III. BILAN ET PERSPECTIVES DE LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE SECURITÉ ET DE DÉFENSE (PESD)

A. BILAN DE LA PRÉSIDENCE TCHÈQUE DE L'UNION EUROPÉENNE ET DE LA PRÉSIDENCE ALLEMANDE DE L'UEO

Intervention de M. Vaclav Klaus, Président de la République tchèque

Le Président de la république tchèque a tenu à rappeler dans ses propos liminaires la spécificité de l'UEO, organe intergouvernemental dénué d'ambition supranationale. L'Assemblée de sécurité et de défense, composée d'élus des pays membres, ne souffre pas à ses yeux du déficit démocratique traditionnellement associé aux autres institutions européennes. Selon le Président tchèque, l'Assemblée de l'UEO poursuit une double mission : d'une part aider à la suppression d'obstacles entre l'Union européenne et l'Otan et d'autre part, informer les parlements nationaux sur l'évolution de la PESD. L'Otan demeure en matière militaire l'institution de référence, l'idée d'une défense européenne autonome n'est, dans ce cadre, pas viable.

Les nouvelles menaces, qu'elles soient iranienne, nord-coréenne ou terroriste impliquent de nouveaux défis en matière militaire qu'il appartient à l'Europe de relever. Les capacités militaires sont, à cet égard, un véritable enjeu. Le retour de la France au sein des structures atlantiques apparaît, à ce titre, comme un signe fort du renouvellement de l'engagement français en faveur de la sécurité européenne.

La présidence tchèque de l'Union européenne a été marquée par de nombreuses crises : au Proche-Orient, entre l'Ukraine et la Russie ou en Corée. Chacune d'entre elles ont permis à la diplomatie européenne d'oeuvrer en faveur d'une baisse des tensions. Les échanges avec l'hémicycle ont confirmé l'ambition que M. Klaus assignait à l'Union européenne en Afrique ou au sein des Balkans occidentaux en vue de la consolidation de la paix.

Interrogé par l'Assemblée sur son hostilité au traité de Lisbonne, le président tchèque a tenu à souligner son refus de solutions imposées par une entité supranationale, sans mandat clair des citoyens. Il a rappelé sa volonté de poursuivre le processus d'intégration européenne. M. Jean-Claude Mignon (Seine-et-Marne - UMP), président de la délégation française, l'a, à cet égard, interrogé sur les conséquences du Traité de Lisbonne sur l'UEO :

«Le Traité de Lisbonne n'est toujours pas ratifié. Nous attendons tous le référendum irlandais, qui sera capital. En cas de victoire du « oui », votre pays envisagera-t-il de ratifier le Traité de Lisbonne ?

Par ailleurs, si le Traité entre en vigueur, comment voyez-vous le rôle de l'UEO en matière de défense européenne : considérez-vous qu'elle conserve une importance essentielle du fait des obligations qui découlent pour ses Etats membres du Traité de Bruxelles modifié, bien plus contraignantes que celles prévues par le Traité de Lisbonne ?»

M. Klaus a indiqué son scepticisme quant à l'avenir de l'UEO en cas de ratification dudit Traité :

« En ce qui concerne la ratification du Traité de Lisbonne par la République tchèque, je ne suis pas venu ici pour donner une conférence de presse. Je ne ferai donc aucun commentaire sur cette question.

Quant à la ratification du Traité de Lisbonne par l'Union européenne, je répète que celle-ci a tout à y perdre, tout comme d'ailleurs l'UEO, dont le rôle s'affaiblira dans le cadre d'une Europe rendue plus monolithique. Ceci n'est pas un jugement mais une simple description des faits.

Le Traité de Lisbonne est un texte difficile à comprendre. Il est facilement compréhensible à condition d'y mettre de la bonne volonté et de ne pas se laisser troubler par sa forme rebutante et complexe ! »

Opposée à la conception européenne du président tchèque, Mme Josette Durrieu (Hautes-Pyrénées - SOC) a souhaité l'interroger sur les relations entre l'Union européenne, la Russie et les États-Unis dans le domaine militaire :

« Je ne suis pas du tout d'accord avec vos propos. Si l'Europe est un continent en paix, c'est parce qu'elle est unie. Ce n'est pas le fruit du hasard, mais de la volonté des hommes et des femmes. Je crois qu'il est temps qu'on entende aussi notre propos dans cet hémicycle !

