B. FAIRE PREUVE D'UNE VIGILANCE DE TOUS LES INSTANTS EN MATIÈRE DE DETTE PUBLIQUE

Si la crise et les mesures du plan de relance n'auront, en première analyse, qu'un impact temporaire sur le solde, il n'en sera pas de même sur l'endettement, dont l'accroissement massif nécessitera un effort long et soutenu de résorption . Dans ces conditions, une vigilance accrue sur la dette passe aujourd'hui par une correcte anticipation des effets de son augmentation sur les équilibres futurs ainsi que par une amélioration de l'information du Parlement quant aux conditions de son financement.

1. Les enjeux d'une prolifération des titres d'Etat

a) Taux d'intérêt : les Etats dans « l'oeil du cyclone »

Grâce aux interventions des banques centrales, les taux à court et moyen termes ont connu une baisse a priori sans précédent dans l'histoire monétaire récente. Comme le montre le tableau ci-dessous, les taux d'intérêt à 1 an sont passés d'un peu plus de 4 % en mai 2008 à moins de 1 % en mai 2009.

Même si l'on constate en mai 2009 pour les échéances supérieures ou égales à trois ans une tendance au rattrapage, cette situation devrait, compte tenu de l'attitude des banques centrales, perdurer dans les prochains mois. Toute la question est de savoir pour combien de temps.

Un certains nombre d'experts des marchés financiers anticipent ainsi un taux de l'emprunt de référence à 10 ans américain de 3,25 % fin 2009, contre 3,5 % aujourd'hui, ainsi que de 3,0 % contre 3,4 % pour celui de la zone euro.

(en %)

Courbe des taux sur titres d'Etat français

Echéance

5/2008

4/2009

5/2009

3 mois

1

4,088

0,852

0,798

6 mois

2

4,129

0,812

0,829

1 an

3

4,280

0,878

0,868

2 ans

4

4,402

1,388

1,330

3 ans

5

4,368

1,798

1,816

4 ans

6

4,416

2,263

2,393

5 ans

7

4,419

2,590

2,801

6 ans

8

4,407

2,875

3,163

7 ans

9

4,428

3,093

3,378

8 ans

10

4,461

3,350

3,651

9 ans

11

4,516

3,484

3,822

10 ans

12

4,592

3,590

3,953

15 ans

17

4,829

3,964

4,343

20 ans

22

4,903

4,178

4,507

30 ans

32

4,920

4,090

4,514

50 ans

52

4,908

4,076

4,483

Source : Bloomberg

Pour l'instant, selon l'économiste Patrick Artus, les banques ont, compte tenu de la faiblesse de la demande de crédit des entreprises, tendance à investir les abondantes liquidités qu'elles détiennent, en titres publics, parce qu'elles ont le souci d'éviter une consommation supplémentaire de fonds propres . Cette propension empêcherait la hausse des taux longs malgré les déficits publics.

Par ailleurs, les entreprises feraient preuve d'une telle préférence pour la liquidité qu'elles sont prêtes à se contenter d'une rémunération extrêmement faible, voire symbolique, pour conserver la parfaite disponibilité de leurs avoirs. Mais tôt ou tard cette situation exceptionnelle devrait prendre fin.

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