2. La proportion de bacheliers dans une génération est plus faible en France qu'en Europe

Aussi la France ne se caractérise-t-elle sans doute pas par un excès de bacheliers, mais par une insuffisance, tant pour les bacheliers généraux que les bacheliers professionnels. Les comparaisons internationales vont à l'appui de cette hypothèse, puisqu'elles montrent que la proportion de bacheliers dans une génération en France est nettement plus faible qu'elle ne l'est en moyenne dans les pays de l'OCDE et de l'Union européenne (à 19).

PROPORTION DE BACHELIERS DANS UNE GÉNÉRATION (2005)

Source : Ministère de l'éducation nationale (données OCDE)

3. Les bacheliers généraux et professionnels sont sous-représentés en France

De plus, la répartition des diplômés du secondaire en fonction de la nature des études qu'ils suivent (voie générale préparant à des études longues, voie technologique préparant à des études courtes, voie professionnelle ouvrant la voie à une insertion professionnelle, diplômes professionnels de niveau V conduisant à une insertion) est particulièrement déséquilibrée en France.

RÉPARTITION DES ÉLÈVES DU SECONDAIRE PAR TYPE DE FILIÈRE (2003)

Études secondaires conduisant au supérieur long
(CITE A)

Études secondaires conduisant au supérieur court
(CITE B)

Études secondaires conduisant à l'insertion professionnelle
(CITE 3C long)

Études secondaires courtes conduisant à l'insertion professionnelle
(CITE 3C court)

France

34 %

18 %

11 %

41 %

Moyenne OCDE

56 %

9 %

19 %

8 %

Nota : en raison des doubles comptables, les totaux sont supérieurs à 100

Source : OCDE , Regards sur l'éducation , données redressées par Christian Forestier. 12 ( * )

Ces données témoignent des singularités du système éducatif français : une voie générale qui reste très fermée, une voie technologique qui représente deux fois plus d'élèves que dans les autres pays de l'OCDE, une voie professionnelle qui reste encore majoritairement une voie d'études courtes, aboutissant à une sortie à niveau V et non à niveau IV.

Ces caractéristiques s'expliquent tout d'abord par l'usage particulier qui est fait de la voie technologique . Comme l'ont indiqué au groupe de travail certains de ses interlocuteurs, une partie des filières technologiques est utilisée comme une forme de « voie de délestage » du baccalauréat général.

Ainsi le baccalauréat STT, dont les caractéristiques professionnelles étaient sans doute moins marquées que celles des filières industrielles en raison de son caractère tertiaire, jouait-t-il parfois le rôle de baccalauréat général « par défaut ». Il est encore trop tôt pour mesurer l'effet qu'aura la rénovation de la filière STT, devenue STG, sur l'usage qui en était fait par une partie de la communauté éducative. Il reste que la prédominance des baccalauréats tertiaires dans la voie technologique explique sans doute une part des singularités françaises en la matière.

Celles-ci trouvent également leur source dans le fort taux d'abandon des élèves engagés dans la voie professionnelle. Près de 3 élèves sur 4 sortent ainsi du système éducatif avant d'avoir atteint le baccalauréat professionnel, qu'ils aient obtenu un diplôme de niveau V ou non. En conséquence, les études professionnelles courtes ne peuvent être que surreprésentées.

Au total, l'accès au baccalauréat semble encore insuffisant pour remplir les trois objectifs consacrés par le rapport annexé à la loi du 23 avril 2003 précitée : 100 % d'une génération titulaire d'un diplôme ou d'une formation reconnue, 80 % au niveau du baccalauréat et 50 % de diplômés du supérieur.

* 12 Christian Forestier, « L'enseignement technique et professionnel : efficace pour l'insertion, mais socialement discriminant », La revue de l'inspection générale, n° 3, septembre 2006. En raison des doubles comptages, les totaux ne font pas 100 %.

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