b) « Fishing down marine food webs » (Pauly et al. 1998)

Comme l'a montré le grand halieute français Daniel Pauly dans une étude très fréquemment citée, si les prises totales ne baissent pas c'est que l'on pêche de plus en plus loin, de plus en plus profond, de plus en plus d'espèces et de plus en plus bas dans la chaîne trophique .

(1) Des espèces démersales vers les espèces pélagiques

Ainsi, au niveau mondial, les pêches démersales 17 ( * ) stagnent depuis 1970, soit depuis près de 40 ans .

La hausse des prises globales n'a été préservée que par l'accroissement de la pression sur les pélagiques. De 1950 à 1994, leurs débarquements sont passés de 10 à 40 millions de tonnes , à tel point que hors Chine, les statistiques mondiales sont désormais directement sensibles au résultat d'une seule pêcherie, celle de l'anchois du Pérou. Cette pêcherie est en effet très sensible aux phénomènes climatiques et sa production a pu varier au cours de la dernière décennie de 1,7 million de tonnes en 1998 à plus de 10 millions ces dernières années. Les pélagiques représentent aujourd'hui 50 % des débarquements en volume mais 40 % de leur valeur. Seuls les thonidés dont la pêche océanique s'est développée récemment, font exception avec des prises passées de 0,7 million de tonnes en 1950 à 4,5 millions en 1994.

Le gros de la pêche mondiale, très diversifiée, est le fait des espèces pélagiques. Les dix premières captures étaient en 2004 : l'anchois du Pérou (10,7 Mt), le lieu d'Alaska (2,7 Mt), le merlan bleu (2,4 Mt), le thon Listao (2,1 Mt), le hareng Atlantique (2 Mt), le maquereau « espagnol » (2 Mt), l'anchois du Japon et le chinchard du Chili (1,8 Mt chacun), le capelan (1,6 Mt) et le poisson sabre (1,4 Mt). Ils représentent au total 28,5 Mt soit environ 1/3 de la pêche mondiale.

(2) Extension géographique de l'effort de pêche

Cette évolution est également sensible d'un point de vue géographique. La date du maximum de production a désormais été atteinte dans tous les océans : 1967 dans l'Atlantique du Nord-Ouest, dans les années 1980 dans le Pacifique Nord, au début des années 1990 en Méditerranée, dans le Pacifique Sud et l'Océan indien. Par rapport à ce maximum, la production a déjà baissé de manière très sensible dans certaines zones : 61 % dans l'Atlantique du Nord-Ouest et 33 % dans l'Atlantique du Centre-Est (FAO 1997).

* 17 Espèces vivant près du fond et qui s'y alimentent.

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