DEUXIÈME PARTIE - LAOS

Principales données socio-économiques en 2006

Population

5,8 millions

Densité

25 habitants / km2

Taux de croissance démographique

2,3 %

Espérance de vie (données PNUD)

54,3 ans

Taux d'alphabétisation (données PNUD)

67,5 % des hommes et 38,1 % des femmes

Indice de développement humain (PNUD, 2002)

0,534

PIB / habitant

416 $

Taux de croissance du PIB (2005)

7,3 %

Taux de chômage (estimation FMI)

29 %

Déficit budgétaire

4 % du PIB

Solde exportations / importations françaises

- 25 millions d'euros

Communauté française (estimation)

1.250

APD française (2006)

19 millions de dollars

Source : ministère des affaires étrangères

I. ÉLEMENTS DE CONTEXTE ÉCONOMIQUE

A. UN PAYS PAUVRE MAIS QUI CHERCHE À S'INSÉRER DANS LE COMMERCE MONDIAL

PMA essentiellement rural 88 ( * ) comme le Cambodge, le Laos connaît une croissance relativement forte depuis le début des années 2000, appuyée par une intégration régionale croissante et renforcée par la mise en oeuvre de projets industriels lourds d'exploitation de ses richesses naturelles hydrauliques et minières. Des faiblesses persistent néanmoins dans l'environnement budgétaire et financier, en raison de la lenteur des réformes entreprises.

Pays enclavé, partiellement montagneux et encore miné, le Laos est avec la Birmanie l'Etat le plus pauvre d'Asie du Sud-Est, et 73 % de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. Comme le Vietnam, le Laos a du s'ajuster à la mondialisation économique sans réelle réforme politique, le parti demeurant l'ossature du pouvoir , mais cette adaptation se réalise avec des moyens et ambitions bien moindres. Le Vietnam demeure le partenaire privilégié, « grand frère » sur lequel repose la sécurité du régime, mais le Laos sort lentement de ce « tête-à-tête » en diversifiant son dialogue politique et ses échanges économiques.

La politique de libéralisation lancée en 1986 (dite « NME »), la Stratégie nationale pour la croissance et l'éradication de la pauvreté de 2001-2005 et le Plan de développement économique et social pour 2006-2010 se sont cependant traduits par la rénovation de la structure des échanges et des investissements étrangers , afin de profiter d'une position centrale dans la péninsule indochinoise. Le pays a rejoint l'ASEAN et procède au démantèlement de ses barrières tarifaires d'ici à 2008. Cette échéance ne sera cependant probablement pas tenue ou le sera de façon factice 89 ( * ) .

Le Laos cherche néanmoins à s'intégrer au système commercial mondial 90 ( * ) . Après sa demande d'adhésion à l'OMC en juillet 1997 , il a remis son aide-mémoire d'accession en 2001 et la deuxième séance de négociations s'est déroulée en 2006. Le commerce demeure cependant essentiellement régional et la part de l'informel avoisinerait 50 %. Une grande partie de l'approvisionnement des villes se fait en Thaïlande, au Vietnam et en Chine et n'est pas enregistrée.

La politique de promotion des investissements directs étrangers (IDE) porte ses fruits (augmentation de 50 % en 2005 puis de 30 % en 2006) et est surtout tirée par la multiplication des projets miniers et hydroélectriques 91 ( * ) , en vue de satisfaire les appétits énergétiques des grands voisins. Les IDE doivent permettre à l'Etat de tenir sa promesse d'une éradication de la pauvreté à l'horizon 2015 et de sortir de la catégorie des PMA à l'horizon 2020, ce que le rythme de croissance naturel et l'apport même massif d'aide internationale ne permettraient pas.

