2. La labellisation éco-responsable

a) Pourquoi labelliser les produits de la pêche ?

La prise de conscience depuis plus d'une dizaine d'années de la situation critique des pêches maritimes a conduit des ONG, des groupes privés et des institutions internationales à promouvoir et à mettre en place une labellisation des produits de la mer.

Cette démarche ressort de principes simples. Les pêches mondiales sont en mauvais état, elles sont souvent mal gérées et peu contrôlées. Les pêches pirates dites « INN », c'est-à-dire illégales, non déclarées ou non réglementées, sont nombreuses et difficiles à éliminer. Cette situation est de mieux en mieux connue des consommateurs qui sont de plus en plus troublés et risquent de se détourner des produits de la mer. Les professionnels de la filière craignent de plus en plus les actions des ONG environnementales et le boycott de leurs produits comme cela s'est déjà produit aux États-Unis pour la légine et le thon dont la pêche provoquait la mort de dauphins et de tortues en grand nombre.

Dès lors, « séparer le bon grain de l'ivraie » en indiquant au consommateur quels sont les produits qu'il peut acheter sans risque de contradiction avec ses convictions citoyennes s'impose comme une voie à suivre.

Les grands groupes industriels sont d'ailleurs les premiers à s'engager dans cette démarche, conscients des risques à moyen et long terme de rupture d'approvisionnement ou de perte de confiance du consommateur à l'exemple de crises dont certains n'ont pu se relever que de longues années plus tard. Pour eux et sans nier à leurs dirigeants un réel engagement en faveur de l'intérêt général, il s'agit, en ayant une démarche pionnière, de prendre un avantage concurrentiel . Les labels sont un puissant outil de montée en gamme, de valorisation d'image et d'augmentation ou de préservation des marges, notamment par rapport à la grande distribution. Ils sont aussi susceptibles de permettre des gains de part de marché par rapport à des concurrents.

Les attitudes de grands distributeurs français et étrangers (Wall Mart) et de grands acheteurs de poisson font également craindre que la certification ne devienne indispensable au référencement.

L'existence même d'un label est perçue aujourd'hui comme un avantage concurrentiel national. Leur développement dans les pays anglosaxons, surtout, mais aussi en Allemagne et en Europe du Nord est un atout vis-à-vis des intervenants étrangers sur leur propre marché ou à l'export.

Ainsi, pour la filière pêche française, l'absence de label national et l'éventuelle dépendance par rapport à des labels étrangers apparaît de plus en plus comme un désavantage croissant .

Les réticences des autorités et de la filière, le manque de prise de conscience des enjeux et de vision stratégique font qu'aujourd'hui la France est en retard par rapport au marché mondial, pouvant placer la filière dans une situation de vulnérabilité .

Cela explique la convergence d'intérêts entre les ONG et les différents acteurs de la filière pêche : organismes de producteurs, armateurs les plus importants, mareyeurs, transformateurs et tous ceux qui sont impliqués dans le commerce international des produits de la mer.

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