2. Les études sur l'impact agronomique et environnemental

Ces études sont très nombreuses et ont visé, jusqu'en 2008, à caractériser les conditions de la persistance de la chlordécone dans les sols contaminés et à en mesurer les conséquences agronomiques.

a- Les conclusions du groupe d'études et de prospective (INRA CIRAD -2005-2006)

Cet important rapport publié en juin 2006, déjà cité, fait la synthèse des travaux réalisés par les stations locales de ces deux organismes de recherche en :

- évaluant les caractéristiques de la contamination par les organochlorés aux Antilles,

- recensant les connaissances restant à acquérir dans des domaines scientifiques très variés (chimie de la molécule, dynamique de la molécule dans les différents sols, dynamique du transfert entre le sol et la plante, dynamique d'évolution dans la plante, possibilité de phytoremédiation, dégradation microbiologique, amélioration des techniques analytiques, contamination des produits transformés et contamination des produits animaux),

- et, en formulant des propositions d'actions concernant aussi bien les mesures à prendre par les pouvoirs publics, les pistes de reconversion de l'agriculture sur sol pollué, que la programmation des travaux scientifiques à entreprendre.

b- Les travaux sur le comportement de la molécule dans le sol

Il s'agit tout d'abord de cartographie de présence potentielle de chlordécone dans les sols établie conjointement par le BRGM, le CIRAD et l'IRD en 2004, qui croise trois types de données : la présence de bananeraies entre 1970 et 1993, les capacités de rétention des sols concernés et les conditions climatiques. Mais ces cartes ne représentent pas les risques de transferts vers l'environnement et, pour la Martinique, la cartographie n'est pas validée à l'échelle de la parcelle lorsqu'on réalise un diagnostic d'exploitation.

La modélisation du stockage de la molécule dans les sols tropicaux et les premières analyses des modalités de son transfert vers les racines et tubercules a fait l'objet d'une étude entre 2003 et 2006, menée en Martinique. Mais il ne s'agit que d'analyse de résultats, car les mécanismes et les déterminants de la fixation ou de la mobilisation de la molécule n'ont pas été étudiés dans ce programme.

En revanche, celui-ci a mis en lumière deux faits importants.

D'une part, il n'y a pas de contamination entre les parcelles : les parcelles n'ayant jamais reçu de chlordécone n'en contiennent pas. Et, d'autre part, la contamination par diffusion au contact du sol apparaît prédominante pour les légumes-racines.

c)-Les études portant sur les mécanismes de transfert

L'impact de ce transfert sur les ressources aquatiques (eaux de surface, eaux souterraines, faune aquatique) a fait l'objet de plusieurs études qui sont, soit en cours d'exploitation, soit demandent à être reconfirmées sur des aires plus larges.

Des études sont, par ailleurs, en cours sur les mécanismes de transfert vers les produits agricoles pour la mise au point d'outils d'aide à la décision. Ces travaux menés conjointement par l'INRA et le CIRAD ont pour objet d'étudier, cas par cas, les types de contamination des produits agricoles car les organes de stockage de la chlordécone sont différents à la fois suivant les espèces et suivant les parties des plantes concernées (feuilles, fruits, épiderme). Ils ont, en outre, pour objet d'étudier les possibilités de bio-accumulation pour les filières animales en fonction des types de production (chair, oeuf, lait ...).

Enfin, ces études devront déterminer l'innocuité des sous-produits des filières de reconversion des sols pollués qui sont actuellement envisagées (et principalement ceux qui concernent les procédés de transformation pour la filière biomasse).

L'état d'avancement de ces travaux, dont la plupart sont inclus dans le dispositif de « plan chlordécone », sera détaillé au chapitre II.

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