchets de scierie, et qui assure le chauffage d'un grand centre sportif et d'une piscine.

* 51 Les plans de développement des massifs forestiers consistent en l'animation de l'ensemble de la filière sur un territoire donné. Ils permettent de mobiliser les acteurs et coordonner leurs actions. Les PDM existent dans d'autres régions françaises et commencent à se développer en Auvergne, sous l'impulsion du CRPF et du conseil régional

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