V. FALLAIT-IL PASSER DES COMMANDES AUSSI IMPORTANTES ?

1. La décision de commander un nombre aussi important de vaccins a été prise à un moment où l'on ne disposait pas de données sur l'ampleur de la crise

A-t-on pris trop de précautions, ce qui a conduit à des dépenses trop importantes ?

Les décisions ont été prises après des échecs dans la réactivité des autorités sanitaires par le passé (Katrina aux Etats-Unis, canicule en France).

Les autorités sanitaires ont été conseillées par des virologues et épidémiologistes plus que majoritairement fervents promoteurs des vaccinations. Elles ont craint que la pandémie ne soit très forte et que ses conséquences soient sévères, tant pour les individus que pour la société. Elles ont estimé préférable de commander un nombre important de vaccins, de masques, de tests, d'antiviraux afin de pouvoir écrêter le pic pandémique et de vacciner tous ceux qui le souhaiteraient. La situation a néanmoins été différente de ce qui avait été craint.

La pandémie s'est répandue de manière moins rapide que prévu. C'est heureux, car les autorisations de mise sur le marché dans l'Union européenne sont intervenues tardivement et plus tardivement qu'aux Etats-Unis. Le rythme de production des vaccins a de même été plus lent que prévu.

Il en résulte qu'une partie des vaccins ne sera pas utilisée, soit pour des raisons techniques (dépassement de la date de péremption), soit par faiblesse de la demande par rapport aux prévisions.

Une question importante doit cependant continuer de nous préoccuper : quelle situation aurions-nous dû gérer si la pandémie avait été plus grave et si le virus s'était répandu plus rapidement ?

Les sommes dépensées doivent en fait être comparées avec celles qui auraient été nécessaires en cas de forte pandémie. Ce raisonnement est certes inhabituel. Il peut être difficile à comprendre, mais c'est un raisonnement typique en santé publique.

L'impossibilité de connaître par anticipation la gravité de la pandémie permettait-elle de faire des choix plus souples et mieux adaptables dans le temps ?

L'observation des effets du virus sur l'hémisphère Sud ne permettait-il pas une vision moins catastrophiste des choses ?

2. La décision a été prise alors qu'on ne savait pas combien il faudrait de doses

Pendant plusieurs mois, les virologues ont estimé que deux doses seraient nécessaires, tout en menant des études pour savoir si cette hypothèse était correcte. Ces études ont porté sur la qualité de la réponse des anticorps, 21 jours après la vaccination, chez des sujets d'âge différent.

Le résultat de ces études a été connu courant septembre aux Etats-Unis : les essais cliniques montraient qu'une seule dose du vaccin produit par Sanofi Pasteur aux Etats-Unis était suffisante. Les autorités américaines ont attendu la fin du mois pour en tirer les conséquences. Les autorités européennes ne se sont prononcées que fin novembre, soit quatre mois après la date de passation des commandes de vaccins.

Ce résultat sur l'efficacité d'un vaccin à une dose a été confirmé par une étude menée parallèlement et indépendamment par l'Institut national de l'allergie et des maladies infectieuses, le NIAID, l'un des National Institutes of Health (NIH).

En Europe, Sanofi Pasteur a fait des essais comparables avec son vaccin adjuvanté Humenza. Les essais cliniques réalisés en France et en Finlande depuis le 18 août ont démontré qu'une seule dose de ce vaccin monovalent contre la grippe A(H1N1) induisait une forte réponse immunitaire chez les enfants de trois ans et plus, ainsi que chez les adultes.

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