B. DÉBAT AVEC LA SALLE

Mme Ghislaine FILLIATREAU, directrice de l'Observatoire des sciences et techniques (OST)

Quelques questions dans la salle, des remarques, en levant rapidement la main.

M. Denis JÉRÔME, directeur de recherche à Paris Sud-Orsay

Le titre est « Oublier Shanghai » et le remplacer éventuellement par un classement européen ou un travail européen. Est-ce que c'est vraiment là la vraie question qui doit se poser ? Est-ce qu'on ne doit pas se pencher plutôt sur les critères utilisés pour établir ces classements, qu'ils soient Shanghai, Bruxelles ou autres. Actuellement, pour les classements actuels, on met beaucoup trop de poids sur la couverture, sur le contenant par rapport au contenu. Vous achetez des oranges, ce ne seront que des oranges. Si vous les achetez chez Fauchon, ce sera très prestigieux mais pouvez avoir exactement les mêmes sur le marché d'Aligre. En gros, cela revient à cela. Ce qui m'inquiète beaucoup, car quand on regarde les critères utilisés par Shanghai, il y a 30 % du poids de ces critères qui reposent sur une publication dans Nature ou Science . En général, les prix Nobel ont été attribués de manière justifiée. Mais à côté d'un prix Nobel, vous avez cinq ou dix personnes qui ont pratiquement aussi mérité ces prix Nobel mais elles ne sont pas élues parce qu'au prix Nobel, il n'y a qu'une seule personne. Là, il y a des raisons politiques. On y attache beaucoup trop de poids et c'est le défaut des classements.

Il faut, dans l'évaluation qui permet de faire ces classements, avoir recours au quantitatif. Nous nous sommes penchés sur l'utilisation de la bibliométrie justement pour l'évaluation des enseignants-chercheurs et des chercheurs. Le quantitatif est un outil très utile, mais il ne doit pas être un outil de décision. Il doit être un outil qui engage la réflexion. Ce n'est pas forcément le chercheur qui a le meilleur indicateur un temps donné qui est réellement le meilleur chercheur. L'aspect dynamique est très important. Actuellement, avec la puissance des bases de données, l'information est parfaitement accessible à tout le monde quasi gratuitement. Le quantitatif peut aider à la réflexion, mais la décision doit être prise par des comités d'experts scientifiques qui sont les seuls capables de juger de ces classements.

Je peux conclure en disant que ces réflexions ont fait l'objet d'un an de discussions à l'Académie, réunissant toutes les disciplines scientifiques de l'Académie. C'était un groupe de travail extrêmement actif qui a fait un rapport qui a été remis à Mme la ministre en juillet dernier et dans lequel on essaye d'établir un code de déontologie, de bonnes pratiques pour l'évaluation. Ce rapport est d'ailleurs accessible sur le site de l'Académie des sciences soit en français, soit même en anglais.

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