De fait, votre rapporteur spécial a pu constater que le gouvernement lao, outre un objectif de croissance de 7,5 % par an du PIB et la volonté de passer à une économie industrielle et exportatrice, s'est doté d'objectifs et d'indicateurs de réduction de la pauvreté très ambitieux , comme l'illustre le tableau ci-après :

Objectifs et indicateurs du
Programme national pour la croissance et l'éradication de la pauvreté (NGPES)

Secteurs prioritaires

Objectifs

Indicateurs de suivi

1. Développement rural

- Assurer l'autosuffisance alimentaire de la population

- Diversifier et moderniser les secteurs agricole et forestier

- Promouvoir la production des biens à l'exportation

- Réduire de 50 % le nombre de personnes sous-alimentées d'ici 2015

- Atteindre une superficie forestière de 60 % du territoire d'ici 2020

Maintenir un taux de croissance de la production agricole de 4 à 5 % / an

2. Accroissement de l'accès à l'éducation

- Eradication de l'illettrisme des 15 ans et plus d'ici 2015 et accès généralisé au niveau de l'éducation primaire

- Développer la formation professionnelle, l'éducation technique et supérieure afin de mieux correspondre aux attentes du marché du travail

- Améliorer le niveau des formations et les faire se rapprocher des standards internationaux

87 % des 15 ans et plus sachant lire d'ici 2015 et 95 % des enfants ont accès à l'école primaire d'ici 2015

3. Amélioration et extension de la qualité des soins de santé

- Accès aux services de santé de base pour tous

- Développer l'accès à l'eau potable

- Promouvoir la santé de la mère et de l'enfant

- 100 % de la population des 72 districts les plus pauvres ont accès aux soins de santé primaire d'ici 2010

- 80 % de la population à accès à l'eau potable d'ici 2010

- Réduction du taux de mortalité maternel de 35 à 20/10.000 d'ici 2010

4. Développement des infrastructures

- Désenclavement du milieu rural

- Renforcement des voies de transport avec les pays voisins

- Maintenance du réseau routier

- 65 à 66,7 % des routes seront asphaltées d'ici 2010

- Le réseau routier couvrira entre 2.300 et 2.400 km d'ici 2010

La croissance économique (6,5 % en 2004, 7,1 % en 2005 et 2006) est principalement soutenue par l'exploitation des ressources naturelles et accessoirement par le transit de marchandises et le tourisme 92 ( * ) , mais sans dérive des prix ni déséquilibre excessif de la balance des paiements ni du budget. Un doublement des importations est anticipé au titre des grands projets d'ici 2010, mais l'impact net sur la balance des paiements pourrait être modeste, les dépenses en devises étant plus que financées par les apports en capital et prêts.

Ramenée de plus de 15 % en 2003 à un peu plus de 7 % en 2005, l'inflation semble pouvoir être contenue en deçà de 6 % en 2006, compte tenu de la gestion plus prudente de la création monétaire. Le déficit budgétaire est somme toute modéré , de 4,5 % à 5,5 % hors dons et de 3,5 à 4 % dons inclus, bien inférieur à ses niveaux de 2001-2003.

* 88 Le secteur agricole emploie 75 % de la population active et génère, avec l'exploitation forestière et la pêche, près de la moitié du PIB.

* 89 Le mécanisme de TVA est à l'étude pour 2007 mais prendra plusieurs années de retard, et la perte de recettes douanières n'est pas compensée par un mécanisme de compensation et redistribution des recettes de l'AFTA (zone de libre-échange de l'ASEAN). Le Laos doit donc biaiser avec ses obligations de démantèlement tarifaire et la libération des produits les plus « saisissables » (automobiles entre autres).

* 90 Le Laos a également signé un accord-cadre de coopération avec l'Union européenne en avril 1997, et bénéficie en tant que PMA depuis mars 2001 d'un accès libre au marché communautaire dans le cadre de l'initiative « Tout sauf les armes ».

* 91 Qui représentaient 88 % du total des investissements réalisés en 2005 et en 2006. L'année 2006 est toutefois marquée par un début de diversification des investissements étrangers, dont une part croissante alimente le secteur agricole, l'industrie de transformation (projets de cimenterie et de brasseries) et les services (centres commerciaux et de transit).

* 92 Dont les chiffres (1 million de visiteurs) sont surévalués par le gouvernement, car ils intègrent les passagers frontaliers en transit.

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