b) Le parrainage de dirigeants d'entreprise

En complément de l'accompagnement « général » que les PFIL assurent pour tout porteur de projet, la pratique de « parrainages » de dirigeants d'entreprise (chefs d'entreprise ou cadres de direction) a été développée. Le « parrain », volontaire et bénévole, encore actif lui-même ou jeune retraité, suit et guide les premiers pas professionnels de son « filleul », l'entrepreneur aidé par la plate-forme . Ce « tandem » a vocation à fonctionner, en règle générale, pendant un an ou deux.

Il s'agit d'un suivi « post création », fondé sur le transfert d'expérience : le parrain, le cas échéant, favorise les premiers contacts du créateur ou repreneur avec le milieu économique local et, au gré de rendez-vous réguliers, lui donne tous conseils utiles au démarrage et à la pérennité de son entreprise. En tout état de cause, le rôle du parrain s'analyse comme celui d'un interlocuteur privilégié, disponible dans un cadre informel ; celui d'un « facilitateur », pour le nouvel entrepreneur, de la prise de décisions. Mais ces décisions restent bien de la seule responsabilité du filleul, qui doit conserver l'initiative et la pleine maîtrise de ses choix 17 ( * ) .

D'après les témoignages recueillis par votre rapporteur spécial, la réussite de cette relation semble très variable, selon les cas. La personnalité des porteurs de projet joue là un rôle déterminant , certains pouvant éprouver le besoin d'un tel parrainage, et s'en servir comme d'un véritable atout dans leur parcours de créateur ou repreneur, tandis que d'autres, soit ne sont pas disposés à solliciter l'avis d'un pair, soit attendent de ce dernier une contribution qui outrepasserait sa fonction de simple conseiller. Dans l'ensemble, toutefois, l'intervention d'un tel parrainage, jamais imposée aux nouveaux entrepreneurs, constitue pour eux la possibilité d'un « plus » indéniable , par rapport aux jeunes entrepreneurs qui ne bénéficient pas du soutien des PFIL.

Or, quoique ce parrainage soit présenté par le réseau « France Initiative » comme une mission à part entière des plates-formes, et qu'il se trouve pratiqué, en théorie, au sein de chacune, votre rapporteur spécial a pu constater une grande variabilité, d'une structure à l'autre, quant à sa mise en oeuvre réelle . Certaines plates-formes ont significativement développé cette pratique ; dans d'autres, il s'agit d'une offre purement virtuelle, ou mise en sommeil. Ce constat empirique est vérifié, au niveau régional, par les statistiques produites par « France Initiative Réseau ». Ainsi, en 2005, alors qu'en Alsace 79 % des projets aidés par les PFIL ont fait l'objet d'un parrainage (taux national le plus élevé en la matière), ou en Aquitaine 70 %, seulement 5 % des projets en ont bénéficié en Picardie, aucun en Corse. La même année, le taux global de parrainages mis en place au sein du réseau n'a atteint qu'à peine un tiers des projets soutenus (31 %).

Comme l'ont fait valoir, lors d'une audition, les responsables de FIR, ces mesures statistiques oblitèrent sans doute une certaine « zone grise » : toutes les situations d'accompagnement situées à mi-chemin du parrainage formalisé et du simple conseil technique. Toutefois, elles indiquent clairement que la pratique des parrainages reste minoritaire au sein des plates-formes.

Il est certain que l'effectivité de cet accompagnement renforcé au bénéfice des créateurs ou repreneurs exige la constitution préalable d'un « vivier » d'entrepreneurs locaux, disponibles, que tous les territoires ne peuvent offrir avec la même facilité. En outre, l'encadrement des parrainages vient nécessairement en surplus des autres activités des PFIL : pour les animateurs de ces dernières, le développement du parrainage requiert un surcroît de temps.

Néanmoins, compte tenu de l'utilité objective, pour tout nouvel entrepreneur, de pouvoir bénéficier, s'il le souhaite, des conseils d'un professionnel expérimenté, immergé dans la vie économique locale et qui, pour autant, reste désintéressé ce qui permet une relation de pleine confiance , votre rapporteur spécial préconise que cette excellente pratique soit systématisée . En particulier, il revient à « France Initiative Réseau » d'encourager la croissance de cette part, parfois trop modeste, de l'activité des plates-formes.

De fait, la tête de réseau a d'ores et déjà inscrit cette orientation dans son projet de « plan stratégique » pour la période 2007-2013, qui doit être présenté et adopté lors de l'assemblée générale des PFIL en avril 2007. C'est une initiative que votre rapporteur spécial soutient entièrement.

* 17 La « Charte éthique » de FIR expose : « Créer relève du droit à l'initiative de l'individu ; cette liberté en acte, chacun peut y prétendre. L'accompagner, ce n'est jamais la brider ou la mettre sous tutelle » .

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