J'aurai deux questions à poser.

Premièrement, M. le Président, votre présidence est arrivée en même temps que celle du Président Obama : avez-vous senti, avez-vous cherché à sentir s'il y avait un infléchissement dans le cadre du nouveau concept de l'OTAN faisant une place à une défense européenne autonome ?

Deuxièmement, en ce qui concerne les nouvelles relations avec la Russie, quel type de partenariat est possible après la crise de Géorgie - qui laissait supposer à quel point nous avons besoin d'une défense européenne autonome dans le cadre de ce partenariat réel dont vous avez fait la priorité de votre présidence ? »

Selon M. Klaus, la question de la défense européenne n'est pas au centre des préoccupations américaine et russe.

« Au cours du Sommet qui s'est tenu entre l'Union européenne et la Fédération de Russie, la question de la nouvelle architecture de sécurité européenne n'a absolument pas été abordée. Il est probable que le Président russe n'a pas varié de position. Lors de ce sommet, les discussions ont essentiellement porté sur la nouvelle charte énergétique.

Lors des entretiens bilatéraux que j ai eus avec le Président Obama, le sujet d'une politique de défense européenne autonome n'a pas été évoqué. Ce serait d'ailleurs une grave erreur : l'OTAN doit rester l'organisation majeure pour la politique européenne de défense.»

Cette conception eurosceptique n'a pas été sans susciter un certain nombre d'interrogations au sein de l'hémicycle, tant l'alignement sur la politique étrangère américaine semble à rebours des ambitions initiales de l'UEO.

Discours de S.E. M. Clemens Von Goetze, Représentant permanent de l'Allemagne au Conseil de l'UEO/Comité politique et de sécurité de l'UE, représentant M. Frank-Walter Stenmeier, Ministre fédéral des Affaires étrangères, Chancelier adjoint : le bilan de la présidence allemande de l'UEO

L'intervention de la présidence allemande s'est limitée à des observations de principe sur le fonctionnement de la PESD, le représentant de la présidence allemande insistant notamment sur la réévaluation nécessaire de la stratégie européenne de sécurité au regard de nouvelles menaces. Le rapport présenté par le Haut Représentant / Secrétaire général sur la mise en oeuvre au Conseil européen de décembre dernier cite à cet égard la dissémination d'armes de destruction massive, le terrorisme, la criminalité organisée, la sécurité énergétique, le changement climatique, la piraterie en mer, la prolifération des armes légères et de petit calibre ou encore la sécurité sur internet.

De tels défis impliquent une adaptation des structures de commandement, un renforcement des capacités et la mise en oeuvre de véritables combinaisons d'expertises civiles et militaires, de la conception d'une mission jusqu'à son exécution.

A l'initiative de la présidence française, l'Union européenne a adopté une déclaration complète sur le développement des capacités, prévoyant la mise en place d'une direction de gestion de crise et de planification pour les missions civiles et militaires . A côté de ces modifications organisationnelles, l'Union européenne entend favoriser la formation, le développement et l'acquisition d'équipements d'armements. Concernant les équipements, un accent devra notamment être porté sur l'acquisition d'hélicoptères et la formation des pilotes. Dans le domaine civil, l'Union européenne entend favoriser la disponibilité immédiate de personnels pour les détachements à l'étranger, qu'il s'agisse de police, de justice et d'administration.

La ratification du Traité de Lisbonne constitue, aux yeux de la présidence allemande de l'UEO, une indéniable opportunité dans le domaine de la PESD. Le nouveau rôle dévolu au Haut représentant en est un exemple. Il assumera désormais la présidence du Conseil relations extérieures, mettant fin au principe de la présidence tournante. La clause d'assistance et de solidarité ou le développement de coopérations structurées permanentes témoignent également d'une nouvelle ambition en la matière.

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