B. UN RÔLE IMPORTANT SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE

1. La rivalité avec les États-Unis

La dernière année du mandat de Boris Elstine avait été marquée par l'opposition de la Russie aux opérations de l'OTAN au Kosovo, qui avaient de ce fait été engagées sans l'aval explicite du Conseil de sécurité des Nations Unies. Cette crise avec les Occidentaux avait souligné l'isolement de la Russie et sa faible influence sur le cours des choses.

Vladimir Poutine avait adopté, au début de son mandat, une ligne résolument pragmatique, visant au contraire à éviter l'opposition frontale et à utiliser au mieux les opportunités offertes par le contexte international. Le soutien apporté aux Etats-Unis le jour même des attaques terroristes du 11 septembre 2001 en a été l'illustration la plus marquante. Outre l'appui en retour qu'elle pouvait espérer sur la question de la Tchétchénie, la Russie a fait valoir qu'elle se situait, à travers l'Asie centrale et le Caucase, en première ligne face au radicalisme islamique, afin de nouer un partenariat solide confortant sa reconnaissance par les puissances occidentales et lui assurant des retombées économiques. Moscou ne s'est pas opposée à l'utilisation du territoire des Etats d'Asie centrale, en particulier l'Ouzbékistan et le Kirghizstan, par les forces occidentales dans le cadre des opérations d'Afghanistan.

Un « partenariat stratégique » a même été conclu entre Moscou et Washington en 2001 et la coopération a été renforcée notamment sur le plan énergétique.

Ce rapprochement avec les pays occidentaux à la faveur de la lutte commune contre le terrorisme a toutefois trouvé ses limites. A cet égard, on peut situer le tournant de ces relations au moment de l'intervention militaire américaine en Irak en 2003.

Depuis cette date, les relations avec les Etats-Unis se sont fortement dégradées.

Du côté russe, il compte beaucoup de détracteurs au sein de l'appareil d'Etat et parmi la hiérarchie militaire, encore marqués par l'opposition entre les deux superpuissances lors de la « guerre froide ». La prolongation de la présence militaire américaine en Asie centrale et le soutien apporté par les Etats-Unis aux « révolutions de couleur » en Ukraine et en Géorgie ayant amené au pouvoir les partisans d'un rapprochement avec le monde occidental, et notamment de l'adhésion de ces pays à l'Union européenne et à l'OTAN, a été perçu par Moscou comme la volonté de Washington de renforcer son influence dans les pays issus de l'ex-URSS et d'isoler la Russie.

Du côté occidental, et notamment américain, les évolutions intérieures de la Russie encouragent les opposants à l'établissement d'un partenariat trop étroit. Aux yeux des Etats-Unis, la Russie n'a pas rompu suffisamment clairement avec des « Etats préoccupants » comme la Biélorussie.

Les différends avec les Etats-Unis se sont ainsi multipliés ces dernières années, qu'il s'agisse des critiques sur l'évolution du régime politique russe au regard des valeurs démocratiques et du respect des droits de l'homme, de la reconnaissance par les Etats-Unis de l'indépendance du Kosovo et de l'installation de nouvelles bases américaines en Roumanie et en Bulgarie, du soutien de Washington à l'adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie à l'OTAN ou encore du projet d'installation d'éléments du système de défense anti-missile américain en Pologne et en République tchèque.

Dans un discours prononcé à Munich, le 10 février 2007, Vladimir Poutine a ainsi fortement critiqué l'« unilatéralisme américain », dénonçant la volonté des Etats-Unis de construire de nouvelles démarcations et de nouveaux murs en Europe et plaidant pour un monde multipolaire.

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