C. SOUTENIR LES ASSOCIATIONS DANS LEUR ACTION POUR L'INSERTION PROFESSIONNELLE

Le chèque associatif consiste à attribuer à chaque chômeur une somme déterminée pour lui permettre de demander à une association ou un syndicat de défendre ses droits. Evoqué depuis une quinzaine d'années, ce dispositif constituerait un moyen de financement indirect des associations à visée d'insertion sur l'ensemble du territoire. Il permettrait en outre aux demandeurs d'emploi d'être mieux représentés dans la défense de leurs droits.

Par ailleurs, il serait sans doute très utile de créer un statut adapté à la vie en communauté sur le modèle retenu par l'association Emmaüs pour les personnes qui ne souhaitent pas intégrer le monde de l'entreprise. A mi-chemin entre bénévolat et salariat, il donnerait lieu à la signature par les parties précisant leurs droits et obligations respectifs.

D. MOBILISER LES ENTREPRISES

1. Réaffirmer la place première des entreprises dans l'insertion

Loin de stigmatiser le monde de l'entreprise comme initiateur unique de la précarité, la mission souhaite au contraire qu'il soit davantage mobilisé dans les politiques de lutte contre l'exclusion et la pauvreté , dont il devrait constituer l'un des acteurs majeurs. L'exercice d'un emploi, surtout s'il est de qualité, constitue en effet aujourd'hui une condition bien souvent indispensable, à défaut d'être suffisante, pour favoriser l'insertion économique et sociale.

Comme l'a fait remarquer à juste titre M. Jean-François Trogrlic, directeur du bureau de l'Organisation internationale du travail (OIT) en France, « c'est le monde du travail qui tient les clefs d'une limitation progressive, véritable et durable de la pauvreté (...). Les entreprises jouent un rôle déterminant. Elles constituent le moteur de la création d'emplois, sont capables d'investir de nouveaux marchés et activités et doivent être à la pointe, ce qu'elles parviennent à faire parfois, du développement de modèles économiques et durables ».

2. Renforcer les liens entre entreprise et IAE

Afin d'encourager leur action en matière sociale, il serait bon d'impliquer les entreprises qui se sont engagées à faire de l'insertion un élément nouveau du dialogue social en fixant des objectifs concernant l'accueil en leur sein des salariés sortant des structures de l'IAE .

3. Développer le tutorat et le parrainage

D'une façon générale, l'entreprise n'a souvent pas les ressources pour encadrer et soutenir les acteurs de l'insertion professionnelle que sont tuteurs et parrains.

Dès lors, il serait opportun de créer dans l'entreprise un poste de référent insertion ou missionner un collaborateur actuel en vue de soutenir les tuteurs et parrains . Ce référent, qui devrait connaître à la fois les modes de fonctionnement de l'entreprise et les instruments de l'insertion professionnelle, serait amené à travailler aussi bien en interne avec la direction des ressources humaines, les tuteurs et les parrains qu'en externe, avec les organismes de l'action sociale.

Lorsque l'entreprise n'a pas les moyens de créer un tel poste de référent insertion, elle pourrait s'associer avec un opérateur externe (entreprise d'insertion, organisme public, syndicat, association...) pour effectuer le suivi de ses collaborateurs, ou bien recourir à un intervenant externe pour épauler son référent insertion.

? S'agissant plus spécifiquement des tuteurs, ils doivent être à la fois mieux formés à encadrer, accompagner et résoudre les problèmes par l'écoute et la gestion des crises, et mieux reconnus au sein de leur entreprise.

Soutenir une personne longtemps exclue est délicat et nécessite, soit de former ses tuteurs avec les méthodes d'accompagnement développées par des entreprises d'insertion, soit de faire appel à des intervenants extérieurs. A ce titre, l' expérience d'un autre tuteur peut être un atout significatif.

Parallèlement, la fonction de tuteur doit être mieux valorisée , et ce par une reconnaissance symbolique aussi bien que matérielle. Le tuteur doit ainsi se voir accorder les moyens nécessaires à ses interventions, notamment le temps, qui doit être considéré comme un temps travaillé. Le tutorat pourra être inclus dans le contrat de travail, lequel précisera les objectifs assignés, fixera un critère d'évaluation et proposera une perspective de promotion.

? Concernant plus particulièrement les parrains , il serait utile de mettre en place un dispositif de médiation entre ceux-ci et l'entreprise afin de les recruter, former et évaluer. Cela pourrait passer par la constitution , par plusieurs employeurs intéressés, d'une association ou un groupement d'intérêt économique chargé de développer, mutualiser et professionnaliser le parrainage des salariés. Par ailleurs, à l'heure où l'arrivée de nombreux cohortes de travailleurs à l'âge de la retraite va accroître l'offre de compétences inexploitées pour l'entreprise, il pourrait être intéressant de mobiliser des seniors venant de prendre leur retraite mais désireux de rester actifs et de transmettre leur savoir.

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