2. ...mais de fortes marges de progression en matière économique, technologique et culturelle

Malgré des relations politiques étroites, la France n'occupe qu'une place modeste en Russie en matière économique et culturelle.

La France figure, en effet, au neuvième rang des fournisseurs de la Russie, loin derrière l'Allemagne et derrière l'Italie . Le marché russe n'absorbe que 0,7 % de nos exportations et notre déficit commercial, qui a atteint 4,7 milliards d'euros en 2006, s'est creusé ces dernières années, en raison de la forte hausse du prix des hydrocarbures. Exportatrice de produits finis, la France importe, en effet, essentiellement du pétrole et du gaz, ainsi que des produits chimiques et des métaux en provenance de Russie. En matière d'investissements directs, la France occupe la sixième place , après Chypre, les Pays-Bas, les Etats-Unis, l'Allemagne et le Royaume-Uni.

La plupart des grandes entreprises françaises (Total, Renault, Peugeot, Alstom, Alcatel, L'Oréal, EADS-Airbus, Danone, Auchan, la Société générale) sont aujourd'hui présentes en Russie .

La compagnie pétrolière française Total a ainsi signé, le 13 juillet 2007, avec la société russe Gazprom, un accord de coopération portant sur le développement de la première phase du champ gazier de Chtokman. L'exploitation de ce gisement, découvert en 1988, et situé en Mer de Barents, à 600 km des côtes et à 300 mètres de profondeur dans des eaux partiellement gelées en hiver et avec une forte présence d'iceberg, représente un défi technologique. Ce gisement gazier serait cependant l'un des plus importants de la planète et les réserves qu'il contient suffiraient, à elles seules, à couvrir les besoins en gaz de l'Union européenne pour les vingt-cinq prochaines années. Total serait le principal opérateur occidental, avec une prise de participation de 25 % dans le capital de la nouvelle société, la part de Gazprom, actuellement de 75 %, ne pouvant descendre en dessous de 51 %.

En revanche, nos petites et moyennes entreprises (PME) sont encore très peu actives en Russie , notamment par rapport à leurs concurrentes italiennes ou allemandes.

Sur le plan technique et scientifique , la coopération franco-russe est ancienne.

Ainsi, dans le domaine spatial, la coopération remonte à la visite du général de Gaulle en URSS et à la signature de l'accord du 30 juin 1966, qui permit à la France d'être le premier partenaire occidental de l'Union soviétique dans ce domaine. A l'origine présentant un caractère exclusivement scientifique, cette coopération a été réorientée depuis les changements intervenus en Russie vers les aspects industriels et commerciaux. La décision prise le 27 mai 2003 par le Conseil de l'Agence spatiale européenne d'ouvrir la base spatiale de Kourou en Guyane aux lancements des fusées Soyouz a marqué une étape majeure dans la coopération spatiale franco-russe.

Les projets communs sont aussi nombreux dans les domaines aéronautique (projet d'avion régional SSJ 100 et coopération entre EADS et l'industrie russe) et nucléaire (échanges de savoir-faire, coopération pour le retraitement des déchets et les filières à neutrons rapides).

La culture et l'éducation constituent également des domaines privilégiés pour l'approfondissement de notre coopération.

Le tricentenaire de Saint-Pétersbourg, en mai 2003, avait été l'occasion de rappeler les liens culturels étroits unissant la France et la Russie, liens dont Saint-Pétersbourg, ancienne capitale, fût longtemps le témoin. Le projet de saisons culturelles croisées France-Russie en 2010 devrait permettre de donner un nouvel élan à la coopération culturelle entre nos deux pays. Il devrait, en effet, se traduire par l'organisation conjointe d'une année de la France en Russie et d'une année de la Russie en France en 2010, marquée par une série d'évènements culturels, comme l'organisation d'une exposition au musée du Louvre consacrée à la « Sainte Russie » en mars 2010.

L'éducation représente aussi un enjeu important dans nos relations.

D'importants progrès restent à accomplir en matière d'apprentissage mutuel des langues. L'apprentissage du français en Russie, avec 750 000 apprenants, vient en troisième position, loin derrière l'anglais (11 millions), mais aussi l'allemand (3 millions). En France, seuls 15 000 élèves, soit 5,5 %, apprennent le russe.

Le nombre d'étudiants russes en France est, quant à lui, très insuffisant. Actuellement, la France accueille environ 2 300 étudiants russes, sur un total de 216 000 étudiants étrangers, et le nombre de bourses délivré à des étudiants russes est très faible, de l'ordre d'une dizaine par an.

Il paraît dès lors indispensable de prendre des initiatives afin de renforcer la coopération scolaire et universitaire entre la France et la Russie. Ne pourrait-on ne pas envisager un ambitieux programme d'échange de jeunes entre nos deux pays ou encore de multiplier le nombre de bourses scolaires et universitaires à destination des jeunes russes désireux de venir étudier une ou deux années en France ? Un « office germano-russe pour la jeunesse » a ainsi été créé par l'Allemagne en 2005. Pourquoi ne pas s'en inspirer et créer un « office franco-russe pour la jeunesse », sur le modèle de l'« office franco-allemand de la jeunesse » ?

Les relations entre la France et la Russie resteront fragiles si elles s'en tiennent uniquement à des contacts diplomatiques et si elles n'impliquent pas la société civile. La coopération en matière de culture et d'éducation représente un vecteur important de rapprochement entre les peuples. C'est aussi le meilleur moyen de faire progresser la démocratie et les droits de l'homme en Russie. Elle devrait donc constituer un axe fort de la coopération entre nos deux pays.

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