c) La surexploitation d'un nombre croissant de stocks

Cette situation se retrouve dans le classement en quatre catégories des stocks halieutiques par la FAO . Elle classe les 200 pêcheries du monde en quatre groupes :

- les pêcheries latentes - captures à des niveaux faibles - sous-exploitées,

- les pêcheries en développement , croissance des captures,

- les pêcheries matures où le niveau de production oscille autour d'un maximum soutenable - les stocks pleinement exploités ,

- les pêcheries sénescentes où la production a décliné - les stocks surexploités, effondrés et en recouvrement .

Selon ce schéma, le processus historique de diversification et d'intensification de la pêche serait entré dans sa phase finale. Il n'existerait plus de pêcheries latentes depuis 1970 et les pêcheries matures ou en déclin représenteraient plus des deux tiers du total (FAO, 1997).

25 % des stocks évalués par la FAO sont surexploités (17 %), effondrés (7 %) ou en cours de reconstitution (1%). 52 % est pleinement exploité. Le dernier quart concerne des espèces de faible intérêt marchand.

Seulement 50 % des stocks étaient pleinement ou surexploités (10 %) en 1974. Le potentiel d'expansion à de nouveaux stocks était de l'ordre de 40 %.

Aujourd'hui, les stocks des dix espèces les plus importantes en termes de volume de capture sont tous surexploités ou pleinement exploités selon la FAO.

En termes géographiques, le niveau de pleine exploitation varie beaucoup. En Atlantique centre Est et Ouest, Nord-Ouest, dans l'océan Indien Ouest et dans le Pacifique du Nord-Ouest, 69 à 77 % des stocks sont exploités au maximum.

Les régions de l'Atlantique du Nord-Est et Sud-Est, le Pacifique Sud-Est et dans l'océan Indien pour les thonidés sont les zones où 46 à 60 % des stocks sont surexploités, épuisés ou en cours de reconstitution.

Se dessinent donc des zones où la pression de pêche est extrêmement forte ou excessive.

d) La question des rejets

Toutes ces statistiques laissent de côté la question des rejets. Beaucoup d'engins de pêche sont insuffisamment sélectifs par rapport aux espèces ciblées, c'est-à-dire que le pêcheur a pour objectif de débarquer et de vendre car elles sont commercialisables.

Or ces prises incidentes, involontaires, et ces rejets sont importants. Il est particulièrement difficile de les évaluer car dans la plupart des cas étant remis à la mer, ils ne sont pas comptabilisés. Ils correspondent à un véritable gâchis puisque les poissons rejetés sont presque toujours morts .

Dans son rapport de 2003, l'Académie des sciences 18 ( * ) estimait qu'au niveau mondial le poids des rejets s'élevait entre 16 et 40 millions de tonnes, soit entre 20 et 50 % des quantités débarquées .

Cette situation varie pêcherie par pêcherie. Les pêcheries industrielles visant une seule espèce comme celles de crevettes tropicales, semblent les plus destructrices, tout ce qui n'est pas ciblé étant rejeté. En revanche, les pêcheries artisanales tendraient à commercialiser l'ensemble de leur pêche.

De même, le type de pêche influe beaucoup. Selon le même document, la pêcherie du merlu au chalut du golfe de Gascogne conduirait au rejet de la moitié des prises. Dans celle de la dorade grise dans le golfe normand-breton, les rejets dépasseraient les deux tiers... Ces estimations peuvent également beaucoup varier en fonction de la saison.

En raison de ces données, il est hautement probable que les rejets contribuent significativement à la surpêche globale. C'est pourquoi la plupart des gestionnaires cherchent à les limiter au maximum voire à les interdire. Mais l'interdiction est très problématique. Elle n'est pas aisée à contrôler et surtout elle aurait des conséquences importantes pour les pêcheurs car elle pourrait conduire à une baisse spectaculaire de leurs revenus.

En revanche, les rejets profitent directement aux oiseaux marins qui se servent des bateaux de pêche comme nourricerie. En mer du Nord, il a pu être établi que leur population avait fortement crû à cette occasion et qu'elle baisserait sensiblement si les rejets étaient interdits.

* 18 Alberson et al., 1994

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