c) Les femmes se présentent sur le marché du travail avec plus de diplômes que les hommes
(1) Des générations de femmes de plus en plus diplômées

Au final, selon la vue générale qui ressort du tableau ci-après publié par l'INSEE, les jeunes générations de femmes d'âge actif ont un « capital » universitaire de plus en plus élevé par rapport à celui des hommes : 25 % des femmes de 25 à 34 ans ont aujourd'hui un diplôme de niveau supérieur à bac + 2, contre 20% des hommes du même âge. En revanche, elles sont moins nombreuses à être diplômées de l'enseignement professionnel.

Diplôme le plus élevé obtenu selon l'âge et le sexe (en 2006, en %)

25-34 ans

35-44 ans

45-54 ans

55-64 ans

Femmes

Hommes

Femmes

Hommes

Femmes

Hommes

Femmes

Hommes

Aucun diplôme ou CEP

11,0

12,4

19,0

19,8

29,7

27,1

42,7

36,1

BEPC seul

5,0

6,3

8,7

6,6

11,4

8,1

9,5

7,2

CAP, BEP ou équivalent

15,8

21,4

26,5

35,0

23,2

34,2

21,0

28,3

Baccalauréat ou brevet professionnel

21,6

22,8

17,1

12,4

15,2

11,8

11,6

11,4

Baccalauréat + 2 ans

21,5

17,2

14,5

11,9

10,9

7,5

7,9

5,9

Diplôme supérieur

25,0

19,9

14,3

14,3

9,6

11,2

7,3

11,1

Total

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

Pourcentage de bacheliers ou plus

68,2

59,9

45,8

38,6

35,6

30,5

26,8

28,4

Note : résultats en moyenne annuelle

Champ : France métropolitaine, individus de 25 à 54 ans

Source : Insee, enquêtes Emploi du premier au quatrième trimestre 2006.

(2) Un levier essentiel de la féminisation des professions qualifiées et du rééquilibrage des genres sur le marché du travail

Mme Catherine Marry, sociologue, directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) a très justement remarqué, lors de son audition, que les diplômes jouaient un rôle essentiel comme levier de la féminisation des professions qualifiées, relevant qu' a contrario , les femmes étaient beaucoup moins présentes dans les métiers dont l'accès n'est pas conditionné par la possession d'un diplôme, comme par exemple la politique.

Historiquement, l'accès des femmes aux diplômes les plus élevés de l'enseignement supérieur a fait sauter un verrou essentiel de leur accès aux professions supérieures . La première ouverture fut celle de la profession d'enseignante agrégée de lycée dans le dernier quart du XIX e siècle, grâce à la création des Écoles normales supérieures de jeunes filles de Sèvres et de Fontenay, en 1882 et 1884. Vinrent ensuite la médecine, dès la fin du XIX e , puis les professions du droit au début du XX e siècle.

Les professions d'expertise et d'encadrement dans les entreprises privées - dans les fonctions d'ingénieurs plus encore que dans les fonctions administratives et commerciales - ont résisté plus longtemps et résistent toujours à une vraie mixité.

Par ailleurs, d'après Mme Catherine Marry, un des freins à la féminisation des professions « scientifiques et techniques » dans les entreprises réside dans le rôle moins exclusif d'un diplôme reconnu par l'État pour leur exercice. À la différence des professions libérales et de l'enseignement, les techniciens, ingénieurs ou cadres techniques peuvent, en effet, accéder à leur catégorie par promotion à partir d'une expérience professionnelle (et souvent de formations complémentaires) comme ouvriers qualifiés pour les premiers, comme techniciens ou agents de maîtrise pour les seconds. Cet accès coexiste depuis longtemps avec l'accès direct de débutants diplômés. Or cette voie est plus difficile d'accès pour les femmes, largement absentes de cet espace de qualifications industrielles. Cependant, Mme Catherine Marry estime que les professions scientifiques et techniques où les femmes sont les moins nombreuses ne paraissent pas plus hostiles à la progression des femmes que d'autres professions où elles sont présentes en grand nombre et depuis longtemps : il est plus facile à une femme de devenir ingénieur quand elle est technicienne que médecin quand elle est infirmière, voire cadre administratif quand elle est secrétaire.

Globalement, aujourd'hui, en France, à l'issue de l'enseignement supérieur, précise le Centre d'études et de recherches sur les qualifications (CEREQ), femmes et hommes entrent sur les mêmes segments du marché du travail et accèdent aux mêmes types de profession. Des écarts entre sexes persistent, mais ils sont ténus. Pour ces jeunes diplômés, les modalités d'insertion des filles et des garçons se caractérisent plus par leur proximité que par leurs différences. Les jeunes femmes diplômées sont d'ailleurs un peu moins au chômage que les jeunes hommes.

Plus généralement, l'élévation de la qualification des femmes coïncide avec une phase dans laquelle les économies des pays de l'OCDE comptent , selon cet organisme, de plus en plus sur une offre stable de travailleurs instruits, et cette tendance va probablement s'intensifier. Alors que les populations vieillissent, l'élévation des niveaux de formation et l'allongement de la vie active contribueront à abaisser les taux de dépendance et à alléger la charge que représente le financement des pensions relevant des régimes publics. Selon la synthèse des « Regards sur l'éducation 2007 » , trois principales tendances se dégagent des indicateurs :

- les taux d'emploi augmentent en même temps que s'élèvent les niveaux de formation dans la plupart des pays de l'OCDE. À de rares exceptions près, le taux d'emploi des diplômés du supérieur est nettement plus élevé que celui des diplômés de fin d'études secondaires ;

- l'emploi des femmes joue un rôle primordial dans le taux d'emploi global. Les sept pays qui enregistrent le taux global d'emploi le plus élevé pour le groupe d'âge 25-64 ans - le Danemark, l'Islande, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse - sont aussi ceux où le taux global d'emploi des femmes est le plus fort ;

- les écarts de taux d'emploi entre les hommes et les femmes sont les plus importants dans les groupes de population relativement moins instruits. Parmi les personnes sorties du secondaire sans diplôme, les hommes ont 23 % de chances de plus que les femmes de trouver un emploi. L'écart n'est plus que de 10 points de pourcentage pour les personnes les plus qualifiées.

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