(2) Les écolabels existants aujourd'hui en matière de produit de la pêche

Les écolabels existants se partagent en deux grandes catégories : ceux qui sont attribués par des ONG et ceux qui le sont par les distributeurs eux-mêmes.

Le principal écolabel est le MSC ou Marine Stewardship Council. Il certifie 7 % des pêches mondiales. C'est aussi le plus ancien et le seul à répondre véritablement aux exigences de la FAO selon l'Ofimer pour qui il se caractérise par une réelle démarche scientifique et une véritable indépendance et transparence .

Il est le fruit d'une réflexion menée conjointement par Unilever et WWF à partir de 1996 et a été créé en 1999. Il a le statut d'une ONG indépendante et est financé comme tel. 5 % de ses ressources proviennent des revenus fournis par les licences du logo et des entreprises privées. Son siège est au Royaume-Uni.

L'Ofimer n'estime pas fondées les craintes émises à son sujet par les professionnels français : « On reproche également régulièrement à MSC d'avoir été créé par WWF et Unilever et d'en dépendre financièrement. Mais depuis 1999 MSC a élargi son conseil d'administration et son conseil des parties prenantes aux représentants de bien d'autres structures. Ces deux structures fondatrices font désormais partie des donateurs au même titre que beaucoup d'autres ».

La procédure de certification est complexe et très complète. De ce fait, elle est relativement longue et varie entre 5 et 24 mois. Son coût est élevé, compris entre 15.000 (maquereau de ligne de Cornouailles) et 200.000 € (colin d'Alaska). La licence d'utilisation du logo est comprise entre 250 et 2.000 € en fonction du chiffre d'affaires et s'accompagne d'un prélèvement de 0,5 % de celui-ci si le produit est directement vendu au consommateur.

Début 2008, 22 pêcheries étaient certifiées et 18 étaient en cours.

Ce label est le seul a avoir acquis au niveau international une forte notoriété et crédibilité . Le 1 er distributeur américain, Wall Mart , s'est engagé à ne plus s'approvisionner qu'en produits certifiés MSC d'ici à cinq ans. L'entreprise Findus-Foodvest qui est le 1 er groupe de produits de la mer en Europe, représente 10 % des achats mondiaux de cabillaud et 500 millions d'euros d'achat de poissons par an s'est elle aussi engagée dans une démarche progressive de certification par le MSC. Il est aujourd'hui le 1 er acheteur de produits MSC dans le monde. Ses dirigeants font le pari que d'ici à cinq ans, 50 % du marché des produits de la mer seront certifiés.

La notoriété de ce label est encore faible en France. Il est vrai, comme le note l'Ofimer, que l'acronyme « MSC » et la dénomination complète sont peu parlants pour le consommateur français. L'augmentation de sa renommée dépend cependant beaucoup des efforts de communication de la société Findus pour valoriser sa démarche dans notre pays et pourrait évoluer rapidement.

D'autres démarches de certification existent, mais aucune n'atteint l'ampleur du MSC. Elles sont pour la plupart assez récentes (moins de cinq ans) et aucune ne remplit, selon l'Ofimer, le cahier des charges de la FAO, souvent par manque d'indépendance, de sérieux ou de transparence.

Il en est ainsi du label « FOS » pour Friend of the Sea créé en 2006 par une ONG qui était à l'origine du label « Dolphin safe ». Il a un certain écho en Italie.

Le label « KRAV » est d'origine suédoise et date de 2004. Il ne certifie que quelques navires de deux pêcheries.

Le label « Naturland » pour la pêche a été créé en 2007, il a la particularité de s'adresser essentiellement aux pays en voie de développement. Il a été développé par une ONG allemande.

Le second groupe de labels est constitué par les démarches de la filière elle-même.

Dans ce groupe, la labellisation la plus aboutie est celle des Intermarchés et de son armement Scapêche, premier armateur français, qui fait appel à une « seconde partie ». La première espèce concernée est la légine pêchée dans les Terres australes et dont les captures sont étroitement contrôlées par le Muséum national d'histoire naturelle.

Votre rapporteur estime que cette démarche correspond à une authentique vision stratégique de l'entreprise face aux évolutions des pêcheries en Europe. Elle apporte une réelle plus value et est l'un des signes patents d'une demande de la filière d'une plus grande visibilité et d'une collaboration approfondie avec les chercheurs.

Cette tendance est pleinement confirmée par l'enquête qualitative effectuée par l'Ofimer et basée sur le dépouillement de 45 questionnaires. Il en ressort de 95 % des interrogés pensent que les consommateurs sont intéressés par ces labels même si l'acceptation à payer plus n'est pas connue. 70 % des organismes déclarent avoir une réflexion de certification en cours.

Cependant, l'Ofimer se prononce de manière sévère mais réaliste : « Bien qu'il y ait recours à un organisme certificateur, la compatibilité de cette démarche avec les directives écolabel FAO 2005 n'est pas pertinente vu que l'opérateur définit ses propres critères sans faire appel aux parties prenantes. De ce fait, il ne s'agit pas d'un écolabel ».

D'autres distributeurs se sont engagés dans le fléchage de certains produits à leurs clients mais pour l'Ofimer, il s'agit « d'allégations environnementales ». C'est le cas du logo « Pêche responsable » créé en 2004 par Carrefour, « consommer mieux » d'Auchan ou « Produit sélectionné pour une mer préservée » de Casino.

A leur sujet, l'Ofimer estime : « Pour l'ensemble de ces signes, on ne peut pas parler de conformité avec les directives FAO 2005 puisque les opérateurs définissent leurs propres conditions pour apposer leur logo, assorti en général d'une allégation environnementale, et évaluent eux-mêmes la conformité des différentes pêcheries par rapport à ces conditions. Il n'y a donc ici qu'une seule partie qui peut créer un standard, en vérifie la conformité et appose un « signe » : il ne s'agit pas d'écolabels ».

Au final, ces « signes » créent la confusion, brouillent le message et nuisent à la légitimité d'un écolabel. Ils restent soupçonnés d'être plus soumis aux objectifs du marketing que du développement durable, quelles que soient la sincérité des distributeurs, leur volonté de répondre aux attentes des consommateurs et de garantir leurs propres approvisionnements, les coûts non négligeables que représentent ces démarches et l'impact pédagogique auprès de leurs clients en raison de leur force de frappe.

A la lecture de ces éléments, une conclusion s'impose. Notre pays doit choisir entre trois propositions :

- se rallier à un label existant répondant aux critères de la FAO ou en susciter une déclinaison nationale, c'est-à-dire le MSC,

- susciter la création d'un label privé propre à la filière pêche française éventuellement en coopération avec une ONG, ou, enfin,

- créer par décision publique un label .

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