II. LE RÉSEAU DE LIGNES À HAUTE ET TRÈS HAUTE TENSION EN FRANCE

Pour éclairer le débat scientifique sur les effets potentiels des champs électriques et magnétiques d'extrêmement basses fréquences sur la santé et l'environnement, il est souhaitable :

- de présenter succinctement le rôle du réseau de transport d'électricité et son développement futur,

- de préciser ce que peut apporter l'enfouissement, compte tenu des réticences suscitées par les projets de lignes aériennes, pour diminuer le champ magnétique,

- et, enfin, de s'interroger sur les méthodes susceptibles de conduire à un plus large consensus sur les projets d'infrastructures de distribution d'électricité.

A. LE RÔLE DU RÉSEAU ET SON DÉVELOPPEMENT

Un réseau de lignes à haute et très haute tension n'existe pas pour lui-même, ex nihilo . Il a un mission de transport et de distribution de l'électricité des zones de production - le plus souvent des sources centralisées - vers des zones de consommation, le plus souvent distinctes et éloignées - les grandes villes ou les régions faiblement productrices. Il est donc le fruit d'une histoire et d'une vision du développement de notre société .

Le réseau en France, comme à l'étranger, s'est développé en réponse à une demande croissante d'électricité . Il a de plus une fonction de sécurisation de l'approvisionnement. Enfin, il doit poursuivre son adaptation pour répondre aux projets de développement économique et social, à l'évolution des zones de production et de consommation et aux nouvelles exigences sociétales.

1. Le réseau de transport en France

Il y a en France environ 80 000 km de lignes à haute et très haute tension. C'est le plus important réseau à haute tension d'Europe .

On parle de haute tension pour les lignes à 63 et 90 kV et de très haute tension pour les lignes à 150, 225 et 400 kV.

Ces lignes sont reliées au réseau de distribution par 2 350 postes sources de transformation qui répartissent le courant vers le réseau ERDF à 20 000 V et les 156 entreprises locales de distribution (ELD).

a) Une histoire nationale

Le réseau à haute tension a très tôt été identifié dans notre pays comme un « service public » justifiant l'intervention de l'État 2 ( * ) .

Dès 1922, la mise en place des lignes à haute tension fait l'objet d'une loi qui règlemente leur installation et donne des prérogatives aux compagnies dans l'intérêt public.

Le Front populaire crée, en juin 1936, un sous-secrétariat d'État à l'électricité et aux combustibles solides, confié à Paul Ramadier qui a pour objectif de lancer un programme d'interconnexions nationales. En 1938, Édouard Daladier confirmera cette action par le lancement d'un programme quinquennal d'investissement.

De manière quelque peu surprenante, le développement du réseau ne sera pas freiné par l'occupation et la seconde guerre mondiale. En 1945, la France est dotée du réseau à haute tension le plus dense du monde. De 1923 à 1946, le réseau à très haute tension est passé de 899 km à 12 403 km .

La nationalisation des entreprises de production et de transport d'électricité est décidée le 8 avril 1946. 93 entreprises de transport sont concernées. Elle permet notamment l'uniformisation des normes : adoption des 225 kV puis du 400 kV et du 50 Hz , décisions qui structurent aujourd'hui le réseau.

Le développement du réseau 400 kV se fait à partir des années 1960, cette norme étant devenue un standard européen pour les interconnexions transfrontalières.

* 2 Source : site Internet RTE.

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