CONCLUSION

Le Moyen-Orient est compliqué. Mais pas plus que l'Europe. Et contrairement à elle, il est en évolution rapide tout à la fois démographique, culturelle, économique et politique.

Certes, il y au Moyen-Orient des zones de fragilité. Le Yémen, l'Irak et le Liban en font partie. Des interrogations subsistent : Al-Qaïda, l'Egypte, la Syrie. Mais des évolutions positives se font jour en Arabie saoudite et presque partout dans le Golfe. La Jordanie comme le sultanat d'Oman font peu parler d'eux, sinon en bien. Hegel prétendait que les peuples heureux n'ont pas d'histoire.

Nos concitoyens ont de cette région du monde une vision parfois approximative, fondée sur une histoire mal connue et faite de jugements à l'emporte-pièce. Nous voyons ses peuples et leur culture comme irrémédiablement différents de nous, notamment à cause de la religion, dimension à laquelle nous les réduisons trop souvent et qui masque une recherche de leur identité. En Europe aussi, la religion a été identitaire et a façonné l'histoire de notre continent en y laissant des marques de fer et de sang. Les tensions entre les chiites et les sunnites sont-elles si différentes de celles qui existaient entre les catholiques et les protestants ?

Le Moyen-Orient est à la même distance de l'Europe que l'Est la Russie. Son histoire est liée à la nôtre bien plus que celle de l'Asie. Son futur nous concerne plus directement que celui de l'Amérique du Sud ou de l'Océanie. Ce serait une faute de s'en désintéresser.

Car si l'Occident se révèle incapable d'assurer un avenir au peuple palestinien, l'Orient lui en tiendra rigueur, tant il ne voit en lui que le protecteur d'Israël. Si l'Occident se révèle incapable d'éviter que le programme nucléaire iranien ne débouche sur un arsenal militaire, alors la nucléarisation de l'entière région est presque certaine, ce qui ne sera pas un facteur de stabilité.

Au Moyen-Orient, les Etats-Unis incarnent cet Occident. Ils y sont du reste omniprésents, mais leur image est trouble. Détestée sous Georges W. Bush, l'Amérique séduit avec Barack Obama. Ce nouveau Président tient entre ses mains une partie importante de la solution concernant le conflit israélo-palestinien et l'Iran. Mais seul, il n'arrivera pas à imposer la paix. Les Européens peuvent l'aider s'ils se décident enfin à faire jouer à l'Union son rôle de grande puissance.

Les deux problèmes -la Palestine et l'Iran- ne sont pas liés, mais ils se nourrissent l'un l'autre et servent d'alibi à la procrastination. L'intérêt de l'Europe est d'oeuvrer de concert avec les Etats-Unis afin de trouver, dans l'un et l'autre cas, un règlement pacifique.

De la même façon, il importe de ne pas laisser le Yémen tomber dans l'anarchie et d'accompagner l'Irak dans sa difficile renaissance.

Puisse ce rapport contribuer à relever ces défis diplomatiques.

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