4. La nécessaire prise en compte des spécificités des affections neurodégénératives

a) La principale cause de dépendance lourde

Il convient de souligner la spécificité des affections neurodégénératives, c'est-à-dire des démences, avec un taux de prévalence élevé parmi les cas les plus lourds (Gir 1 et 2). La maladie d'Alzheimer constitue en effet la principale cause de dépendance lourde des personnes âgées ainsi que le motif principal d'entrée en institution.

On ne dispose pas d'indications sur la prévalence future des démences parmi les personnes âgées 113 ( * ) . Pour l'heure, il n'a pas été établi de registre de la population atteinte de la maladie d'Alzheimer ou d'indicateur sanitaire, qui permettraient de donner un nombre précis de cas pour la France, à l'instar de ce qui existe par exemple pour le cancer ou les maladies cardiovasculaires. Par ailleurs, établir des estimations fiables dans ce domaine nécessite de respecter une méthodologie statistique exigeante. Il s'agit en effet de suivre, sur une longue période de temps, l'évolution de l'état de santé des différentes cohortes d'une population donnée. Or, une seule étude 114 ( * ) de ce type a été menée à bien en France. Sur la base de ces données, l'office parlementaire d'évaluation des politiques de santé (Opeps) a évalué à 855 000 le nombre total de personnes atteintes de démence 115 ( * ) .

L'Opeps s'était d'ailleurs inquiété que ces pathologies soient sous-diagnostiquées et surtout tardivement diagnostiquées, dans un contexte où pèse une charge morale et financière très lourde sur les familles des malades. Or, c'est sans doute dans ce domaine que les politiques publiques de prise en charge de la dépendance sont les moins développées, alors que les besoins à satisfaire apparaissent à la fois les plus urgents et les plus aigus.

Se livrant ensuite à une analyse prospective, l'Opeps tablait sur une forte progression, par rapport à la situation actuelle, du nombre de personnes démentes à l'horizon 2020 (1,15 million de personnes) et surtout 2040, pour atteindre 2,2 millions de personnes. Le graphique suivant présente l'évolution de la répartition des dépenses occasionnées par la maladie d'Alzheimer entre les différents financeurs. Ce document met en évidence l'importance de la part assumée par les familles ainsi que la forte croissance prévisible des dépenses, qui atteindraient 0,74 point de Pib en 2020, puis 1,04 point en 2040, voire respectivement 0,94 et 1,82 point de Pib dans l'hypothèse la plus défavorable.

Source : Mission commune d'information, d'après les données de l'Opeps.

* 113 Ce point a été en particulier souligné, comme on l'a vu plus haut, par Etienne Grass, lors de son audition du 16 janvier 2008.

* 114 Etude Paquid (personnes âgées quid) conduite par l'unité 390 de l'Inserm à Bordeaux. Il s'agit d'une enquête épidémiologique ayant pour objectif principal d'analyser le vieillissement mental et pathologique après soixante-cinq ans.

* 115 Rapport de l'Opeps sur la prise en charge de la maladie d'Alzheimer et les maladies apparentées - Cécile Gallez - Rapport Sénat n° 466 (session ordinaire 2004-2005).

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