CONCLUSION

La mission effectuée à la fin du mois d'avril 2008 par la délégation de la commission des Affaires étrangères et de la défense intervenait à une période particulièrement décisive pour la Russie et l'avenir de ses relations extérieures, notamment avec le reste du continent européen.

Quelques semaines après les élections législatives et présidentielles, et peu avant la passation de pouvoir entre Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev, la délégation a pu mesurer les défis considérables qui attendent le tandem formé par le nouveau Président et son chef de gouvernement. Si d'importants progrès ont été réalisés, ces dernières années, sur la voie du développement économique et de la modernisation, la Russie demeure cependant confrontée à de lourds handicaps, notamment sur le plan démographique, l'état très délabré de ses infrastructures ou encore en matière de qualité de vie de ses citoyens. L'assise politique très large dont dispose l'exécutif peut constituer un atout pour accélérer la mutation de l'économie et de la société russe, mais l'absence de contre-pouvoirs et l'appauvrissement du débat démocratique comportent également des risques soulignés par ceux qui s'interrogent sur un éventuel retour de pratiques autoritaires. Par ailleurs, le risque de tensions entre le Président de la Fédération et son Premier ministre, voire l'apparition d'une dyarchie à la tête de l'Etat, ne peuvent être écartés.

À travers ses nombreux contacts, essentiellement consacrés aux relations extérieures de la Russie, la délégation a mieux compris les déterminants de la politique étrangère russe, empreinte d'un grand pragmatisme.

L'influence croissante de Moscou dans son « étranger proche » en est le résultat le plus tangible. Il n'a pas été obtenu par le renforcement des structures multilatérales mais par la promotion active d'accords de pays à pays, tout particulièrement dans le domaine énergétique, en conformité avec les préoccupations stratégiques de la Russie.

Les préoccupations économiques ont également joué dans le rapprochement avec les pays occidentaux, malgré la forte détérioration des relations entre Moscou et Washington, et avec l'Asie, même si les relations avec la Chine restent empreintes d'une grande méfiance de la part de la Russie, notamment en raison du risque d'une forte pression migratoire chinoise sur les régions dépeuplées de Sibérie. La Russie entend valoriser dans ses relations internationales le point fort que constituent ses ressources énergétiques et aspire à mieux s'insérer dans les grands courants d'échanges mondiaux, comme en témoigne sa candidature à l'OMC, sans pour autant renoncer à ses intérêts bien compris.

Le maintien, avec des moyens limités, de ce qui peut être préservé de sa puissance passée constitue l'autre ligne directrice de la politique extérieure russe. La délégation a sur ce point constaté l'impact psychologique que représente la perspective d'une adhésion éventuelle de l'Ukraine et de la Géorgie à l'OTAN, perçue comme une menace directe à ses frontières et un facteur d'isolement par la Russie, sentiment renforcée par le projet d'implantation d'éléments du système de défense anti-missile américain en Pologne et en République tchèque.

Le dialogue avec la Russie se heurte à des difficultés réelles, que ce soit pour l'Union européenne ou pour l'Alliance atlantique, mais la délégation est convaincue que la France a un rôle important à jouer, notamment dans le cadre de sa présidence de l'Union européenne au deuxième semestre de l'année 2008, pour renforcer la prise de conscience, au sein des deux organisations, de l'importance et de l'intérêt, pour la stabilité et la prospérité de notre continent, d'un partenariat stratégique avec la Russie.

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