2. Des précautions nécessaires

Si elles ne doivent surtout pas décourager toute initiative, ces considérations appellent néanmoins à faire preuve d'une extrême vigilance et d'une grande subtilité dans la stratégie de présentation du dossier de candidature.


• Il est d'abord impératif de bien préciser le champ de la demande , afin qu'elle corresponde aux critères fixés par l'UNESCO.

La tâche est en effet ardue : que faut-il entendre par « patrimoine gastronomique » ou « culinaire » français ? Est-il possible d'aborder cette notion comme un tout, dans sa diversité dans l'espace et le temps et ses manifestations protéiformes ? Quelle unité trouver dans un ensemble si large, qui recouvre une grande diversité de métiers et de savoir-faire, des « métiers de bouche » aux « arts de la table », en passant par le secteur de la viticulture ?

Cette définition du contenu scientifique du dossier de candidature, incombe au « conseil d'experts » placé auprès de la Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires, qui réunit des universitaires, chercheurs, historiens ou encore des spécialistes du patrimoine.

Comme cela a été souligné par M. Jean Musitelli notamment, ce volet « expertise scientifique » ne doit pas être découplé de l'aspect diplomatique de la démarche , afin que le travail d'élaboration du dossier soit bien en phase avec l'esprit et la lettre de la Convention .

Il conviendrait d'établir une concertation étroite entre le ministère de la culture, qui s'est vu confier la responsabilité du suivi de la mise en oeuvre de la Convention, et la Mission française chargée de préparer le dossier de candidature, afin de bien orienter la démarche et de définir de façon précise le champ de la demande d'inscription. Tel est d'ailleurs le cas pour la préparation des dossiers d'inscription sur la Liste du patrimoine mondial.


• Dans ce cadre, il apparaît notamment nécessaire de bien identifier ce qui relève, à proprement parler, de l'« immatériel » au sein de ce patrimoine culinaire.

Certains interlocuteurs ont mis l'accent, à cet égard, sur ce qui tient aux savoir-faire ancestraux, transmis de génération en génération et renouvelés en permanence, du fait de la part de « sensible » et de création qu'ils comportent, mais également pour s'adapter à l'évolution des technologies ou des règlementations. Les exemples de la fabrication artisanale du pain ou des fromages apportent, sur ce point, des éclairages pertinents.

L'approche par les « coutumes culinaires », mise en avant par M. Gérard Cagna, est une autre piste qui mériterait d'être approfondie.


• Enfin, comme votre rapporteur l'a souligné, plusieurs écueils seront à éviter dans la présentation du dossier : l'arrogance, le repli franco-français et l'élitisme. Il ne s'agit pas, en effet, d'un concours d'excellence, mais d'un projet que les Français devront s'approprier et qui devra, au-delà, faire écho aux différents peuples du monde .

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