2. Les limites d'un texte de loi

Les appels à l'élaboration d'un texte de loi pour lever toute ambiguïté concernant les pratiques autorisées au moment de la fin de vie et affirmer un droit à l'euthanasie doivent en outre répondre à deux difficultés.

La première, rappelée par le professeur Sadek Beloucif, est qu'un texte de loi ne résoudrait pas le débat qui agite la société. Le risque est celui d'une multiplication de contentieux coûteux et humainement destructeurs, comme en a connu l'Etat de l'Oregon, lequel a pour cette raison finalement préféré revenir sur sa législation autorisant l'euthanasie. Il importe cependant de noter que la loi belge et le système de contrôle mis en place, a priori par les médecins et a posteriori par une commission nationale, semblent avoir à ce jour prévenu les contentieux et avoir été rapidement acceptés socialement.

Une deuxième difficulté concerne ceux qui ne peuvent se prévaloir de la liberté actuelle de se suicider. Ceux qui souffrent d'un handicap ou d'une maladie chronique handicapante et sont dans l'incapacité physique de mettre fin eux-mêmes à leurs jours, mais ne sont pas en fin de vie, n'ont, dans aucun pays européen, le droit de demander à un médecin de prescrire un produit létal ou de pratiquer une euthanasie. C'est pourtant pour eux que se pose avec le plus de force la question d'un droit à l'euthanasie, susceptible moins d'accélérer leur mort que de leur offrir la perspective de garder le plus longtemps possible une forme de maîtrise sur leur existence et sur le corps contre lequel ils doivent souvent lutter pour vivre. Si l'euthanasie est reconnue comme un droit, qu'est-ce qui peut justifier de les en exclure, et s'ils doivent être inclus ne faudrait-il pas, de proche en proche, inclure dans le droit à l'euthanasie tous les désirs de suicide ?

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